Des FFA au SCE…

De la contrainte à la liberté, d’une époque à l’autre, et pourquoi pas vous ?

Freiburg-im-Breisgau et ses tramways nommés plaisir. Foto: Kurt Rasmussen / Wikimedia Commons / CC0 1.0

(Jean-Marc Claus) – Invité par le Ministère de la Défense à m’expatrier, j’ai vécu une année en Allemagne, dont dix mois à Freiburg-im-Breisgau. C’était en 1986-1987, j’avais 22 ans. A cet âge-là, on a généralement d’autres projets en tête, que de consacrer une année de sa vie à un quelconque service.

Service militaire obligatoire en l’occurrence, car depuis 1798, ça se passait comme ça pour les hommes. Les femmes bénéficiaient, à partir de 1970, d’un droit d’accès optionnel, sous forme de volontariat. Tout cela s’est arrêté en 1997, donc il n’y a finalement pas si longtemps, au regard des près de deux siècles écoulés depuis la création de la conscription.

Peu attiré naturellement par la vie militaire, l’expérience que j’ai vécue au sein des Forces Françaises en Allemagne (FFA), m’a conforté dans mon choix de faire carrière dans le civil. Civil, c’est justement ce mot et cette réalité qui, contre toute attente, élargirent mon horizon durant cette période de formatage obligé.

Infirmier au 352e Hôpital de Zone des Armées Alain Limouzin, situé à quelques enjambées de la Hauptbahnhof (gare centrale) et donc en bordure du Zentrum (centre), j’ai passé le plus clair de mon temps libre à parcourir les rues de cette ville magnifique, à me mettre au vert dans ses espaces de la même couleur et à fréquenter ses bars.

Bars qui n’exhalaient pas cette odeur fétide de cendrier froid et de mauvaise bière, à l’époque si caractéristique de la plupart des bistrots français. Pourtant, on y fumait aussi et servait de bibine, mais de la bonne ! Ce qui contribuait grandement, à faciliter les échanges avec les autochtones.

De conversations de bars, avec mon effroyable allemand très rudimentaire, en flâneries dans des lieux fréquentés essentiellement par les populations civiles, j’ai découvert un peuple à propos duquel je nourrissais un très grave a priori. Très rapidement, j’ai préféré la fréquentation des civils allemands à celle des militaires français.

C’est ainsi que, mettant en pratique sans en avoir vraiment conscience, l’exhortation montaignienne « Il faut voyager pour frotter et limer sa cervelle contre celle d’aultruy », je vis mon horizon s’élargir. Comble du paradoxe, je sortis d’une année de formatage, avec une tête mieux faite et une vision plus large que je n’avais en arrivant !

Aujourd’hui, dans un contexte radicalement différent, le Service Civique Européen permet ce genre d’expérience, avec de surcroît, la possibilité de se rendre utile tout en restant en phase avec soi-même. S’il avait existé dans les années 1980, avec possibilité de le substituer au Service National, j’aurais très certainement opté pour cette formule.

Séjourner plusieurs mois dans un autre pays européen, fut-ce juste un proche voisin, se mélanger à ses habitants et travailler avec certains d’entre eux, apprendre une autre langue, remplir des missions de service public, que peut-on espérer de mieux pour former la jeunesse et lui inculquer des valeurs universelles ?

Alors si vous faites partie de celles et ceux à qui s’adresse le Service Civique Européen, ou avez dans votre entourage des personnes susceptibles d’être intéressées par cette expérience, un petit clic juste ici peut devenir le début d’une grande aventure !

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