Des nouvelles du front viticole

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Jean-Philippe Becker, viticulteur du Haut-Rhin, nous raconte les éléments principaux de son année viticole à Zellenberg, entre Riquewihr et Ribeauvillé. Les Travaux et les Jours alsaciens, 2500 ans après Hésiode, pour un vin bio véritablement poétique…

(JPB) – Au domaine Jean Becker à Zellenberg, les vignes sont en agriculture biologique depuis 1999, et les premiers vins ont été certifiés en 2001. La surface exploitée, 18 ha de vignes, entoure Zellenberg, le plus petit ballon des Vosges situé à 300 m d’altitude, entre Ribeauvillé et Riquewihr, à 70 km au sud de Strasbourg. Selon l’expression du Professeur Claude Muller : une île entourée de ceps.

Dans la famille Becker, on est vigneron de père en fils depuis 1610. Actuellement, ceux qui dirigent ce domaine, ce sont Jean-François, viticulteur, Jean-Philippe, viticulteur, œnologue et distillateur, et Martine, commerciale. Tous les trois trilingues, et Martine un rien polyglotte…

Ils vendent 90 % de leur production en France (dont pas mal d’exportations invisibles : ce qui part dans les coffres des voitures étrangères, mais dont les taxes sont payées en France). Et sur un marché libre comme celui de ce pays, la vente se fait à tout type de client : depuis l’individuel jusqu’à la grande distribution en passant par la restauration et le magasin bio … Sans oublier les foires aux vins, qui nous assurent des journées de dingue et rendent nos clients dingues aussi.

Pour ce qui est des vignes, les grands terroirs sont en Grand Cru : le Froehn, Schoenenbourg, Sonnenglanz et Schlossberg ; mais ils englobent aussi d’autres terroirs remarquables comme les Rimelsberg, Hagenschlauf ou Kronenburg. La gamme comprend aussi le Crémant en Blanc Extra Brut et brut Rosé. Et pour complètent le tableau, une gamme d’eaux de vie, dont le fameux marc d’Alsace Gewurztraminer (aoc). Une trentaine, pas moins…

Quant au Millésime 2018, il y a abondance, mais pas pléthore. On a démarré les vendanges le 3 septembre, comme en 2017 – ni trop tôt, ni trop tard – par les vins de base : le crémant, en particulier. Nos travaux importants : taille sévère dans les vignes des crus premiers crus et rouges ; un cordon à plat plutôt qu’une traditionnelle arcure, avec pour conséquence 2 à 4 yeux par pieds en moins en moyenne. Vendange verte dans les jeunes vignes, ainsi que dans les Riesling Grand Cru Froehn (Frohnarbeit), un peu trop généreux, et déclassement des parcelles de jeunes vignes stressées par le trop plein de soleil et la sécheresse. Et puis labour systématique d’entretien pour éliminer la concurrence en eau.

En résumé, des vendanges généreuses avec beaucoup de sucre, des raisins sains même dans les sites grêlés.
Un doute pour les Riesling, en retard de maturité car plus sensibles au stress hydrique. Mais ce doute s’est finalement effacé avec de très belles maturités de Riesling, même sur sol sableux, grâce à des orages localisés et de la grêle les 4 et 20 juillet : ces orages ont eu pour conséquence une baisse de rendement du côté affecté par les grêlons ; mais les cailloux ont été accompagnés de fortes pluies salutaires.

Bref, les vignerons sont comblés. Une météo solaire, des arrosages en pluie réguliers surtout aux quatre mois de mai, juin, juillet et août. Peu de maladies (une alerte mildiou), peu de vers de la grappe, une photosynthèse maximale des conditions de laboratoire « 10 VINS » vues depuis Zellenberg.

Nos prochaines actions seront les salons Lille – Paris – Lyon pour convertir le public à notre religion œcuménique des vins d’Alsace Becker, et les accueils au domaine pour les Marchés de Noël en Alsace.

Il ne reste plus maintenant qu’à espérer que tous nos petits nouveaux en nurserie vinique évolueront bien et que nos clients, qui meurent de curiosité de les connaitre et des les découvrir pour les boire avec modération, nous resteront fidèles. Ce sont nos bébés, ces vins, oui.

(adapté par MC)