Dieu serait-il trumpiste ?
L’intensification du clivage Républicains vs. Démocrates, brisant des liens familiaux et amicaux pourtant anciens et réputés solides, n’est autre que le clivage « chrétiens vs. païens » et plus largement croyants vs incroyants.

(Jean-Marc Claus) – Si la France est dotée d’un divin président, gouvernant depuis l’Olympe élyséenne où pullulent cabinets de consulting et autres cloportes (dixit Bruno Le Maire), les USA ont un très probable futur président qui, malgré les multiples casseroles accrochées à son auguste postérieur, tient Dieu (elo)Himself pour acquis à sa cause personnelle. Échappant à un attentat, comme ce fut le cas au Brésil en 2018 pour son homologue surnommé alors le Trump Tropical, Donald Trump the-Unique-the-Authentic est maintenant un saint au pays des héritiers desPilgrim Fathers débarqués par le Mayflower en 1620.
Quatre siècles plus tard, l’une des plus grandes démocraties du Monde en est arrivée à ça. Il aura fallu la traite négrière qualifiée d’essor économique, le massacre d’une grande partie des Amérindiens appelé conquête de l’Ouest, ainsi que la mise sous coupe réglée de l’Amérique Latine et de multiples interventions militaires à la surface du globe, pour qu’enfin survienne de tout ce chaos, un envoyé de Dieu ! « Fight ! Fight ! Fight ! » criait-il brandissant le poing cet historique « seven thirteen », en se relevant l’oreille en sang : un message de paix des plus encourageants !
A la question « Dieu serait-il trumpiste ? », la réponse est assurément oui, car pour ceux qui lisent la Bible entre les lignes, à savoir son électorat évangélique politiquement très puissant, le Dieu qu’ils vénèrent en lui attribuant leurs propres intentions, est visiblement non seulement encarté au Parti Républicain, mais doit aussi très logiquement avoir ses appartements au sommet de la Trump Tower. L’intensification du clivage Républicains vs. Démocrates, brisant des liens familiaux et amicaux pourtant anciens et réputés solides, n’est autre que le clivage chrétiens vs. païens et plus largement croyants vs. incroyants.
Le monde est maintenant à l’ère de la religion de pacotille, appelée aussi fondamentalisme, pour laquelle prononcer à tire-larigot des « alleujiah » et des « allah akbar », évite de s’engager dans une profonde et véritable démarche spirituelle. « Gott ist tot », affirmait Friedrich Nietzsche, mais l’envie d’en découdre au nom de Dieu n’est pas morte, que la bataille soit menée à coups de sabre ou de propagande millénariste.
Montrées du doigt à juste titre pour leur cruauté, comme par exemple le Hamas le 7 Octobre 2023 ainsi que Daech et l’État Islamique à bien d’autres occasions, les organisations terroristes d’obédience musulmane n’ont pas l’exclusivité de l’ambition hégémonique. Les mandatures de Donald Trump (2017-2021) et de Jair Bolsonaro (2019-2023), ainsi que le comportement de leurs comités de soutiens une fois leurs réélections respectives manquées, montrent à quel point ces gens sont férus de démocratie !
« Un pays gouverné sous l’influence des chrétiens fondamentalistes serait bien plus vivable qu’un pays gouverné par des musulmans fondamentalistes ! », entend-on trop souvent. Mais là n’est pas la question, car l’Occident n’est ni le Proche, ni le Moyen-Orient. Pour connaître un exemple de pays occidental gouverné, non sous l’influence, mais par des chrétiens fondamentalistes, référons nous à la République de Genève sous l’emprise de Jean Calvin : treize opposants pendus, dix décapités, trente-cinq au bûcher et une répression musclée. « Grand Dieu, nous te bénissons, Nous célébrons tes louanges ! » etc., etc., etc…
« Oui, mais au XXIe siècle, les chrétiens ne décapitent plus, par contre les musulmans le font toujours ! » : la belle affaire, et toutes ces femmes à qui au nom de leurs croyances, les évangéliques refusent le droit à l’avortement, ne leur font-ils pas perdre la tête ? Par ailleurs, pour s’opposer tant au droit à l’avortement qu’au mariage pour tous, ils ont su faire cause commune avec les musulmans, qu’ils disent en même temps théologiquement dans l’erreur. Cherchez justement l’erreur !
Lorsqu’en 1905, la loi de séparation de l’Église et de l’État fut promulguée, Émile Combeset Aristide Briand furent violemment attaqués par l’Église, le Vatican et des milliers de paroissiens sous les pieds desquels le sol se dérobait. Aux USA, il n’y eut jamais de telles batailles pour ou contre la liberté de croire ou de ne pas croire, car dans le Premier Amendement de la Constitution de 1791 il est notamment stipulé que « Le Congrès n’adoptera aucune loi relative à l’établissement d’une religion, ou à l’interdiction de son libre exercice […]. ».
Pourtant, si on on se réfère à l’Administration Trump de 2017 et à l’actuelle campagne électorale, les faits démontrent que deux siècles plus tard, le protestantisme évangélique est devenu aux USA religion d’État. Ainsi, une Loi de 1905, fut-ce accommodée à la sauce étasunienne, n’aurait-elle pas fait de mal à cette démocratie virant toujours plus à la théocratie.
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