Deux millions d’euros de plus pour São Pedro da Cova

Au Portugal, une zone gravement polluée par des déchets industriels, bénéficie d’une rallonge budgétaire pour son traitement.

Les collines de São Pedro da Cova ne sont pas toutes naturelles. Foto: Victor Oliveira / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.0

(Jean-Marc Claus) – Au nord-ouest du Portugal, la « fraguesia » (paroisse civile) de São Pedro da Cova, incluse dans la municipalité de Gondomar, était connue pour les mines de charbon dont un musée témoigne aujourd’hui du passé glorieux. Une industrie qui a laissé dans l’environnement, des traces telles que des terrils, comme dans toutes les régions minières.

Ces montagnes sorties des entrailles de la terre, par l’industrie des hommes, ne sont pas en elles-mêmes dangereuses. Par contre, quand elles se transforment en dépotoirs, il en va tout autrement. C’est ainsi qu’en 2011, une étude menée par le Laboratório Nacional de Engenharia Civil (LNEC), y a démontré l’existence d’un danger causé par un dépôt de déchets effectué par l’entreprise « Siderurgia Nacional (S.A) » remontant à 2001-2002.

Il s’agissait initialement de 50.000 m3, soit 80.000 tonnes de matières dangereuses. Les travaux d’enlèvement et d’évacuation de ces déchets, d’une masse finale de 105.600 tonnes, se sont déroulés d’octobre 2014 à mai 2015. Mais les populations et les élus locaux n’en sont pas restés là, car l’apparition de pollution à la limite nord-est de la zone de traitement délimitée, n’est pas restée sans suites.

Entre autres initiatives, une campagne d’envoi de milliers de cartes postales porteuses du slogan « Remoção total dos resíduos perigosos em São Pedro da Cova já » (Enlèvement total des déchets dangereux à São Pedro da Cova maintenant) au Premier Ministre António Costa, a certainement eu une incidence positive. Car fin janvier, le Conseil des Ministres annonçait une rallonge budgétaire.

Le Diário da República, journal officiel du Portugal, précisait le 27 janvier dernier que 2.000.000 d’€ allaient être consacrés à ces travaux supplémentaires. Travaux dont le coût total s’élèvera alors, selon l’agence de presse Lusa, à 16.300.000 d’€. Mais ce n’est pas terminé, car la lecture attentive et détaillée de l’article du Diário da República, laisse clairement supposer que des découvertes désagréables restent à venir.

Ce qui y est qualifié d’imprévisibilité, n’est pas pour autant laissé dans le flou. L’inaccessibilité de certaines zones très pentues lors de la première expertise, la rendant alors incomplète, l’irrégularité de l’épaisseur de la couche de déchets, l’existence de certaines poches, la constitution d’une masse ferreuse contaminée, jusqu’à la découverte d’engins explosifs, nécessitent l’arrêt temporaire du chantier et donnent une certaine idée de la complexité de la tâche.

Alors qu’en France, un couvercle est mis sur le stockage sous-terrain de déchets dits ultimes dans le Bassin Potassique d’Alsace, et que l’enquête publique menée dans la Meuse se montre favorable à l’enfouissement de déchets nucléaires à Bure, au Portugal, l’État se donne les moyens de dépolluer des sols contaminés. Lequel de ces deux pays est-il le plus développé ? Lequel de ces deux gouvernements, est plus responsable ?

Mais cela ne doit pas pour autant faire oublier que, dans plusieurs localités du pays, des organisations de défense de l’environnement se sont rassemblées pour manifester le 28 janvier, lors d’une journée de contestation intitulée « Unid@s em Défia da Vida ! Não a Minas ! » (Unis pour la défense de la vie ! Non aux Mines ! ). Le collectif dénonçait quatorze contrats pour des projets miniers, signés par le Gouvernement Costa, et appelait à « une véritable résistance révolutionnaire ». Ce qui laisse entrevoir de nouvelles batailles post-électorales, au pays que certains investisseurs considèrent comme l’eldorado du lithium européen

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste