Crise en Grèce – Wolfgang Schäuble montre ses dents

Avant le vote sur les nouvelles «aides» pour la Grèce au Bundestag, Wolfgang Schäuble formules des menaces en direction d’Athènes. Il n’arrêtera pas…

Le vote mercredi au Bundestag est une pure formalité. On y scellera la crise en Grèce pour les générations à venir. Foto: Eurojournalist(e)

(KL) – Mercredi, le Bundestag votera le nouveau «paquet d‘aides» pour la Grèce. Hormis une terminologie que l’on devrait questionner («aides», «réformes» etc.), Schäuble s’adresse à la Grèce comme à un jeune délinquant : «Les réformes doivent maintenant mises en œuvres point par point. Nous allons garder un œil attentif là-dessus». Décidemment, Schäuble continue sa croisade contre le gouvernement de gauche au pouvoir à Athènes et il n’arrêtera pas avant que la Syriza ne perde le pouvoir. Ce faisant, il se fiche de ce que peut dire le FMI ou un grand nombre de Prix Nobel qui réclament tous une réduction substantielle de la dette grecque. Mais Schäuble veut le scalpe d’Alexis Tsipras.

Il ne fait nul doute que ce troisième paquet sera adopté mercredi par le Bundestag – la «Grande Coalition» CDUSPD y dispose d’une telle majorité que même les environ 60 députés de la CDU qui s’opposent à ce paquet, ne pèseront pas lourd dans la balance. Mais ce vote de mercredi constitue une excellente occasion pour Schäuble de jouer une nouvelle fois au maitre d’école qui se croit obligé de discipliner un élève turbulent.

Pourtant, le FMI a déclaré ne vouloir participer à de nouvelles «aides» qu’à condition que la dette de la Grèce soit réduite. Car la croissance et la reprise de la conjoncture en Grèce, conditions indispensables pour que la Grèce puisse à la fois rembourser des dettes ET redémarrer, ne peuvent se réaliser qu’à condition que cette dette soit ramenée à un niveau réaliste. Les postulats de l’Eurogroupe, tout comme les projections d’une croissance annuelle en Grèce, relèvent plus d’un rêve que des réalités. Tout le monde sait que la Grèce est à terre, que la situation économique et sociale en Grèce est catastrophique et les nouveaux crédits à hauteur de 86 milliards d’euros serviront avant tout au remboursements d’anciennes dettes – le cercle vicieux continue donc aussi avec ce troisième paquet, sans que la Grèce ait une réelle chance de se relancer. Ce qui ne semble pas du tout affecter la position de Wolfgang Schäuble qui, un peu embêté par le FMI et sa position réaliste, se fiche des réalités en Grèce.

Et sa politique devient perfide. En déclarant son respect à la politique désespérée menée par Alexis Tsipras qui est en train de perdre le soutien de son propre parti, obligé sous la menace de mener une politique digne d’un Antonio Samaras, il poursuit sa division de la Syriza qui ne saura éviter des élections anticipées. Des élections dont Schäuble espère qu’elle feront revenir les conservateurs de la Nea Democratia au pouvoir.

En même temps, Wolfgang Schäuble excelle dans la politique intérieure. En continuant de mettre la Grèce sous pression, il tente de «récupérer» les quelque 60 députés CDU qui refusent de voter, pour des raisons diverses, pour ce nouveau paquet. A croire que la chancelière ait laissé les commandes du gouvernement allemand à son ministre des finances.

La position de Wolfgang Schäuble s’explique par les gains extraordinaires que cette crise en Grèce offre au budget allemand. Une réduction de la dette grecque réduirait également les possibilités allemandes de profiter de cette crise qui a déjà apporté, depuis 2010, la somme de 100 milliards d’euros dans les caisses allemandes. Pourquoi changer un système aussi lucratif ?

La diction est terrible. «Après des négociations difficiles, la Grèce a fini par comprendre qu‘elle ne pourra pas éviter de vraies réformes profondes», a-t-il déclaré dans une interview à son média de propagande préféré, la BILD. Ces réformes, ce sont de nouvelles coupures saignantes dans un système social qui n’existe plus que sur le papier. En réalité, autant la couverture médicale que le marché de l’emploi se sont écroulés en Grèce et ce sont les plus démunis qui doivent, une nouvelle fois, porter tout le poids de ces nouvelles mesures.

La Syriza est divisée et Alexis Tsipras a déjà annoncé un vote de confiance pour ce mois d’Août – personne ne connait pour l’instant l’issue de ce vote. Mais ces «vraies réformes» ajouteront une crise constitutionnelle aux crises économique, sociale et humanitaire dont souffre la Grèce. Si la Syriza devait perdre le pouvoir à Athènes, Wolfgang Schäuble pourra partir tranquillement à la retraite. Il aura réussi le plus grand coup de sa carrière politique – la destruction de l’idée d’une Europe solidaire et humaniste.

2 Kommentare zu Crise en Grèce – Wolfgang Schäuble montre ses dents

  1. Bravo Kai ! Excellente analyse !

  2. Merci Gérard, et à bientôt, j’espère !

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