D-Day : message de paix ou «Guerre Froide 2.0» ?

Le président français tente le grand écart – il accueille en même temps Vladimir Poutine et Barack Obama en France. Et les autres. Qui ne comptent pas vraiment.

Voilà ceux qui ont compris la signification de la commémoration du débarquement en Normandie. Foto: Archangel12, Normandy '10, American Cemetery Colleville / WIkimedia Commons

(KL) – Heureusement que François Hollande est un bon mangeur. Ainsi, il supportera facilement le double dîner dans le cadre de la visite des puissants du monde à l’occasion des célébrations du 70e anniversaire du «D-Day». Car la «Guerre Froide 2.0» s’installera, le temps d’un week-end, à la capitale et sur les plages normandes. Ce jeudi soir, le président français ira d’abord manger avec Barack Obama (19 heures) dans un restaurant parisien, avant de recevoir Vladimir Poutine (21 heures) pour le plat de résistance à l’Elysée. Même pour une telle occasion, les leaders mondiaux n’arrivent pas à s’asseoir à la même table – ce qui prouve aussi qu’ils n’ont rien compris à cette commémoration importante qui a sauvé l’Europe du joug du fascisme. Mais bon, ils ne sont pas les seuls à avoir des difficultés de tirer les leçons de l’histoire.

La transformation de cette commémoration en un sorte de parade des puissants du monde, chercheant à montrer aux caméras des télévisions internationales leur assurance à un moment où le conflit est-ouest à éclaté de manière sanglante en Ukraine, constitue une insulte pour ceux qui sont morts pour libérer la France et l’Europe. Les 70 ans du débarquement devrait rappeler aux leaders politiques les conséquences de la folie guerrière, mais il suffit de regarder l’Ukraine, la Syrie, le Nigéria et d’autres centres de conflits pour constater que l’homme n’a rien compris.

Seulement 70 ans après les batailles les plus meutrières, après le sacrifice de millions de soldats, une bonne partie des Européens et surtout des Français ont voté pour ceux qui prônent le retour vers le nationalisme, le repli sur soi, la fin de cette structure européenne garantissant une période de paix comme notre continent n’a jamais connue dans le passé. Est-ce que la paix serait devenue une évidence ? Quelque chose que l’on puisse considérer comme un acquis?

La paix en Europe n’est pas acquise et 70 ans après ce débarquement, des pays européens doivent à nouveau craindre leurs voisins. En Ukraine, des gens meurent tous les jours. En Pologne, dans les pays baltiques, la peur s’est installée. Les commémorations du débarquement des Alliées en Normandie ne devrait pas donner lieu à des questions protocolaires, mais à un geste de la paix. A un message commun de Vladimir Poutine et de Barack Obama que la guerre en Ukraine doit immédiatement cesser. On attendra en vain. Hier, les deux se sont livrés à un échange musclé par coups de déclarations de presse. Poutine, se déclarant prêt à rencontrer Barack Obama en France, a réussi à emballer cette invitation au dialogue dans des insultes et Obama a décliné cette invitation en soulignant que l’OTAN n’allait pas tolérer une quelconque attaque sur l’un des pays-membres. Très diplomates, les deux.

Pourtant, un tel message commun serait le seul moyen pour honorer la mémoire de ceux qui sont morts dans ce terrible carnage sur les plages normandes le 6 juin 1944, sur tous les fronts des guerres en Europe et de faire la  promesse de veiller à ce que ces horreurs ne puissent jamais se répéter. Mais en regardant le comportement des leaders mondiaux, en regardant la nouvelle poussé du sentiment nationaliste dans de nombreux pays européens, il y a fort à craindre que le monde n’entendra pas ce message de la paix. Considérant que plusieurs de ces leaders mondiaux ont été distingués par le Prix Nobel de la Paix (Obama, UE), cette incapacité de surmonter les différends constitue l’une des raisons principales pour lesquelles les citoyens du monde ne font plus confiance en leurs gouvernements. Malheureusement, ils n’ont pas tort.

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