Destinée d’une expo

Au début du mois, Céline Anaya Gautier sauvait du pilon, 1.466 exemplaires de son très beau livre « Compostelle - Paroles de Pèlerins ». Le mois précédent, c’est de « Santiago au pays de Compostelle », une expo-photo chère à son cœur dont elle se séparait.

Céline Anaya Gautier en compagnie de Véronique et Jean-Marc, du Gîte d’Étape Pèlerin « Le Champ d’Étoiles » situé à Condom. Foto: Céline Anaya Gautier

(Jean-Marc Claus) – C’est en 2014 que la franco-péruvienne Céline Anaya Gautier, ex-hôtesse de l’air devenue photographe, est partie avec son fils aîné Santiago, qui souhaitait du haut de ses sept ans, faire selon la tradition andine, son « passage de petit homme », en parcourant le Chemin de Compostelle. Résultat : 1.200 km en 43 étapes pour relier Nogaro à Santiago de Compostela, deux livres et une expo-photo.

« Dis, maman, c’est encore loin Compostelle ? », rapporte cette expérience unique par le texte. « Santiago au pays de Compostelle » y associe l’image, dans un très bel ouvrage, mais existe aussi en expo-photo qui est désormais visible dans des gîtes accueillant les pèlerins entre le Puy-en-Velay et Orisson au Sud de Saint-Jean-Pied-de-Port. Véronique et Jean-Marc, du Gîte d’Étape Pèlerin « Le Champ d’Étoiles », se sont chargés de son acheminement. Interview.

2014-2021 : Sept ans entre le voyage avec Santiago, l’année de ses sept ans, et le don de l’expo-photo au Camino. Ce chiffre a t’il du sens ou est-ce seulement une coïncidence ?

Céline Anaya Gautier : Oui, cela a du sens pour moi, et je ne crois pas aux coïncidences. D’ailleurs, tout a un sens, comme pour la construction d’une cathédrale, où chaque pierre est à sa place, et c’est pour ça qu’elle tient debout. Un cycle se fermait, il fallait que je laisse partir mon enfant vers l’adolescence. Ce chiffre sept marquait un tournant de ma vie.

Que représente symboliquement et sentimentalement cette exposition pour vous ?

CAG : Elle a été réalisée exclusivement grâce à un financement participatif, ce qui lui confère une valeur bien supérieure aux 25.000€ qu’il a fallu patiemment collecter, et donne du sens à chaque euro versé pour qu’elle puisse voir le jour. Quand Véronique et Jean-Marc sont venus la chercher, j’ai pleuré, car symboliquement, se coupait le cordon ombilical de cette exposition que j’avais porté en moi comme un enfant. Mais il le fallait et c’est ce qui pouvait lui arriver de mieux.

Et que pense Santiago de sa destinée ?

CAG : Il trouve qu’elle ne peut pas être en meilleur endroit que sur le Camino. Il a connu certains de la soixantaine de gîtes qui l’hébergent désormais, mais à l’inverse, sur le Chemin, tout le monde connaît Santiago et son histoire. C’est un des premiers et des rares enfants, à avoir parcouru 1.200 km du Chemin de Compostelle jusqu’à son terme. Il a d’ailleurs choisi cette année pour l’oral du Brevet des Collèges, de présenter l’histoire de St Jacques-le-Majeur, de parler des pèlerins d’hier et d’aujourd’hui, ainsi que de relater son expérience personnelle. Ce qui lui a valu un 18/20 et les félicitations du jury.

En volume, que représente cette exposition ?

CAG : Ce sont 150 tirages de différents formats, nécessitant pour leur transport des emballages spécifiques et ne pouvant voyager dans une voiture de tourisme. Il faut disposer d’un fourgon et d’un équipement permettant d’arrimer correctement le chargement, sans quoi il risque d’être endommagé durant le trajet.

Dans combien de gîtes est-elle répartie ?

CAG : Elle est répartie sur une soixantaine de gîtes des associations d’hébergeurs « Les Haltes de Compostelle » et « Les Amis de Compostelle », du Puy-en-Velay à Orisson. La chronologie est respectée sur les plus de 750 km que représente cette section du Camino. Dans chaque gîte, une partie de l’histoire est racontée.

Va-t-elle tourner dans plusieurs gîtes ou s’installer définitivement ?

CAG : La rendre itinérante serait trop compliqué, vu son volume total. Je l’ai, en quelque sorte, offerte en viager. Elle appartient désormais au Camino, donc si un gîte vient à fermer, il doit donner les tirages à un autre, et je garde la main sur sa destinée.

Merci Céline Anaya Gautier pour vos réponses à cette interview. « Coeur de Femmes », une autre exposition réalisée par vous-même, sauvée de la destruction comme les 1.466 exemplaires de votre livre « Compostelle – Paroles de Pèlerins », est actuellement dans un grenier à Orléans, en attente d’un acquéreur. Nous en reparlerons ici dès le mois de septembre et durant tout l’automne…

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