« Donc les jeux des BRICS, écoutez : pfff. Voilà. »

Telle fut à la question de Thomas Snegaroff, la réponse de la Ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques Amélie Oudéa-Castéra...

Une ministre pas inintéressante, mais malheureusement touchée par le syndrome du mépris, typique du macronisme. Foto: Web Summit SAM 3214 / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(Jean-Marc Claus) – Dimanche 21 Mai sur France Inter, invitée de l’émission « Questions Politiques » retransmise par France Info TV (Canal 27 de la TNT), la Ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques Amélie Oudéa-Castéra, s’est plutôt bien défendue face aux journalistes qui la questionnaient. Une prestation d’autant plus remarquable que l’ancienne tenniswoman renvoyait la balle à Jeff Wittenberg (France TV), Françoise Fressoz (Le Monde), Carine Bécard (France Inter) et que l’arbitre de la rencontre Thomas Snegaroff, ne l’a pas vraiment laissé mener le jeu.

Si tant est que ses interventions restent, comme tous arguments politiques à tort ou à raison discutables, lorsque Thomas Snegaroff l’a questionné peu après la 36ème minute de l’émission sur la menace brandie par Vladimir Poutine d’organiser des contre-jeux olympiques à l’automne 2024, les Jeux des BRICS, sa réponse fut dans l’actuel contexte de tensions internationales, particulièrement sidérante. Commençant par dénoncer avec justesse le despotisme du locataire du Kremlin, la façon dont il met sous coupe réglée les fédérations sportives ukrainiennes des territoires occupés par la Russie, tellement persuadée que nous devons être alignés avec nos valeurs avoir le bon logiciel (sic), elle s’est laissée emporter par un sentiment devenu la marque de fabrique du macronisme : le mépris.

« Donc les jeux des BRICS, écoutez : pfff. Voilà. », relève du même registre que les sorties à la Sarkozy et les petites phrases à la Macron. C’est bien dommage car la réponse à la question du journaliste de France Inter, qui lui avait pourtant tendu une perche en soulignant que par le passé, il y a eu régulièrement des contre- jeux olympiques, méritait une réponse plus intelligente. Évidemment, les manœuvres et la stratégie poutiniennes doivent être dénoncées, mais qu’il y ait un autocrate pour les instrumentaliser ou non, les BRICS existent bel et bien.

Ce qui aurait pu être un élément de la réponse à donner, en commençant par élargir le débat, car selon certaines projections le groupe formé par le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, détiendra à l’horizon 2025 40% du Produit Intérieur Brut Mondial. Soit une année après les Jeux Olympiques et Paralympiques, organisés par la France, 7ème puissance économique mondiale, venant derrière la Chine et l’Inde, qui sont eux économiquement en constante évolution. Le poids pris ces dernières années par le groupe des BRICS et son actuelle influence au niveau mondial, méritent plus de considération qu’une onomatopée méprisante.

Par ailleurs et pour revenir aux jeux, qu’ils soient organisés par Vladimir Poutine ou quelqu’un d’autre, des contre-jeux olympiques comme il en a eu d’autres par le passé, devraient tout de même questionner l’actuelle ministre et ancienne tenniswoman. Il ne s’agit pas tant d’approuver ou de désapprouver de telles manifestations, que de reconnaître que nous ne sommes pas les maîtres du monde dans lequel nous vivons. Chose particulièrement difficile pour la macronie qui, malgré le rejet dont elle fait l’objet au Pays des Droits de l’Homme notamment pour son déni de la démocratie, s’imagine toujours faire partie des CSP+ du monde, pour ne pas dire de l’Univers.

La réponse d’Amélie Oudéa-Castéra n’est pas juste une erreur de communication, mais une faute politique, car si en macronie, il est d’usage de répondre aux problèmes de politique intérieure par le mépris, il en va tout autrement pour les sujets d’envergure mondiale. Les Jeux Olympiques ainsi que les Jeux Paralympiques de 2024, même s’ils se dérouleront dans une France sous gouvernance macroniste, auront un retentissement et des conséquences sur l’échiquier géopolitique mondial.

 

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