De la reprise en Espagne

La courbe de l’emploi repart à la hausse en Espagne. C’est une très bonne chose, mais il vaudrait mieux ne pas parader, ce qu’évite soigneusement le gouvernement.

La réhabilitación, c’est par la gauche ! Foto: Ismaël Olea / Wikimedia Commons / CC-BY 4.0

(Jean-Marc Claus) – En Espagne, l’emploi qui, lors de la crise économique, toucha le fond en 2014, avait en 2019 regagné un niveau équivalent à celui de 2008. La pandémie de Covid-19 provoqua une nouvelle chute de la courbe, qui atteint en 2020, un niveau quasi identique à celui de 2011. Mais aujourd’hui, les différents observateurs sont plutôt optimistes, car l’emploi avoisine son taux de 2009.

Avec actuellement plus de 20 millions de travailleurs, pour une population d’un peu plus de 47 millions d’habitants, et 360.000 emplois créés au troisième trimestre 2021, l’Espagne a dépassé son niveau d’avant le début de la pandémie. Cette reprise est inégale quant à la répartition femmes-hommes et des classes d’âges. En comparant les troisièmes trimestres de 2019 et 2021, les plus de 55 ans sont les grands gagnants avec +11,6% pour les femmes et + 9,1% pour les hommes. Juste derrière, les femmes de 16 à 24 ans gagnent +8,5%.

Pour ce qui est des secteurs d’activités, le monde de l’hôtellerie perd le plus d’emplois avec -10,0%, mais l’information et la communication gagnent +14,1%, ainsi que la santé et les services sociaux qui sont à +11,0%. Le nombre de salariés en CDI est supérieur à celui de 2019, tandis que les salariés en CDD sont au même niveau. Cependant, les femmes sont plus en CDD que les hommes. Ce que les observateurs relient à l’augmentation des emplois dans la santé, mais souvent en contrats d’intérim.

Lorsque l’on regarde la courbe du pourcentage de chômeurs, par rapport à la population active en Espagne depuis 1976 (4,41%), quatre pics se détachent en 1986 (21,6%), 1994 (24,55%), 2013 (26,94%) 2020 (16,26%) et quatre creux en 1991 (15,88%), 2001 (10,35%), 2007 (8,01%) et 2019 (13,78%). Sur la période 2019-2021, le creux s’est transformé en pic pour retomber en creux. Ce qui signifie qu’avant la survenue de la pandémie, le chômage régressait, mais le choc subit par l’économie le fit croître, jusqu’à ce qu’atténué par des mesures sociales et maintenant la reprise, il régresse à nouveau.

Ces chiffres, n’étant rien d’autre que des indicateurs statistiques, ne reflètent évidemment pas la réalité de toutes les situations individuelles, dont certaines demeures critiques. Ainsi, vaudrait-il mieux éviter de crier victoire, car des problèmes restent à solutionner et surtout, la pandémie de Covid-19 n’est pas terminée. Mais vu les politiques engagées et les résultats obtenus, il vaudrait mieux que la gauche de gouvernement se maintienne au pouvoir et soit réélue dans deux ans.

D’ailleurs, il n’y a pas que l’emploi qui progresse en Espagne. Malgré la remontada de la droite grâce à son association à l’extrême-droite, sur l’indicateur européen de l’égalité des genres, le pays gagne une place pour se hisser cette année à la sixième. Devant l’Espagne par ordre croissant : la France, la Finlande, les Pays-Bas, le Danemark et la Suède. A l’autre extrémité du classement par ordre décroissant : la Grèce, la Hongrie, la Roumanie, la Slovaquie et la Pologne.

« Pourvou qu’ça doure », disait une certaine Maria Letiza Ramolino épouse Bonaparte, à propos des succès militaires d’un de ses treize rejetons qui mit l’Europe à feu et à sang. Pourvu que la droite attelée à l’extrême-droite, ne revienne pas au pouvoir en Espagne, car c’en serait fini des avancées sociales de tous ordres, dont le pays ne peut faire l’économie en temps de crise, à moins de sacrifier les populations les plus fragiles.

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