Crise en Grèce : comment sauver la Grèce sans perdre la face ?

Les responsables européens veulent éviter d’entrer dans les livres d’histoires comme ceux ayant sonné le glas de l’Union Européenne. Mais comment s’y prendre sans perdre la face ?

On ne dirait pas comme ça, mais Varoufakis est allé assez loin dans les compromis avec l'UE. Foto: Jörg Rüger / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Rarement, on a assisté à autant d’activités diplomatiques un dimanche soir et un lundi matin. Les téléphones n’arrêtaient pas de sonner, les fax (si, si, ça existe encore…) tournaient sans cesse et tout le monde, autant la Grèce que le FMI que l’Eurogroupe que les instances européennes s’appliquaient à éviter le pire. Mais en vue des déclarations d’Angela Merkel avant son départ pour Bruxelles où hier soir, elle participait au «sommet spécial», n’étaient peu encourageantes. «Il ne faut pas s’attendre à des résultats, si la BCE, la Commission Européenne et le FMI ne donnent pas une recommandation claire – dans ce cas, le «sommet spécial» ne peut être qu’une rencontre consultative», a-t-elle déclaré.

Les responsables européens ont perdu beaucoup trop de temps à rouler les mécaniques, en s’insultant mutuellement, à reporter les décisions. La Grèce s’écroule, criblée de dettes que le gouvernement grec actuel n’a même pas contracté, et les institutions européennes ont essayé pendant trop longtemps de déstabiliser le gouvernement grec qui, se positionnant radicalement à gauche, dérange les bons conservateurs qui sont au pouvoir ailleurs en Europe. Mais que faire ? La proposition d’Angela Merkel n’est pas convaincante – «il y aura encore la possibilité de prendre des décisions après lundi soir, tout en appliquant le principe ‘solidarité si nous voyons que les autres s’appliquent également’». Donc, elle jongle déjà avec l’option de reporter une nouvelle fois la décision qui s’impose – le «haircut», donc, l’annulation de la dette grecque.

La Grèce, elle, a soumis de nouvelles propositions qui vont dans le sens des créanciers, mais qui ne suffiront probablement pas pour apaiser les Schäuble, Dijsselbloem & Cie. qui eux, se comportent comme s’ils se trouvaient sur une sorte de croisade contre le gouvernement de gauche à Athènes. Voici les propositions faites par la Grèce :

La TVA serait augmentée – pour des aliments de base comme le riz ou des pâtes de 13 à 23% ; dans l’hôtellerie de 6,5% à 13% et dans la gastronomie de 13 à 23%. Une taxe supplémentaire sera introduite pour les salaires dépassant les 30.000 € annuels, tout comme une taxe spéciale pour les entreprises ayant réalisé un bénéfice supérieur 500.000 € en 2014. Autres mesures – les contributions salariales et patronales aux caisses sociales seraient augmentées de 2%, les départs en retraite anticipés seraient massivement limités et les taxes sur l’immobilier que la Syriza voulait abolir, sera maintenue. L’ensemble des mesures devrait rapporter 5 milliards d’euros pendant les 18 mois à venir.

Quelle honte – à regarder ces mesures, on constate qu’ils sont le fruit d’un chantage massif de la part des créanciers. La Syriza doit imposer des mesures que ses électeurs ne lui pardonneront pas et on ne peut pas s’empêcher de penser que c’est le but recherché. Augmenter la TVA sur des aliments de base ? Inutile de réfléchir sur le dos de qui ses mesures seront introduites – ce sont, comme toujours, les plus démunis qui devront porter le plus gros de ces mesures. Et – en augmentant la TVA sur l’hôtellerie et la gastronomie, le gouvernement grec doit mettre un frein massif au dernier secteur économique qui peut encore sauver le Grèce, le tourisme. Si on peut comprendre l’idée de faire contribuer les touristes au sauvetage de la Grèce, force est de constater que les touristes en provenance des autres pays européens subissent également des pressions économiques et risquent de se tourner davantage vers des destinations moins onéreuses, telle la Bulgarie ou la Turquie. A la longue, ces mesures destinées à maintenir la solvabilité de la Grèce vis-à-vis des marchés financiers, pourrait empêcher toute relance en Grèce. Pas très futé.

Les négociations se poursuivront à Bruxelles jusqu’à la nuit – demain on en saura plus…

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