Double peine pour Hans et Sophie Scholl
A Chemnitz, les extrémistes identitaires profanent le symbole de la résistance allemande contre Hitler – la Rose Blanche. Ecœurant.
(KL) – Les néo-nationalistes et néo-nazis allemands sont en train de profaner la résistance allemande contre le nazisme, en affichant la « Rose Blanche », le symbole de la résistance allemande contre Adolf Hitler. Les membres du groupuscule « La Rose Blanche », autour des étudiants Hans et Sophie Scholl, avaient distribué des tracts à Munich et, surpris par les nazis, avaient été exécutés par les bourreaux. Si aujourd’hui, des néo-nationalistes et des néo-nazis arborent cette rose blanche, cela revient à une double peine pour Hans et Sophie Scholl.
La fracture de la société allemande est en train de s’opérer. Les sondages voient déjà l’extrême-droite, l’AfD, bras parlementaire de ces casseurs au crâne rasé qui sèment la terreur dans les rues allemandes, talonner la CDU; ils la voient installée comme deuxième force politique en Allemagne. Le néo-nationalisme version 2018 prend de plus en plus corps et la transformation de la société allemande, de la « Willkommenskultur » vers « Deutschland den Deutschen » bat son plein. L’abus des symboles de la résistance anti-hitlerienne est particulièrement odieux, car les jeunes membres du groupe « La Rose Blanche » avaient donné leur vies pour combattre exactement les gens qui, aujourd’hui, organisent la « chasse à l’homme » dans les rues des villes est-allemandes.
En première ligne, Bernd Höcke, représentant du courant extrême-extrême-droit au sein de l’AfD, un incendiaire qui rêve, avec les vieux hommes de l’AfD, d’une Allemagne sans immigrants, d’une « Allemagne aux Allemands », de la suprématie de la race blanche. Höcke pourrait, sans rougir, porter l’accoutrement du Ku-Klux-Klan, mais certainement pas la « Rose Blanche ». Hans et Sophie Scholl auraient combattu des personnages comme Bernd Höcke, et le fait de porter leur symbole témoigne d’un suprême cynisme. Les néo-nationalistes et les néo-nazis allemands n’ont vraiment peur de rien.
La lutte pour l’avenir allemand est ouverte, et elle est plus sérieuse qu’on ne le pense. Il ne faut pas se tromper : il ne s’agit pas de quelques centaines de malades mentaux qui scandent leurs slogans écœurants dans les rues de Chemnitz, Dresde, Leipzig et ailleurs – déjà un quart de l’électorat en Saxe soutient plus ou moins tacitement ces extrémistes. Au niveau national, l’AfD se livre actuellement à une lutte avec le SPD et les Verts pour la deuxième place dans le paysage politique allemand; et leur ascension spectaculaire semble impossible à stopper.
Hans et Sophie Scholl subissent donc une nouvelle violence, celle de l’abus du symbole de la lutte antifasciste par des néo-nazis. Les prochaines élections régionales en Bavière et en Hesse, ainsi que les élections européennes en mai 2019, montreront la voie – soit les forces démocratiques en Allemagne seront capables de se fédérer et de combattre ces tendances néo-nazies, soit l’AfD percera encore davantage. Espérons que cette fois, contrairement à 1938, on ne laissera pas faire les Allemands. Et si la prochaine vague de réfugiés politiques venait d’Allemagne ?
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