De record en record…
Pendant que le taux de chômage descend en-dessous des 5% au niveau national, l’Ortenau affiche un taux de chômage de 2,8%. Bonne nouvelle, mauvaise nouvelle ?
(KL) – On considère que le « plein emploi » est atteint lorsque le taux de chômage se situe à 3% et en-dessous. Cet état enviable a été atteint dans l’Ortenau depuis plusieurs mois et au mois d’octobre 2018, le taux de chômage y a encore baissé de 0,1% pour se situer maintenant à 2,8%. Excellent. Vraiment ? Oui, si on évalue la performance économique sur le taux de chômage et la croissance. Non, si on regarde l’évolution à long terme.
Une météo clémente et une bonne conjoncture sont à l’origine de cette évolution dans l’Ortenau. Ainsi, le chef de l’Agence pour l’Emploi, Horst Sahrbacher, a déclaré : « Le marché de l’emploi dans l’Ortenau continue à bien se porter. La situation actuelle est marquée par une forte demande de main d’œuvre qualifiée. Même si la demande a légèrement baissé par rapport à l’année précédente, de nombreuses entreprises ont du mal à trouver des collaborateurs qualifiés. »
Et tout le problème se situe là – l’Ortenau, et avec lui d’autres régions allemandes, devront faire face à une future délocalisation d’entreprises qui ne trouvent pas la main d’œuvre qualifiée pour honorer leurs carnets de commande. Or, de nombreuses entreprises de l’Ortenau travaillent dans les nouvelles technologies et seront obligées de se délocaliser dans des régions où cette main d’œuvre est disponible. Une fois parties, ces entreprises ne reviendront pas dans l’Ortenau et à terme, cette évolution posera problème.
Le plein emploi dans l’Ortenau est une belle prise de vue instantanée, la preuve que les professionnels du marché de l’emploi font un excellent travail ; mais les problèmes émanant de cette situation surviendront rapidement. La seule réponse à cette évolution est l’intégration du marché de l’emploi, dans un intérêt partagé entre le Pays de Bade et l’Alsace. De nombreux acteurs travaillent dans ce domaine, y compris dans le secteur de la formation transfrontalière, mais personne ne sait si cela suffira.
L’Allemagne peut se bronzer dans la certitude d’être le premier de la classe au niveau européen, aucun autre pays européen n’affichant un taux de chômage aussi faible. Mais ce qui ressemble aujourd’hui à un grand succès économique pourrait se transformer demain en un cauchemar – la force d’innovation économique allemande risque de s’essouffler.
La situation du marché de l’emploi dans la région du Rhin Supérieur ressemble à une course contre la montre. Est-ce que les efforts d’intégration réussiront assez rapidement pour éviter la délocalisation d’entreprises dans des secteurs porteurs ? Est-ce que cette intégration intervient assez rapidement pour alléger le taux de chômage largement supérieur en Alsace, surtout en ce qui concerne le chômage des jeunes ? On ne peut qu’encourager les partenaires privés et publics à poursuivre leurs travaux en vue d’une réelle intégration des marchés de la formation et de l’emploi en Pays de Bade et en Alsace. L’avenir économique de toute la région dépendra largement de la réussite de cette intégration.
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