Des nouvelles du Brexit

Sortira, sortira pas ? Le mal de mer des Anglais

Boris Johnson, le Ministre des Affaires étrangères britannique, et son frère jumeau incestueux Foto: Matt Brown / Wikimédia Commons / CC-BY-SA 2.0Gen

(MC) – Deux ans après le référendum fatidique, les choses ne semblent pas aller en s’améliorant… Mais où en sommes-nous, au juste?

Certains Anglais vont jusqu’à parler de « panique ». Les difficultés s’amoncellent, en effet, et semblent s’aggraver sans cesse. Les camps principaux, conservateur et travailliste, sont déchirés à l’intérieur des 2 grands partis ; les milieux économiques et financiers sont tout sauf sereins, parce que victimes d’un roulis peu recommandé par les cardiologues. Et les négociations avec les institutions européennes donnent l’image d’un véritable chaos, d’un roman écrit par un écrivain bipolaire trop pressé.

S’ajoutent à cela des péripéties innombrables à l’intérieur – dont les moins graves ne sont pas les sentiments légitimes des Ecossais (qui souhaitent majoritairement rester dans l’UE) et des Irlandais du Nord, qui ne tiennent nullement à voir se redessiner une frontière dure entre Eire et Ulster. Frontière dure, frontière molle : on peut se consoler en goûtant les innovations langagières qu’ occasionne ce fichu Brexit. Fichu Brexit, oui : si nous, à Strasbourg, en avons ras le tam o’shanty d’entendre parler de cette pantalonnade insensée, que disent les citoyens anglais moyens à propos de cette débauche d’absurdités ! Mais les citoyens sont aussi les électeurs…

Et cela d’autant plus qu’il n’est pas sûr que les Britanniques aient significativement changé d’opinion quant à une sortie effective de l’Union Européenne ; mais ils sont excédés par la manière dont ce Brexit ne se passe pas – et ne passe pas. Une parole significative de Boris Johnson, le ministre des Affaires étrangères : «Imaginez que ce soit Trump qu’on ait chargé du Brexit ! Ce serait autre chose ! ». Un jugement exprimé la semaine dernière à propos de sa première ministre, Theresa May… Logiquement, il y a ceux qui n’approuvent pas ou plus le Brexit, ceux qui se scandalisent de l’incompétence avec laquelle les dirigeants tentent de le réaliser, et ceux qui n’apprécient ni l’un, ni l’autre.

Cela même fait que les déboires rencontrés ou occasionnés par les petites mains du divorce avec l’UE rendent espoir à ses détracteurs, aux europhiles. C’est ainsi que l’association Best for Britain, présidée par un ancien ministre travailliste, Mark Balloch-Brown, et largement abreuvée par les ruisselants dollars de George Soros (l’association disposerait de quelque 3 millions d’euros) veulent organiser un référendum. Les Britanniques auraient alors à renouveler ou non leurs vœux de séparation. Rappelons en passant que le 23 juin 2016, seuls 52 % des citoyens s’étaient prononcés pour le Brexit, contre 48 % favorables au maintien dans l’UE. Il y a paradoxalement fort à faire, en tout cas auprès de la  population pour renouveler son intérêt, parce que la population anglaise semble surtout éprouver le sentiment d’un harcèlement brexitopathe sans fin ni fond.

Certains signes sont prometteurs. Selon des sondages récents, 40 % seulement des Britanniques continueraient à s’affirmer partisans du Brexit, tandis que 47 % d’entre eux estimeraient cette décision erronée. 73 % considéreraient que le Brexit « se passe mal » : remarquons que dans ce pourcentage se trouve nécessairement un nombre important de personnes pour lesquelles c’est l’essence même du Brexit qui explique la dégringolade en cascade des éléments de cette démolition programmée – très mal et très peu programmée.

Plus de quarante députés ont exprimé leur accord pour la tenue d’un second référendum qui entérinerait ou non les résultats de 23 juin 2016. Le temps presse : la sortie définitive de l’Union Européenne était fixée au 29 mars 2019. Entre temps, il faudrait donc tout mettre en œuvre pour assurer une opération électorale pertinente et tenter de convaincre les électeurs britanniques. Les anti-Brexit placent pour cela, entre autres, d’importants espoirs en une grande manifestation prévue dans dix jours, le 23 juin.

Reste à savoir si la rentrée (ou la non-sortie) de la Grande-Bretagne serait incontestablement bénéfique à l’Europe. Vaste question.

 

 

 

 

 

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