Croatie : émergence d’un parti vert prometteur

La société civile d’Europe orientale bouge et bougera !

Mozemo ! Une plateforme prometteuse Foto : Mozemo ! /Wikimédia Commons/CC-BY-SA/PD

(Marc Chaudeur) – Dimanche dernier, élections législatives en Croatie : le parti conservateur HDZ, fondé au début des années 1990 par le fameux Franjo Tuđman, l’a emporté sur le SDP social-démocrate. Mais un mouvement est en train de monter sérieusement : Možemo (Nous pouvons ! We Can !) une plateforme écologiste et progressiste. On aimerait que cette ascension dans les votes traduise le réveil de la société civile que nous espérons et voyons arriver lentement depuis quelques années maintenant. En même temps qu’une sensibilité accrue aux problèmes de l’environnement et de la réappropriation de l’espace public, notamment en ville. Et Možemo est soutenu par Pamela Anderson et Jane Fonda, c’est vous dire !

Možemo, c’est une coalition de 5 petits partis écologistes et de gauche : OraH (Développement durable croate),Nouvelle Gauche (Nova ljevica), Front ouvrier (Radnička fronta), Zagreb est à nous (Zagreb je NAŠ), et Pour la Ville (Za Grad). En Croatie, c’est le bipartisme qui tient la vie politique : HDZ conservateur contre (?) SDP de centre gauche. Le pays connaît une mauvaise situation économique, aggravée par la pandémie qui nuit beaucoup notamment au tourisme cette année (18,4 % du PIB il y a 2 ans, beaucoup moins en 2020). Inquiétant. Et un degré de corruption très élevé, et la passivité des citoyens semble pesante.

Et pourtant, les choses bougent, surtout dans la capitale Zagreb ; beaucoup de citoyens sont déterminés à réagir et donc aussi à agir dans les domaines civique, environnemental et urbain : il s’agit de rendre le goût de l’initiative citoyenne à ce pays toujours menacé d’être freiné dans ses élans par un nationalisme puissant et conservateur. Dont la figure de proue très caricaturale a été, lors des élections du 5 juillet, le chanteur « de charme » Miroslav Škoro.

La passivité des citoyens a été secouée pour beaucoup d’entre eux lors du séisme du 22 mars : ils ont alors compris à quel point l’État se montrait incompétent et incapable de s’occuper réellement des problèmes de santé et de logement de milliers de Croates dont les logements avaient été détruits par le tremblement de terre. Au point que le Parlement (Sabor) a été alors dissous et de nouvelles élections organisées. Ceux qui ont commencé à militer dans la plateforme Možemo ont vu clairement que la pratique de la politique, depuis des décennies, consistait à déresponsabiliser les citoyens, à les priver de toute initiative et de tout pouvoir de décision sur leur existence quotidienne. Beaucoup de Croates considèrent que le pays est devenu triste, apathique, privé d’intérêt pour l’essentiel… et consumériste, sans beaucoup de marchandises à consommer !

Au programme de Možemo : le développement durable, l’amélioration des conditions de travail, l’instauration d’une plus grande égalité  et d’une plus grande solidarité, une démocratie plus réelle et plus présente dans tous les rouages de la société. Cela implique, dans l’esprit de ses organisateurs et de ses membres, une lutte conséquente contre la privatisation des sites publics, qui exerce de véritables ravages dans certaines régions.

Dimanche dernier le 5 juillet, le HDZ l’a emporté : il envoie 66 députés au Sabor contre 44 pour le SDP. Un succès pour Andrej Plenković, le Premier ministre sortant. Mais le HDZ devra s’allier avec d’autres partis pour gouverner : le fera-t-il avec plus à droite que lui, c’est-à-dire avec le Mouvement patriotique du crooner Škoro, déjà nommé (15 sièges au Sabor) ?

L’encroûté et décevant (dans à peu près tous les domaines) SDP de centre gauche a raté ces élections, malgré le fait que le Président de la République soit issu de ses rangs et ait été élu très récemment, au mois de janvier dernier. Mais entre-temps, on l’a dit, COVID-19 et séisme sont passés par là, servant à la fois de révélateur et de stimulant à la société croate.

Et la plateforme Možemo a réussi son pari : elle envoie, elle, 7 députés au Parlement. Voilà qui est très intéressant et prometteur ! A suivre de près et à soutenir. Quelque chose se dessine, décidément, depuis environ 5 ou 6 ans, dans tous les pays de cette partie de l’Europe.

 

 

 

 

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