Démocratie – nous devons modifier nos dictionnaires…

Deux exemples illustrent que la définition du terme «démocratie», telle qu‘on la trouve dans les dictionnaires, doit être changée. Car elle n‘a plus cours.

C'est ici que la démocratie a été inventée - et c'est ici qu'on l'enterre aussi. Foto: http://en.wikipedia.org / Wikimedia Commons / GNU 1.2

(WB) – A l‘origine, le terme «démocratie» venait du grec «demos» (peuple) et «kratos» (pouvoir). Ces deux termes formaient ensemble cette jolie expression «démocratie» qui désigne, par une formule d‘Abraham Lincoln «le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple». Cette définition, il convient de la changer, car elle ne s‘applique plus du tout aux systèmes politiques du 21e siècle. Deux exemples illustrent l‘état des choses actuel.

Dans le cadre du scandale d‘écoutes des USA en Europe, le gouvernement allemand a interdit aux députés siégeant dans la commission d‘enquête du Bundestag, de prendre connaissance de la pièce centrale de ce scandale – la liste des mots-clés fournie par la NSA américaine, la désormais célèbre «liste de sélectors». Cette liste contient toutes les cibles de l‘espionnage américaine et seule cette liste pourrait dévoiler aux représentants du peuple, l‘étendu de ces activités d‘espionnage. Mais la chancellerie refuse à cette commission l‘accès à ce document. Ce qui n‘est non seulement anticonstitutionnel, mais antidémocratique. En interdisant l‘accès à cette liste, Angela Merkel viole en passant, aussi son serment – elle avait promis de protéger le peuple allemand selon la formule de circonstance. Le contraire est le cas.

Pour maintenir une «façade démocratique», la chancelière a permis généreusement au parlement allemand, le Bundestag, de proposer un enquêteur spécial qui lui, aurait le droit de visionner cette liste pour en présenter des extraits autorisés par la chancelière, aux membres de la commission. D‘ailleurs, la chancelière a déjà annoncé que si le Bundestag a le droit de proposer cet enquêteur, c‘est elle et elle seule, qui choisira la personne. Hormis le fait que les Etats-Unis ont déjà fait savoir qu‘ils n‘autoriseraient pas non plus un tel enquêteur spécial de voir la liste, il serait tenu au secret par la chancelière. Ce serait donc Angela Merkel seule qui déciderait des informations rendues disponibles aux élus du peuple. Avez-vous dit «le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple» ?

Dans les fait, le peuple n‘a plus aucune emprise sur ce qui se passe, il est même explicitement exclu, et il est difficile que cette démarche puisse servir d‘une manière quelconque au peuple. On doit donc constater que le système dans lequel nous évoluons, ne peut en aucun cas porter le label «démocratie». C‘est un leurre. Pour désigner correctement le système politique dans lequel nous évoluons, il faut appeler un chat un chat – il s‘agit d‘une «technocratie oligarchique» qui se cache derrière des éléments de ce que nous connaissions autrefois comme «démocratie» – mais il est évident que le simple fait de pouvoir mettre tous les quelques ans un bulletin dans une urne, ne suffit pas pour appeler ce système une «démocratie».

Idem pour ce qui se passe actuellement en Grèce, le deuxième exemple du dysfonctionnement d‘une démocratie qui n‘en est plus une. L‘Europe, à l‘annonce d‘Alexis Tsipras de vouloir laisser le peuple bénéficier de son «pouvoir suprême» en votant sur l‘avenir du pays, a réagi de manière hystérique et démesurée. Car la «démocratie européenne» n‘existe plus.

Ces deux exemples (et on peut en rajouter à volonté…) montrent que l‘époque où le peuple pouvait influencer la politique d‘un «pays démocratique», est révolue. A la place d‘une démocratie, nous avons aujourd‘hui 350 chaines de télévision, du «panem et circenses» sophistiqué et nous, citoyens et citoyennes, devons réfléchir si ce système-là est vraiment ce que nous souhaitons. Ne serait-il pas temps pour une «Révolution Européenne» ?

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