Débat sur l’Europe d’aujourd’hui et demain le 17 avril à Strasbourg

Avec Chantal Cutajar et Christine Revault d’Allonnes-Bonnefoy

Duel à Strasbourg : les lames étaient mouchetées, heureusement Foto: Ben PL /Wikimédia Commons/CC-BY-SA 2.0Gen

 

(Marc Chaudeur) – Mercredi dernier s’est tenu à Strasbourg un débat sur l’Europe, ses institutions et son avenir. Modéré par le proverbial Kai Littmann, il mettait en présence Chantal Cutajar, adjointe au maire, fondatrice d’ANTICOR, et la députée européenne Christine Revault d’Allonnes-Bonnefoy. Un débat, (en somme un duel) très serré, qui cernait bien les points les plus importants. Deux personnalités issus de partis différents, mais qui s’entendaient sur l’essentiel.

Quels ont été les grands moments de la mandature pour Christine Revault d’Allonnes-Bonnefoy? La liste qu’expose la députée socialiste est significative de l’importance que revêt l’action du Parlement européen, n’en déplaise à certains et malgré toutes les tentatives de dénigrement. Convention d’Istanbul que la députée a rapportée, et son amendement de 2017 : une Convention de première importance pour les droits des femmes. La levée de boucliers contre les agissements pervers de Viktor Orbán. Les discussions sur le futur « pilier social » de l’Europe et le vote pour la mise en place d’une autorité européenne du travail. Et les éléments liminaires d’une «Europe providentielle » – ce qui est surtout un souhait de social-démocrate, certes… Cela déjà suffit pour mettre en évidence l’utilité sociale du Parlement.

Activité qui ne va pas sans gros problèmes et contradictions, puisque souvent, les textes, surtout ceux émanant de la Commission, semblent servir à être contournés pour assurer une plus grande efficacité aux tentatives corruptrices et aux activités parfois délétères des lobbies… On l’a bien vu lors des passes d’armes entre Volkswagen et le Parlement à propos des seuils de pollution, et tout récemment, dans la mise en place d’un Atelier d’initiative citoyenne sur les perturbateurs endocriniens. Mais ces deux dernières années, le Parlement a œuvré pour atteindre davantage de transparence.

Chantal Cutajar, quant à elle, est comme on sait spécialisée dans la lutte contre la corruption et la criminalité financière. Il y a nécessité, insiste l’adjointe au maire de Strasbourg, que cette lutte s’effectue sur le plan large, européen, et non pas seulement sur celui des Etats. Même problème que celui évoqué plus haut : les conventions et régulations, on peut très souvent les contourner ; c’est ce qu’ont bien mis en évidence notamment les Panama Papers.

Un auditeur pose la question : où se trouvent au juste les passerelles entre la Commission, le Parlement et la population ? Eh bien, la résolution de ces problèmes passe par la sensibilisation des citoyens ; et il peuvent (et doivent) faire pression pour que s’impose progressivement la transparence des entreprises. Mais comment le citoyen peut-il au juste s’engager dans cette lutte ? La réponse des 2 intervenantes, ici, est un peu floue : dans les ONG… Ouimé quelles ONG ?

Autres sujets passionnants, soulevés par les auditeurs et traités de manière très précise par les deux intervenantes : la protection des lanceurs d’alerte et la neutralisation de l’extraterritorialité du droit états-unien telle qu’elle a été mise en œuvre par exemple dans le cas actuel de l’Iran…

Et puis, la plus grande partie des questions venant du public a porté sur la qualité de l’information concernant les institutions européennes et leurs activités, ainsi que sur le critère électif de l’unanimité, qui est malheureusement utilisé avec cynisme par certains pays, Hongrie ou Pologne, par exemple… Mais le vote majoritaire ne présenterait-il pas certains inconvénients en certaines circonstances ? Par exemple, ne favoriserait-il pas l’abandon de Strasbourg comme siège de l’UE ? On ne sait au juste. En tout cas, pour ce qui concerne Strasbourg, Christine Revault d’Allonnes-Bonnefoy a insisté très fort sur le fait que la siégitude de la capitale… alsacienne est fixée dans un règlement, donc pas susceptible d’être éjectable complètement vers Bruxelles.

Public et intervenantes se sont finalement, semble-t-il, entendus sur la nécessité de plus de fédéralisme, c’est-à-dire, concrètement, d’une intégration bien plus grande des décisions.

A la récrimination tant entendue selon laquelle les institutions européennes n’informent pas les citoyens de manière satisfaisante, on a envie de répondre : pour ce qui est du fonctionnement des institutions, un certain nombre de documents précis et complets existent ; on peut les trouver sans être un sportif de haut niveau à la Maison de l’Europe, par exemple. Pour ce qui est de l’activité desdites institutions, le problème, reconnaissons le, est plus sensible. Il reste un effort important à fournir vers l’extérieur. C’est à cela que servent les médias, et entre eux, primus inter pares, Eurojournalist(e), ces prochaines années !

Malheureusement, la Commission (et ce n’est pas le cas du Parlement) manque par elle-même de transparence, et seule une réforme conséquente pourrait émousser cette épine dans la chair de l’Union européenne. C’est ici surtout que les citoyens de l’Europe devraient trouver leur mot à dire, et la manière de le dire pour qu’il puisse être entendu !

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