Dimanche – il vaudrait mieux voter…

Dimanche, il n'y aura que le choix entre ces deux candidats. Et pas de troisième option. Foto: Eurojournalist(e)

(KL) – A moins que la Constitution française n’ait changé ces dernières heures, les Français disposeront dimanche seulement de deux options. Celle d’Emmanuel Macron et celle de la candidate du Front National. Ceux qui ont pris sur eux en regardant ce que la presse internationale a qualifié du pire débat jamais entendu, sauront pour qui voter, car imaginer la France entre les mains d’une présidente aussi violente, irrespectueuse, hystérique, peu compétente – il faut vraiment vouloir du mal à la France pour voter pour elle.

A l’étranger, on observe avec stupeur un phénomène étonnant – celui d’une partie de l’extrême-gauche qui a l’intention de voter plutôt pour le bruit des bottes que pour la perspective de 5 années qui seront, dans le pire des cas, ternes. Il est difficile à comprendre comment on peut prétendre défendre des valeurs de gauche, tout en votant pour ceux qui mettront en péril la France et l’Europe. Mais bon, c’est un choix.

Toutefois, la discussion « Ni Macron, ni Le Pen » est surprenante. Car, au risque de me répéter, cette troisième option, à savoir que les électeurs et électrices français décident de ne pas élire un président et de passer les 5 ans à venir dans une démocratie parlementaire, cette discussion est aussi obsolète que l’idée de voter dimanche pour Franck Ribéry.

Dimanche, il s’agit d’un vote binaire dont le résultat sera forcément influencé par les abstentions. Mais une abstention, ce n’est pas simplement un vote en moins, une abstention profite logiquement au candidat qui arrive à mieux mobiliser son électorat. Et, depuis deux décennies, on sait que la formation politique qui arrive le mieux à mobiliser son électorat, c’est le Front National. Ce qui veut dire qu’une abstention profite au Front National, et la même chose est valable pour les votes blancs.

Ceux qui disent qu’ils s’en fichent, portent autant de responsabilité pour le résultat de dimanche que ceux qui vont voter. Supposons qu’Emmanuel Macron ne soit pas un bon président, mais effectivement le « représentant du système » comme il est considéré par de nombreux français. Cela voudrait dire qu’il faille s’attendre à cinq ans de morosité, une sorte de prolongation des années Sarkollande. Ce qui serait, bien entendu, pas vraiment excitant comme perspective, mais il faut aussi tenir compte du fait qu’il y ait au moins la possibilité que Macron soit un bon président. De l’autre côté, on sait à quoi s’attendre – à une catastrophe, à une politique qui appelle le bruit des bottes, avec la perspective d’un « Frexit » et une catastrophe économique et sociale, le tout dans un climat de haine et de violence.

Ce n’est pas la même chose – 5 années potentiellement moroses contre 5 années de catastrophe annoncée. Bouder dans son coin parce que son candidat n’a pas réussi à se hisser au deuxième tour, c’est une attitude assez puérile, car même en s’abstenant, on vote. Dans le cas présent, pour la pire des options.

S’il vous plaît, allez voter dimanche. Faites ce petit effort pour sauver la France et l’Europe de la mainmise des néonationalistes. Personne ne pourra dire après « si on avait su » – vous le savez déjà maintenant. Ne pensez pas « mais elle n’a jamais gouverné, on tente une fois » – nous autres Allemands n’ont jamais eu de Hitler avant 1933 non plus. Même si cela vous retourne l’estomac de voter pour un ex-banquier, il ne pourrait en aucun cas être pire que celle qui s’est montrée comme elle est mercredi soir. Là, on ne joue plus, c’est sérieux. S’il vous plaît, allez voter dimanche. Et votez pour Emmanuel Macron. Merci.