Dialogue de sourds

Le Conseil Central des Musulmans en Allemagne (ZMD) avait invité des représentants du parti de l‘extrême-droite AfD à une table ronde. Au bout d’une heure, l’AfD a quitté cette tentative de dialogue.

Les islamophobes de l'AfD et leur chef Frauke Petry ont refusé le dialogue avec la fédération musulmane. Foto: Harald Bischoff / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Seul le dialogue peut créer la base pour surmonter la haine et la violence qui s’installent actuellement dans nos sociétés. Fort de cette conviction, le Conseil Central des Musulmans en Allemagne (ZMD) avait invité des représentants de l’AfD, parti islamophobe et ultra-nationaliste, à un dialogue sous forme de table ronde. Après quelques échanges dans une ambiance glaciale, la délégation de l’AfD a quitté la table. Le dialogue entre musulmans et islamophobes n’est donc pas possible en Allemagne.

«Cette entrevue ne s’est pas déroulée à la même hauteur des yeux», se lamentait le porte-parole de l’AfD Christian Lüth, tandis que la chef de l’AfD Frauke Petry, juste de retour de sa visite à la soirée électorale de son collègue Norbert Hofer à Vienne, déclarait : «On nous a reproché d’être un parti du Troisième Reich. On nous a demandé de retirer le programme de notre parti qui a été voté démocratiquement». En France, on connaît ce discours de victimisation depuis les années de l’émergence du Front National.

Pour le chef du ZMD, Ayman Mazyek, il s’agit d’une occasion loupée. «Nous voulions exprimer que les musulmans en Allemagne se sentent menacés par une diffamation globale de la part de l’AfD. Le droit de la liberté de religion est remis en question par différents points du programme de l’AfD et nous espérions que l’AfD revienne sur les positions contraires à la constitution».

Après quelques minutes, la délégation de l’AfD s’était déjà retirée pour une courte consultation. Au retour, Frauke Petry et les siens ont tout simplement fait savoir que l’entretien était terminé.

Le clivage entre un parti qui déclare dans son programme «L’Islam ne fait pas partie de l’Allemagne» et la fédération nationale des musulmans est trop profond pour qu’un dialogue soit encore possible. La façon dont les islamophobes de l’AfD ont terminé cette tentative de dialogue, montre un manque de respect vis-à-vis le président du ZMD Ayman Mazyek, interlocuteur certes pas facile, mais toujours ouvert au dialogue.

On demande aux organisations musulmanes de s’ouvrir, de chercher le dialogue et de s’intégrer dans la vie de la société. Le ZMD l’a essayé et si ce dialogue n’a pas pu se faire, c’est à cause de l’attitude de l’extrême-droite qui montre qu’elle se fiche du vivre-ensemble. Le fractionnement de la société n’est pas une menace lointaine, mais une réalité en 2016.

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