Doudoune, une jument attrayante

« Ma Doudoune est comme mon avatar, elle est mon parallèle en jument. »

Doudoune capte l'attention des enfants bien mieux qu'un smartphone. Foto: Mina / privée

(Jean-Marc Claus) – Dans un contexte rendu particulièrement anxiogène pour le monde du cheval par certains criminels, Mina nous parle de son histoire avec Doudoune dont elle partage l’existence dans le Grand Est depuis treize années. Interview.

Vous rêviez depuis l’enfance d’avoir une ferme, et à près de quarante ans vous y êtes arrivée, mais contrairement à celle de Marie Antoinette à Versailles, elle n’est pas un jeu.

Mina : C’était un vrai rêve de gosse, et je l’ai réalisé en rencontrant un homme partant pour cette aventure un peu dingue. Par chance, une ferme était à vendre dans sa famille et j’ai découvert la jument de mes rêves dans le même village. Aujourd’hui, nous sommes constitués en association, pour permettre à tous publics de venir se reconnecter à la nature et au vivant, grâce à tous les animaux de la ferme, avec lesquels se tissent immanquablement des liens.

Votre jument Doudoune a joué un rôle essentiel dans la maturation de ce projet et sa réalisation…

Mina : Ma relation avec ma jument ardennaise est au cœur de mon projet. Je vis avec elle au quotidien et cela implique un rythme de vie adapté : des temps réguliers de nourrissage, des temps de sortie, de rentrée au box selon la météo, une attention au quotidien pour détecter le moindre signe de malaise, car les chevaux n’expriment pas la douleur.

Aujourd’hui, Doudoune étant assimilable à une personne âgée, en quoi cela modifie-t-il vos rapports ?

Mina : Ma Doudoune est comme mon avatar, elle est mon parallèle en jument, elle a eu des poulains, moi des enfants, nous étions bien plus fofolles il y a dix ans et faisions des balades avec des galops plein pot sur les chemins. Aujourd’hui, c’est plus tranquille, elle commence à avoir des raideurs dues à son poids et son âge ; je suis dans le même état ! Il faut continuer à se mobiliser et prendre soin d’elle et de soi… Pour notre famille et notre projet, c’est notre égérie ; elle représente notre label et constitue l’apothéose de la visite de la ferme. Il faut dire qu’elle est impressionnante avec sa tête à plus de 2 mètres du sol, ses près de 800 kg, sa crinière abondante et ses muscles saillants ! Elle nous renvoie à d’autres temps où l’homme et le cheval travaillaient au quotidien dans les champs ou les forêts, dans une harmonie et un enrichissement mutuel.

Pourquoi un cheval de trait plutôt qu’un cheval de selle ?

Mina : Ma découverte du cheval de trait ne date pas de mon arrivée au village: j’en avais déjà rencontré lors de randonnées et dans une exploitation viticole. J’avais été très impressionnée par la puissance et le calme qui se dégageaient de ces chevaux. Quand j’ai posé mes fesses sur Doudoune, la connexion s’est faite immédiatement. Je m’attendais à une monture lourde et pesante, elle était généreuse et puissante ! Elle répondait à mes demandes comme si elle les anticipait… un rêve ! Les chevaux de trait sont d’excellents chevaux de selle et peuvent porter un adulte et un enfant ou plusieurs enfants, ce qui plaît énormément dans les activités que nous proposons. Leur force tranquille nous est transmise quand on les monte ou juste en les accompagnant en balade.

Durant de nombreuses années les chevaux de traits n’ont-ils pas été destinés à la boucherie chevaline ?

Mina : Pas tous, mais il est vrai qu’avec la mécanisation de l’agriculture, la boucherie chevaline a permis la sauvegarde de l’existence d’une dizaine de races de Traits en France qui sans cela auraient disparu. Maintenant, il est grand temps de leur trouver d’autres raisons bien plus nobles d’exister ! Les chevaux reprennent une certaine place dans les vignes, les forêts, en attelage de travail ou de loisir. Retrouver le rythme du pas lent et puissant du cheval de trait ne peut que nous ramener à un rythme de vie plus agréable, et nous faciliter un break salutaire dans la frénésie du monde actuel…

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