Découvrez la VRAIE identité alsacienne à Goxwiller

Une belle exposition d'art à forte résonance alsacienne montre ce qu'on avait un peu perdu ces derniers temps avec toute la discussion autour de la fusion des régions – l'identité alsacienne.

"L'Alsace dans tous ses états", voilà le titre d'une exposition à Goxwiller qui permet de découvrir la culture alsacienne dans toute sa largeur. Foto: Organisateurs

(KL) – Ce week-end et jusqu’à lundi 16 novembre, au village de Goxwiller, situé au pied du vignoble alsacien, à quelques minutes au sud d’Obernai dans le Bas-Rhin, vous pourrez découvrir ce qui rend l’Alsace si riche, si belle – l’identité culturelle de la région. Sous le titre «L’Alsace dans tous ces états», un groupe interdisciplinaire d’artistes montre ses œuvres – vidéo, photographies, sculptures, tableaux, des objets en verre thermoformé, dessins, montages, caricatures, art du livre – tout y sera, à Goxwiller.

«C’est un coup de gueule en réaction à cette Alsace qui nous est chère et qui va s’envoler d’ici peu», expliquent les artistes, mais au lieu de se réfugier dans le repli sur soi propre aux autonomistes, ils veulent montrer une Alsace multiculturelle et moderne, «toujours prête à s’ouvrir à d’autres horizons». Comme c’est la tradition dans la région du Rhin Supérieur depuis 2000 ans et un peu plus. Hoplà, ils ont raison, les artistes ! L’identité, ce n’est pas le lieu où l’on règle ses affaires administratives, l’identité, c’est ce que sont et produisent les gens. Une identité, c’est quelque chose qui se développe sous l’influence, mais quand même indépendamment de l’organisation administrative et du régime politique.

L’Alsace a vécu déjà du temps des Romains, sous l’Empereur, elle a connu des règnes de toute sorte, elle était romaine, française, allemande ou suisse, elle a connu des sesterces, des francs, des marks, elle a évolué sous des démocraties, des dictatures, le roi, elle a connu l’illumination par les humanistes rhénans, elle a toujours été en mouvement. Et au milieu de tout cela, s’est développé «l’identité alsacienne». Qui respire, au mieux, un petit peu de chacun de ces ingrédients pour transmettre une DNA alsacienne qui est européenne, ouverte, à l’interface entre le Nord et le Sud de l’Europe. Et c’est ce que montrent jusqu’à lundi Pascal Sturz (vidéo), Nicola De Rienzo (photographies), Marc et Sophie Gouvion (sculptures et tableaux), Hafid Kaissi (verre thermoformé), Pascal Minni (sculptures), Studio Pygmalion (photographies), Julien Kuntz (dessins, illustrations), Christophe Hamm (photographies), Francis Klipfel (peintures, montages), André Barabas (caricatures) et Gérard Grucker (art du livre).

Dans ces œuvres, vous trouverez toute la poésie de l’Alsace, ce patrimoine européen des plus riches, le savoir-faire et le respect du traitement des matières, un attachement au terroir, mais aussi cette ouverture, cette curiosité de ce qui se fait et ce qui se passe ailleurs. Comme au Moyen Age, c’est en Alsace que se croisent les cultures et influences, que les artistes cherchent à créer quelque chose de propre, «d’alsacien».

L’Alsace regorge de talents dans tous les domaines. La preuve – cette exposition très, mais pas trop alsacienne, démontre toutes ces qualités alsaciennes. Qui ne changeront pas parce que à l’avenir, certaines administrations seront organisées un peu différemment. Soyez-en assuré, d’ici 10, 15, 20 ou 25 ans, elle ne seront déjà plus comme aujourd’hui. Mais la culture alsacienne sera toujours la culture, et donc «l’identité» alsacienne. Ce qui distingue l’être humain du monde animal, c’est quand même pas la capacité de gérer de manière ordonnée la fin de cette planète, mais la culture, l’art, une façon d’être.

C’est donc cette «identité alsacienne» qui vous attend ce week-end à Goxwiller, 10 rue du vignoble, où vous trouverez, entre 10 et 20 heures, «L’Alsace dans tous ses états». Ce qui vaut le détour !

6 Kommentare zu Découvrez la VRAIE identité alsacienne à Goxwiller

  1. Beyer Antoine // 13. November 2015 um 8:48 // Antworten

    Merci Kai pour cette invitation. Toutefois, dans le commentaire il n’est pas tolérable de la part d’un journaliste de trouver des expression à l’emporte-pièce comme “le repli sur soi propre aux autonomistes” “L’identité, ce n’est pas le lieu où l’on règle ses affaires administratives”. Cela fait preuve à la fois d’une méconnaissance profonde de la réalité politique du projet autonomiste d’une part et d’une sérieuse inculture en sociopolitique sur la dynamique des sociétés. La gestion des affaires politiques et adminsitrative fait partie inrégrante de l’identidé et de la culture, c’en est même un pilier central qui permet d’avoir une existence politique. Le fonctionnement institué (à travers l’institution a minima qu’est l’institition régionale dans un cadre français) des sociétés est un moyen essentiel de représentation et . C’est jutsment pour le maintien de l’ouverture à l’autre dans le Rhin supérieur et pour assurer cette fonction de pont entre les cultures que les autonomistes alsaciens se battent. Le méconnaître ou s’en gausser sans fondement sérieux n’est pas pardonnable pour qui prend la parole dans l’espace public.
    Jean Monnet disait avec raison au sujet de l’Europe :
    “Rien n’est possible sans les hommes, rien n’est durable sans les institutions.” Ce qui est vrai pour l’Europe l’est aussi pour l’Alsace.

  2. Autonomie n’est pas synonyme de repli sur soi. A moins de considérer les Länder allemands comme repliés sur eux-mêmes. Cela ne me semble pas être le cas. Il faut en effet arrêter une fois pour toute d’assimiler indifféremment les autonomistes à des “Ewig Gestrige”. C’est loin d’être les cas. Au contraire, l’autonomisme aspire à une Alsace décomplexée qui tient son rang au cœur de l’Europe rhénane.

  3. Cher Antoine, nous ne partageons pas le même avis sur la question. Je maintiens qu’une identité régionale ne se définit pas par la forme administrative et comme déjà dit et écrit à maintes reprises, vous en avez le meilleur exemple juste de l’autre côté du Rhin. Le Pays de Bade, longtemps souverain (Großherzogtum Baden, Land Baden) a été fusionné avec le Württemberg qui ni historiquement, ni culturellement avait des liens particuliers avec le Pays de Bade. La fusion des deux Länder en début des années 50, avait suscité la même indignation dans les deux région qu’aujourd’hui en Alsace. 70 ans plus tard, on constate que cette fusion administrative n’a en rien altéré l’identité badoise et l’identité du Wurttemberg est aussi toujours la même. Etrangement, sur cet argument et surtout, sur cette expérience très intéressante, aucun autonomiste ne m’a jamais répondu. Parce que cette expérience ne cadre pas avec le mantra “ils sont en train de tuer l’Alsace et l’identité alsacienne” ?

    • D’accord, c’est ton opinion, mais ne cela n’excuse d’aucun manière le ton désobligeant que tu emploies lorsque tu évoqus ceux qui défendent un autre idée de leur avenir que la fusion forcée. Que je sache les Badois et Wurtembergeois ont voté(on ne leur pas en plus collé sans qu’on le leur demande la Bavière ou la Rhénanié-Palatinat). Comparons ce qui est comparable. Ils disposent en outre de large pouvoir que leur confère une constitution fédérale. D’autres ont refusé ce choix : le Brandenbourg par exemple.

      A bon entendeur.

      AB

      • Antoine, il ne faut pas prendre ma position personnellement. Mais j’emploierai toujours le même ton désobligeant vis-à-vis de tout un chacun qui fait cause commune, pour quelle raison que ce soit, avec une extrême-droite qui constitue in finis, une menace bien plus importante qu’une réforme administrative.

  4. Il y a effectivement des autonomistes d’extrême droite, Alsace d’abord. Mais il y a aussi et surtout des autonomistes situés plutôt au centre, (voire centre gauche comparativement au PS), Unser Land. Et ce sont ces derniers que l’on entend principalement, avec des arguments qui vont bien au-delà de seuls arguments identitaires, qui sont d’ailleurs les seuls repris par les médias…

    L’extrême droite qui est actuellement une menace, c’est le Front National, c’est à dire les nationalistes français, qui sont justement hostile à l’idée d’identité plurielle. Et soit dit en passant, toutes les lois d’exception qui ont été ou vont être prises constituent également une menace : pas par l’usage que pourrait en avoir le pouvoir actuel, mais par celui qui pourrait en être fait par le FN dont l’accès au pouvoir est plus qu’une simple hypothèse de travail.

    En bref, le danger ne vient pas des autonomistes alsaciens qui sont soit marginaux pour la branche extrêmiste, soit bien plus démocrates que le PS (qui estime, par la bouche de M. Vallini, qu’en ce qui concerne le referendum “le peuple manquait de maturité pour utiliser de façon pertinente cet outil de démocratie directe” – selon le communiqué de Unser Land, il est vrai).

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