Dans les bras de « Mutti »

Lors des élections régionales en Rhénanie du Nord-Westfalie (NRW), les électeurs ont joué la carte d'une présumée sécurité politique. En se rangeant à droite.

Armin Laschet (CDU), le ministre-président désigné de NRW. Foto: (c) Superbass / CC-BY-SA 4.0 (via Wikimedia Commons)

(KL) – Les élections régionales en Rhénanie du Nord-Westfalie (NRW) sont importantes, puisqu’elles concernent le Land le plus peuplé d’Allemagne avec 17 millions d’habitants, ce qui correspond environ à la population des Pays-Bas et de la Belgique réunis. A quelques mois des élections législatives en Allemagne (au mois de septembre), il s’agissait du dernier test grandeur nature et les résultats sont surprenants.

Le SPD de la ministre-présidente Hannelore Kraft perd ces élections avec 31,5% (-7,6%), tandis que la CDU avec son candidat Armin Laschet remporte 33,0% des votes (+6,7%). Les libéraux du FDP se refont une santé et obtiennent 12,5% des votes, devant l’extrême-droite de l’AfD qui se situe à 7,4% et les Verts avec 6,2% (-5,1%). Die Linke échoue de peu avec 4,9% – avec une poignée de votes de plus, ils aurait décroché des sièges dans la nouvelle diète de Dusseldorf.

Concernant le nouveau gouvernement de NRW, plusieurs options se présentent. Le grand gagnant, ce sont les libéraux du FDP, car aucune coalition (sauf la « grande coalition » CDU-SPD dont personne ne veut) ne pourra se faire sans eux. Si mathématiquement, CDU et FDP, alliés « naturels » depuis longtemps, disposeraient d’une courte majorité, le candidat du FDP s’est dépêché de déclarer qu’une « majorité pour CDU / FDP ne veut pas encore dire qu’il y aura une coalition CDU / FDP », indiquant par ce biais que le FDP aura l’intention de se vendre cher dans les négociations.

Mathématiquement, une coalition SPD / Verts / FDP est aussi possible que CDU / FDP / Verts, mais on voit mal les Verts coopérer avec le FDP. Aucun parti n’entend coopérer avec l’AfD qui lui, commence à se situer au niveau qui est le sein. Après les environ 6% remportés en Sarre et en Schleswig-Holstein, l’AfD remporte 7,4% en NRW et après une forte dynamique à l’extrême-droite, ce parti a enfin perdu de son élan.

Si les négociations concernant la formation d’un nouveau gouvernement risquent d’être longues, on peut déjà constater que les Allemands affichent un comportement électoral assez conservateur. Contrairement à l’Autriche et la France où les électeurs et électrices ont chassé les « partis traditionnels », les Allemands aiment bien se réfugier dans les bras de Mutti, car en fin de compte, ce n’est pas la victoire d’Armin Laschet, mais celle d’Angela Merkel. Face à un avenir incertain dans un monde en pleine mutation, les électeurs et électrices ont opté pour la carte d’une présumée sécurité en votant pour la CDU et le FDP. Comme dans le « bon vieux temps ».

Si le SPD souhaite peser plus lourd lors des élections législatives, il faudra mener une campagne digne de ce nom. Peut être, Martin Schulz devrait imiter Emmanuel Macron et se concentrer un peu plus sur un sujet qu’il maîtrise – l’Europe.

Après ces élections régionales, c’est la campagne nationale qui démarre. Mais le dimanche en NRW le montre clairement – les Allemands ne ressentent pas le besoin d’un changement. A moins que Martin Schulz réussit à relancer la dynamique du début de l’année lorsqu’il se trouvait presqu’au même niveau qu’Angela Merkel dans les sondages. Dès lundi, la campagne pour les législatives sera ouverte. Vivement la fin de cette « super-année électorale 2017 »…

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