Des munitions pour le mois de mai

Qu’il commence bien ce mois de l’Europe : on fait la fête, on chante, on organise des projets culturels et ludiques, on fabrique plus d’armes... Ce mercredi 3 mai, la Commission européenne a dévoilé son plan industriel : celui-ci vise à accélérer la production de munitions.

Avec une "industrie de guerre", nous ne sommes vraiment pas en guerre ? Vraiment ? Foto: Susanne Nilsson from Trelleborg, Sweden / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(Emma Kuhn) – La paix est censée être célébrée durant tout le mois, mais c’est un concept assez ironique lorsqu’une guerre se déroule juste devant les portes de l’Union européenne. Le comique de situation ne s’arrête pas là : ce mois de l’Europe n’est qu’à ses premiers jours, que Thierry Breton, commissaire européen au Marché intérieur et à l’Industrie de la défense, présente déjà son nouveau projet à Bruxelles pour hâter la fabrication de munitions. Un timing qui ne semble pas interloquer les institutions européennes.

Au contraire, la Commission a adopté la proposition de loi pour le soutien à la production d’obus. Cette décision constitue la troisième phase du plan proposé par l’Union européenne au mois de mars. L’objectif de ce troisième volet est de livrer d’urgence des munitions de 155 millimètres et des missiles à l’Ukraine ainsi que d’aider les États membres à reconstituer leurs stocks. Il y aurait effectivement urgence, selon Thierry Breton, qui a même intitulé sa proposition de loi « ASAP » (Act to Support Ammunition Production) après avoir visité, ces dernières semaines, les entreprises d’armement de onze Etats membres. Et asap (« as soon as possible ») en anglais, ce le sera, car l’objectif est à atteindre d’ici un an. « Je suis confiant que d’ici à douze mois, nous pourrons monter notre capacité de production à un million de munitions par an en Europe », a affirmé le commissaire européen.

Pour ce faire, c’est une enveloppe de 500 millions d’euros qui sera décachetée par la Commission européenne. Une somme provenant de deux sources du budget de l’Union européenne : 260 millions du Fonds européen de la défense et 240 millions du futur EDIRPA (European defence industry reinforcement through common procurement act), qui cherche à renforcer l’industrie européenne de la défense par le biais notamment d’acquisitions conjointes. Thierry Breton appelle les industriels européens à passer en mode « économie de guerre ». Un terme fort qui ne semble pas faire peur au commissaire. L’Union européenne prévoit également un milliard d’euros pour payer les États membres qui déstockent dans le but de fournir l’Ukraine, et un autre milliard pour financer de nouveaux achats d’obus. Mais qui subventionnera cela ? La Facilité européenne pour la paix. Une belle antithèse.

La proposition de loi va désormais être étudiée par le Conseil de l’Union européenne et le Parlement européen en procédure accélérée : Thierry Breton espère la faire adopter d’ici juin ou juillet.

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