Danemark : les vilains habiteront avec les animaux contagieux

Droite et horreur humanitaire

Mémoire courte : en 1940-1945, les nazis allemands détenaient de nombreux Danois dans le camp de Froslev, sur le Jutland Foto: Pajx / Wikimédia Commons / CC-BY-SA PD

(MC) – La ministre de l’Immigration danoise, Inger Stojberg, projette de reléguer les étrangers malvenus dans un îlot écarté où sont installés les laboratoires de recherche sur les maladies contagieuses des animaux. Afin que l’on comprenne bien de quoi il s’agit, le ferry reliant (rarement) l’île à Copenhague se nomme : VIRUS . Non, ce n’est pas un Premier Avril gore. C’est le retour des années 1933 à 1945.

Ces migrants « ne sont pas désirés au Danemark, et on le leur fera sentir » : c’est ce que la Ministre de l’Immigration, Inger Stojberg, a écrit sur sa page facebook. Vendredi dernier, on a appris que le gouvernement de coalition centre-droit et droit (qui se compose surtout du Parti du FP, le « Parti du Peuple Danois ») aurait convenu d’un accord qui placerait quelque 100 personnes (!) sur la toute petite île de Lindholm. Un groupe bien hétéroclite, reposant apparemment sur le concept d’étranger et sur la méfiance de principe qu’on porte à des personnes humaines qui bizarrement, ne sont pas danoises ; la droite danoise ayant depuis toujours quelque difficulté à comprendre comment on pouvait ne pas être danois. Cette droite (et cette extrême-droite) donnent ainsi aux étrangers l’envie et le besoin de n’être pas danois, précisément. Zéro à zéro.

Cette population bigarrée qui souffre de la tare de n’être pas originaire de Frederiksberg se composerait de… criminels étrangers présumés, de personnes qui ne peuvent retourner dans leur pays, et/ou de demandeurs d’asile déboutés – on ne précise pas réellement pour quelles raisons.

L’îlot ne mesure pas davantage que 500 ares. Il est situé à une assez grande distance des côtes baltiques. Les pensionnaires y seront « priés » de se présenter chaque jour en son centre, sous peine d’être tout bonnement emprisonnés s’ils ne le font pas. Les départs du ferry seront rendus aussi rares que possible, a déclaré il y a quelques jours à TV 2 un porte-parole du Folkepartiet, et aussi chers que possible. Par ailleurs, le ministre des Finances, Kristian Jensen, qui a mené les négociations, a expliqué qu’il ne s’agirait pas d’une prison, mais que les pensionnaires seraient contraints d’y dormir chaque nuit.

Le Danemark a connu un afflux assez considérable de réfugiés, comme toute l’Europe ou presque, en 2015-2016, et en conséquence indirecte, une réaction populiste et ultra-nationaliste. Le gouvernement actuel en a profité pour pousser sa politique jusqu’aux limites de ce qui est tolérable aux regards des droits de l’Homme. Ou peut-être, pour dépasser ces limites : le problème, pour l’instant, reste ouvert ; mais on peut craindre le pire de la part du parti au pouvoir et de ses sympathisants. Un projet du même type, conçu en Italie en 1980, avait été rejeté par la Cour Européenne des Droits de l’Homme. Bien évidemment, une telle intention politique a aussi pour but de dissuader les étrangers de venir s’installer au Danemark…

Les demandeurs d’asile rejetés ne sont pas autorisé à travailler dans le pays. Aux demandeurs d’asile qu’on ne peut expulser, on fournit des chambres (où ils ne peuvent préparer leurs repas), un peu de nourriture et une petite somme de quelques couronnes par jour, qui leur est retirée s’ils ne collaborent pas avec les autorités.

Birthe Ronne Hornbech, une ex-ministre de l’Immigration, a qualifié ce projet de « plaisanterie » et de gaffe, comparable à l’exploit qu’accomplit un joueur de football lorsqu’ il marque un but contre sa propre équipe.

On ajoutera que cette manière de voir est encore relativement optimiste : elle suggère que les esprits des Danois – et plus largement, des Européens – est encore suffisamment démocratique pour apercevoir le scandale humanitaire là où il survient. Espérons que c’est réellement le cas, et que ce projet sera retiré des élucubrations hideuses de nos politiciens.

 

 

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