Des chars contre la liberté

Il y a 50 ans, jour pour jour, l’URSS écrasait le « Printemps de Prague ». 6300 chars venus de 5 pays du Bloc de Varsovie envahissaient la Tchécoslovaquie pour étouffer la liberté.

50 ans après la fin violente du "Printemps de Prague", on le sait - rien n'arrête la liberté ! Foto: Adam Jones Ph.D. / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – La fin du rêve de la liberté tchèque commençait déjà le 3 août 1968, lorsque l’URSS, la RDA, la Pologne, la Hongrie, la Bulgarie et la Tchécoslovaquie se retrouvaient à Bratislava pour y signer, sous la pression de l’URSS, une déclaration commune qui non seulement soulignait leur adhésion au marxisme-léninisme, mais qui donnait le droit à l’URSS d’intervenir au cas où l’un de ces pays devrait quitter la voie communiste en s’orientant vers des « valeurs occidentales ». La signature de cette déclaration commune constituait alors la « base juridique » pour écraser, quelques semaines plus tard, le « Printemps de Prague » initié par Alexander Dubcek. Déjà, depuis le mois d’avril 1968, l’URSS avait planifié l’invasion de la Tchécoslovaquie dans le cadre de l’opération Danube.

Il y a 50 ans, le monde se trouvait encore une fois aux bords d’un conflit mondial. Mais 50 ans plus tard, le Bloc de Varsovie n’existe plus, les Tchèques et Slovaques profitent des libertés pour lesquelles ils se sont battus à l’époque et on constate que la force militaire ne peut pas faire taire durablement la soif de la liberté. Qu’on s’en souvienne…

Le 5 janvier 1968, Alexander Dubcek arrive au pouvoir en Tchécoslovaquie. La politique de réformes qu’il mène irrite au plus haut point le Kremlin et son patron Léonid Brejnev, qui n’apprécie pas le vent de liberté qui flotte sur Prague. La liberté de la presse et de l’expression et la démocratisation du pays sont alors considérées comme une menace pour la « discipline communiste », et donc, pour le Bloc de Varsovie. Pour les leaders communistes, le « Printemps de Prague » est aussi dangereux que l’insurrection hongroise en 1956 – et la réaction est la même. L’URSS, la Bulgarie, la Pologne, la Hongrie et la RDA envoient 400 000 soldats, 6 300 chars, 800 avions et 2000 canons pour écraser la fleur de la liberté qui poussait à Prague. Plus de 70 Tchèques sont tués pendant cette invasion, et l’armée tchèque, sous les commandes d’officiers ayant été formés en URSS, refuse le combat. Si jamais la petite armée tchèque avait riposté, la Troisième Guerre Mondiale aurait été déclenchée. Mais pour la deuxième fois en 30 ans, le monde regardait les bras croisés la Tchécoslovaquie se faire violer. 30 ans après l’annexion par les nazis, le monde regardait ailleurs lorsque les paras russes atterrissaient à Prague – le « Printemps de Prague » était fini.

50 ans plus tard, le Bloc de Varsovie s’est effondré, la République tchèque et la Slovaquie font partie de l’Union Européenne et il faut croire que ces 50 ans étaient suffisants pour que les Tchèques et Slovaques oublient, comme les Hongrois, leur propre histoire. Ces pays, qui font partie, avec la Pologne, des « Etats de Visegrad » qui refusent l’accueil des réfugiés, ont pu sauver leur identité nationale grâce à la solidarité européenne – des centaines de milliers de ressortissants tchèques, slovaques et hongrois avaient trouvé refuge en Europe occidentale. Mais visiblement, ces pays ont du mal à comprendre les leçons de leur propre histoire.

Néanmoins, la commémoration des 50 ans de la fin du « Printemps de Prague » n’est pas qu’amère. Au contraire. On peut retenir de l’histoire qu’aucun régime totalitaire et liberticide ne peut survivre à terme. Que ce soit « l’Empire de 1000 ans » des nazis, que ce soit le Bloc de Varsovie avec ses chars et troupes, aucun de ces régimes n’a perduré. L’idée de la liberté et des Droits de l’Homme semble, à la longue, être plus forte que les armes, et lorsque l’on regarde le monde 50 ans après le « Printemps de Prague », on constate que la terreur de l’époque s’est éteinte.

Aucun régime de non-droit n’a jamais survécu. Aucune injustice ne peut perdurer éternellement. La liberté de penser, de s’exprimer, de bouger et de vivre ne peut être tuée, même par 6300 chars. L’injustice et la terreur peuvent régner pendant un certain temps, mais pas éternellement. Donc, il ne faut jamais baisser les bras, se battre pour préserver les libertés pour lesquelles nos ancêtres se sont battus, pour lesquelles ils se sont fait tuer, et ne jamais abandonner face aux tyrans. Les 50 ans depuis la fin du « Printemps de Prague » le prouvent – rien ne peut arrêter la liberté !

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