De la photo, pas de l’image !
A l’ère du tout numérique, où les téléphones cellulaires sont plus performants que beaucoup d’appareils photo, la tentation de s’autoproclamer photographe est forte...

(Jean-Marc Claus) – « Cool, je l’ai vu sur ton Insta ! » ou « Il faut absolument le mettre sur Snap. », entend-on souvent, pas seulement dans la bouche de celles et ceux des générations Y et Z, mais aussi de la X et parfois même celle des Boomers. Les réseaux sociaux, uniquement dédiés aux partages d’images comme ceux précédemment cités, ou alors de contenus mais dont l’image constitue un accélérateur de diffusion, regorgent de photos originales ou retouchées, libres de droits ou non.
D’une manière générale, tout un chacun partage à tout va des clichés personnels, ou de tiers avec tout au plus un « piqué à… », ou plus proprement, une petite icône d’appareil photo, suivie de l’auteur et plus rarement d’une URL. Il devient alors parfaitement compréhensible, que certains photographes professionnels, en viennent à incruster au bas de leurs clichés un © suivi de leurs noms et/ou prénoms. D’autres insèrent ces informations, carrément au milieu de la photo mise en ligne, l’achat d’un exemplaire exempt de cet antivol restant possible, pour qui est en mesure de reconnaître le travail des professionnels.
Tout le monde dit faire de la photo, alors que la plupart de nos contemporains font de l’image. Font et consomment de l’image, alors que les amateurs avertis et les professionnels confirmés, prennent et travaillent des photos. Travailler ne signifiant pas retoucher, au moyen d’un logiciel connu par tous, mais chercher l’angle, la lumière, la perspective pour ne citer que ces trois paramètres.
Pour donner dans la métaphore cynégétique, quitte à déplaire à certain(e)s, faire de la photo, c’est pister le gibier et pratiquer le tir sélectif, alors que faire de l’image, c’est tirer sur le gibier que les rabatteurs ont délogé et poussé vers une ligne de la mort. En vacances aux Baléares, on mitraille dans tous les sens, et au retour on fait le tri… ou pas !
Le remplacement de l’argentique par le numérique a provoqué une inflation des prises de vues, surtout chez les amateurs. N’allant pas jusqu’à affirmer que les professionnels ne se sont pas saisis de cette facilité, il suffit de les regarder travailler, pour comprendre que leur regard précède la visée. Pourquoi ? Et bien tout simplement, parce que c’est un métier !
Dorothea Lange, Henri Cartier-Bresson, Gerda Taró, Robert Capa, Vivian Maier, Robert Doisneau étaient des pros, et leurs œuvres leur survivent. Il en va de même pour František Zvardon, dont Eurojournalist(e) met chaque jour en ligne une de ses nombreuses et magnifiques photos.
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