De Tróia a Odeceixe – ne touchez pas au littoral !
Une manifestation, se déroulant samedi dernier à Sines (Portugal), a donné de la lutte pour la préservation de l’environnement, une toute autre image que Sainte-Soline 2023 et La Rochelle 2024.

(Jean-Marc Claus) – Samedi dernier, comme le rapporte l’agence de presse Lusa, profitant du focus mis sur Sines par le Festival Músicas do World (FMM) qui s’y déroulait du 20 au 27 juillet, deux douzaines d’organisations environnementales et écologistes se sont réunies sur la plage Vasco de Gama. Le mot d’ordre « Tirem as mãos do litoral alentejano », marquait le refus que l’on touche au littoral de l’Alentejo.
Situé au sud du pays, entre le célèbre Tage et la réputée Algarve, l’Alentejo, région encore très rurale et peu peuplée, occupe environ un tiers de la superficie continentale du pays. Qualifiée de région la plus pauvre du Portugal, elle fut longtemps un bastion du Parti Communiste Portugais (PCP), qui suite à un bras de fer engagé avec les propriétaires des latifundia, y obtint en 1962 la journée de huit heures pour les travailleurs agricoles et en 1975 une réforme agraire.
Les manifestants rassemblés sur la plage Vasco de Gama, dénonçaient notamment les conséquences néfastes de l’agriculture intensive, de l’exploitation minière et du tourisme sur le littoral allant de la Péninsule de Tróia, formant la partie sud de l’estuaire du Sado en face de Setúbal, à la ville d’Odeceixe, limitrophe de l’Algarve. Sines, où avait lieu le rassemblement, se trouvant approximativement entre ces deux points, était l’endroit idéal pour manifester.
Un tract diffusé précisait que ce territoire est sacrifié au nom d’intérêts économiques, avec de graves conséquences. Travail dans les serres qualifié d’esclave, exploitation minières jugées déraisonnables, abattage à Morgavel de chênes-lièges au profit d’un parc éolien, les sujets de mécontentement étaient nombreux mais argumentés.
Un SOS humain fut formé sur la Praya Vasco de Gama, pour conclure cette manifestation, qui avait aussi pour objectif d’attirer l’attention des festivaliers rassemblés à Porto Covo (20 au 22 juillet) et Sines (23 au 27 juillet). Un événement créé il y a 25 ans, pour valoriser le château de Sines où est né Vasco de Gama, et recevant cette année des artistes de 25 nations.
Ce 24 décembre sera notamment le 500e anniversaire, de la mort de celui qui ouvrit la Route des Indes en longeant les côtes africaines. Donc Praya Vasco de Gama, Sines, navigation côtière, Grandes Découvertes, Route des Indes, tout cela parle simultanément d’expansion et de limites. Ce qui, replacé dans notre contexte actuel, pourrait se traduire d’une certaine manière en développement durable.
La préservation de l’environnement et le progrès, pour sortir du stupide antagonisme binaire écologie vs croissance, ne sont pas incompatibles. Mais pour cela il faut qu’un dialogue s’engage entre les différents acteurs, et surtout que l’opinion publique s’empare du sujet. Pour les manifestants réunis à Sines, il n’était pas question d’écologie punitive ou de retour à la lampe à huile, mais de choix engageant l’avenir et de sensibilisation des citoyens à leurs conséquences.
Kommentar hinterlassen