Des hôpitaux portugais repris en main par l’État

Certains partenariats public-privé, qui ont permis la construction d’hôpitaux, ne sont pas comme à Vila Franca de Xira, renouvelés une fois arrivés à leur terme.

Vila France de Xira, située au Nord de Lisbonne le long du Tage, est une commune peuplée de près de 137.000 âmes. Foto: Vitor Oliveira / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.0

(Jean-Marc Claus) – Fin avril, l’agence de presse portugaise Lusa annonçait à partir du 1er juin 2021, le passage au secteur public de l’Hôpital de Vila Franca de Xira (HVFX), situé dans district de Lisbonne. Ce passage fait suite à une décision du Conseil des Ministres du 13 février 2020, et doit intervenir à la fin du contrat de partenariat public-privé liant depuis 2011 l’État portugais et José de Mello Saúde (JMS), la division santé du Groupo José de Mello.

Chargé de fournir des prestations de santé à la population de 5 communes (Alenquer, Arruda dos Vinhos, Azambuja, Benavente et Vila Franca de Xira), cet établissement dispose d’un service d’urgence, d’une maternité et compte 23 spécialités. Installé dans ses nouveaux locaux (75.000m²) depuis 2013, il a 280 lits et est classé par l’Autorité de Régulation Sanitaire (ERS) parmi les trois meilleurs du pays.

Selon un article d’El Diario de Noticias de septembre 2019, se référant au Comité Technique de Suivi des Projets (CTAP), ce partenariat a permis à l’État d’économiser 56 millions d’euros. Le Gouvernement avait proposé à José de Mello Saúde (JMS) de conserver la gestion de l’hôpital, pendant deux ou trois ans après la fin du contrat, jusqu’à ce que l’État prenne une décision sur son futur modèle de gestion. Proposition rejeté par le groupe, le contrat du Partenariat Public-Privé s’arrêtant le 31 mai 2021.

La volonté exprimée par l’État de son non-renouvellement pour 10 ans, a probablement influencé cette décision du groupe privé. Il est à noter que, les maires socialistes et communistes des 5 communes rattachées à cet établissement, ont fait bloc pour préserver l’actuel modèle de gestion. Dans une déclaration publique, ils dénonçaient en juin 2019, la campagne de diffamation dont l’établissement faisait l’objet.

Selon El Diario de Noticias, le Gouvernement aurait refusé de renouveler le partenariat public-privé de l’établissement, suite à des pressions répétées exercées par le Bloc de Gauche (BI) et le Parti Communiste Portugais (PCP) soutenant le Parti Socialiste (PS). Dans leur prise de position publique, les maires des 5 communes soulignaient l’importance de la prise en compte du niveau des prestations fournies aux populations.

Ils exhortaient alors le Gouvernement à accroître l’offre de soin et à améliorer la qualité de ceux déjà dispensés au sein de cet établissement. Soit une façon élégante de renvoyer la balle dans le camps de l’État, en le défiant de faire plus et mieux que le modèle actuel. En septembre 2019, l’Hôpital de Braga, près de Porto au Nord du Portugal, le plus important des quatre partenariats public-privé du Service National de Santé (SNS), construit lui aussi et géré par José de Mello Saúde (JMS), est passé aux mains du secteur public.

Selon les articles du Jornal de Notícias et de O Minho remontant à maintenant une année, ce changement a profité aux usagers et aux personnels. Ces derniers ont vu leurs salaires progressivement revalorisés. Pour les patients, l’offre de soins ambulatoires a augmenté de 25% en radiothérapie et 29% en oncologie. On peut donc logiquement s’attendre à ce que le secteur public réussisse dans un plus petit hôpital, tel celui de Vila Franca de Xira, à reproduire ce qu’il a su faire dans un grand, comme celui de Braga.

Ces expériences méritent, notamment en France, qu’on leur accorde le plus grand intérêt, car il y a un an, la Caisse des Dépôts et Consignations recommandait de poursuivre la privatisation de l’hôpital public. Recommandation que n’a pas arrêtée la pandémie de Covid-19. Pour mémoire, le Centre Hospitalier de Longué-Jumelles, situé près d’Angers, épinglé par la Cour des Comptes en 2017 et 2018, a échappé de justesse à la privatisation en 2019. Encore une fois, quand les pays de la Péninsule Ibérique montrent le chemin, la France et bien d’autres regardent le doigt…

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