De l’immersion linguistique en Catalogne

Le député Joan Miquel Mena Arca défend l’immersion linguistique menacée en Catalogne.

Joan Miquel Mena Arca en campagne. Foto: En Comu Podem / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.0

(Jean-Marc Claus) – Élu député de la Circonscription de Catalogne aux « Cortes Generales » en 2015, sous les couleurs de la coalition de gauche « En Comú Podem», Joan Miquel Mena Arca publie un livre intitulé « No parlaràs mai un bon català »  (Vous ne parlerez jamais un bon catalan). Titre qu’il a adapté de l’invective d’un de ses professeurs de lycée dans les années 1980.

Partant de son expérience personnelle, il y analyse ce qu’il nomme « les mensonges sur l’immersion linguistique ». Venu d’Andalousie en Catalogne, suite à l’installation de sa famille au sein d’un quartier populaire de Sabadell dans la province de Barcelone, il a été immergé dans la langue catalane dès son enfance, ses parents tenant à ce qu’il acquiert le bilinguisme et la double culture.

A l’école primaire, dans le quartier où il résidait, il a vécu une expérience déroutante : on parlait catalan en classe et castillan en dehors. C’est au secondaire qu’il a perçu une différence d’appropriation du catalan, entre les enfants venant du centre de la ville et ceux des quartiers périphériques. D’où pour lui, l’impérieuse nécessité d’avoir une langue véhiculaire garantissant la cohésion sociale.

En Catalogne, l’expérience de l’immersion totale toucherait à sa fin, puisque maintenant, au moins un quart des cours doit, suite à une décision de justice, être dispensé en castillan. Une règle face à laquelle Joan Miquel Mena Arca, lui-même professeur d’espagnol, s’insurge, car ne reposant sur aucun projet pédagogique. Ainsi, lorsqu’il parle des mensonges de l’immersion, c’est justement pour fustiger cette décision qu’il juge absurde car selon ses promoteurs, elle garantirait toujours l’immersion linguistique. Ce qui est un non-sens absolu.

Mais plus que toute autre chose, le fait que des telles décisions, soient prises sans réflexion pédagogique préalable, irrite au plus haut point Joan Miquel Mena Arca. Alors qu’il existe en Catalogne un large consensus en faveur de l’immersion linguistique, ce que la droite revancharde n’a pas obtenu par la voie législative, elle cherche à l’obtenir par la voie judiciaire, en instrumentalisant les plaintes de quelques parents ultra-minoritaires. Car l’enjeu dépasse les salles de classes, et c’est bien là le problème.

Pour lui, il apparaît très clairement que la langue et l’éducation, ne devraient pas se trouver dans le champ de la bataille politique. Or, n’y a-t’il pas de meilleurs moyens pour formater les esprits des générations montantes ? Tous les systèmes totalitaires font main basse sur l’éducation et la langue, pour asseoir leur pouvoir, car c’est par un langage et une pensée uniques qu’on fabrique de la servitude volontaire.

Comme elle l’a déclaré devant le Parlement, María del Pilar Alegría Continente (PSOE), actuelle Ministre de l’Éducation et de la Formation Professionnelle du Gouvernement Sánchez II, elle-même diplômée en sciences de l’éducation, n’a pas l’intention de faire appliquer cette décision de justice. Ce qui va dans le sens du parlementaire catalan affirmant, dans une discussion plus large, que « ce sont ceux qui vivent avec les élèves qui devraient avoir le dernier mot ».

Jusqu’ici, en Catalogne, grâce au modèle éducatif de l’immersion, quelles que soient leurs origines, les élèves sortent de leur cycle scolaire avec des compétences acquises dans deux des principales langues du pays. Mais Joan Miquel Mena Arca ne s’oppose pas à une refonte du système, pour l’ajuster aux conditions et aux besoins de notre époque. Car plus que dans les années 1980, où il a lui-même bénéficié de cette disposition, aujourd’hui des jeunes arrivent dans le système éducatif en parlant d’autres langues que celles de la Péninsule Ibérique.

Il reste beaucoup de choses à faire, notamment la création de programme pour enfants en catalan sur Televisió de Catalunya 3 (TV3), qui après Euskal TeleBista 1 (ETB1) de la Communauté Autonome du Pays Basque, est la seconde chaîne régionale du pays. Ils existent bien sur Super 3, mais c’est une chaîne dédiée, ce qui participe à la fragmentation de la société en isolant ce public, et donc ne favorise pas la cohésion sociale pour laquelle Joan Miquel Mena Arca milite ardemment.

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