Coviplasm : donner de soi contre la Covid-19
Le « Coviplasm », sous étude clinique, tente de guérir des personnes atteintes de Covid-19 grâce au don de plasma de personnes porteuses d’anticorps.
(Anouchka Braig) – Habituée du don de plasma, je n’avais pas eu la possibilité de retourner à l’Etablissement Français du Sang (EFS) depuis ma guérison de la Covid-19 et ma vaccination. Ravie de pouvoir à nouveau réaliser cet acte solidaire et citoyen, quelle ne fut pas ma surprise lorsqu’on m’a annoncé que j’étais « éligible au plasma Covid ». Après quelques questions, la remise d’une plaquette d’information et le recueil de mon consentement, je suis prête à donner mon plasma pour guérir des personnes atteintes de Covid-19.
Le 7 avril 2020, une étude clinique, appelée « Coviplasm », a débuté. Conduite par les Hôpitaux de Paris (APHP), avec le soutien de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), elle est menée notamment par l’EFS Grand-Est.
Le principe repose sur l’utilisation des anticorps présents dans le plasma. Les micro-organismes viraux sont neutralisés et éliminés par les anticorps, dont ils sont la cible spécifique. Il s’agit, dans cette étude, de vérifier si, en administrant le plasma d’une personne ayant des anticorps anti-covid-19, il est possible de guérir les personnes atteintes par la maladie. La transfusion de plasma, porteur d’anticorps donnés, est déjà utilisée efficacement contre le virus Ebola par exemple, ou alors le virus responsable du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS). Le virus de la Covid-19 est un membre de la famille du SRAS.
Du « plasma de convalescent » est ainsi administré à des personnes souffrant de Covid-19, afin de stimuler leur système immunitaire à produire les anticorps requis. Les personnes immunodéprimées sont également un public visé : dans ce cas, il s’agirait d’un pur apport d’anticorps, leur propre corps n’étant pas ou plus en capacité de les fabriquer.
Si la transfusion de plasma semble fonctionner pour les personnes immunodéprimées, selon un hématologue de Villejuif, de nombreuses études réalisées depuis plus d’un an, s’accorderaient pour conclure que le « plasma convalescent » est inefficace pour traiter le virus de la Covid-19.
Face à ces conclusions, pourquoi l’EFS continue-t-il à prélever du plasma de personnes convalescentes ? En réalité, l’étude est toujours en cours, ce sont les conditions pour être donneur qui ont changé. Là où, auparavant, il suffisait d’avoir contracté le virus de la Covid-19 pour devenir donneur dans le cadre de l’étude, le public cible est désormais plus spécifique.
Outre les conditions nécessaires pour faire un don de plasma classique, être un donneur pour Coviplasm requiert : d’avoir contracté le virus, d’avoir été symptomatique, et d’être vacciné. Ces deux dernières conditions n’étaient pas nécessaires auparavant. Les résultats de la poursuite de l’étude ne sont pas encore connus, mais les scientifiques espèrent qu’avec des donneurs plus ciblés, et possédant un maximum d’anticorps, les transfusions seront efficaces pour traiter le virus de la Covid-19.
« L’étude n’est pas terminée », me précise un médecin de l’EFS. « Nous continuons les prélèvements, nous n’en savons pas plus pour le moment. Ce qui a changé, c’est que nous prélevons seulement des personnes vaccinées qui ont guéri de la Covid-19. Si on voit que ça ne marche pas, on arrêtera. » Il semble rester un espoir, même minime, pour que le plasma de convalescent puisse guérir les personnes hospitalisées en raison d’une atteinte modérée à sévère par la Covid-19.
Pour rappel, des milliers d’autres personnes ont besoin chaque jour de nos dons. L’EFS estime qu’elles nécessitent chaque jour 10.000 dons de sang, 1.500 dons de plasma, et 500 dons de plaquettes. Le pass sanitaire n’est pas requis pour faire un don n’entrant pas dans l’étude, et il n’est pas nécessaire de respecter un délai d’attente en cas de vaccination récente contre la Covid-19 !
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