Droit de mourir dans la dignité : en France comme au Portugal, une piqûre de rappel ?

Le Portugal va encore devoir attendre avant de dépénaliser l’aide médicale à mourir. Mercredi 19 avril, son président Marcelo Rebelo de Sousa a rejeté la quatrième proposition de loi parlementaire relative à l’euthanasie. De quoi faire un parallèle avec la France, où la question est toujours brûlante au lendemain de la clôture de la Convention citoyenne.

La dignité de la fin de la vie ? Les opinions sont partagées... Foto: Coyleft / Wikimedia Commons / CC0 1.0

(Emma Kuhn) – A l’image de la France, l’aide à la fin de vie fait l’objet de nombreux débats au Portugal. Mais bien que son Parlement se prononce systématiquement en faveur de l’euthanasie, ce n’est pas le cas de son président, fervent catholique. Quoiqu’il ait affirmé n’avoir jamais invoqué « d’arguments religieux, ni de positions philosophiques ou politico-idéologiques ». Selon le chef d’Etat, seuls « des problèmes juridiques ont été soulevés, en raison de la nature de la loi, et des problèmes techniques ». De plus, la Cour constitutionnelle portugaise a également déclaré ce décret inconstitutionnel à plusieurs reprises. Ainsi, le pays ibérique n’est pas près de légaliser le recours à l’euthanasie.

Du côté de l’Hexagone, le débat n’est, pour l’instant, pas parvenu au Parlement. Mais ce n’est qu’une question de temps. Jamais, autant de Français ne s’étaient déclarés favorables à l’aide active à mourir. Selon un sondage de l’Ifop datant de février 2022, 94% se prononçaient en faveur de l’euthanasie et 89% en faveur du suicide assisté. Des chiffres reflétant les résultats de la Convention citoyenne sur la fin de vie, qui avait pour objectif de débattre de la nécessité de changer la législation actuelle. Elle s’est tenue du 9 décembre 2022 au 2 avril, date de la dernière session. Dans son rapport final, elle se prononce en faveur du développement des soins palliatifs et de l’ouverture, sous conditions, du suicide assisté et de l’euthanasie. Emmanuel Macron, qui ambitionnait d’en faire la grande réforme sociétale de son second quinquennat, a annoncé un projet de loi.

Ce serait donc en toute logique que la France emboîte le pas à ses voisins belges, luxembourgeois et espagnols en ce qui concerne la mort active, et pas uniquement la forme passive. Celle-ci se produit en soins palliatifs lorsque l’équipe médicale en charge du patient décide de ne pas ou de ne plus prendre de mesures pour prolonger la vie. Le modèle suisse du suicide assisté est également envisagé, dans quel cas le patient déclenche lui-même sa mort, avec l’aide d’un tiers fournissant l’environnement et les moyens nécessaires pour ce faire. En somme, une révision de la loi Leonetti-Claeys de 2016 – loi qui s’était déjà retrouvée au cœur des débats lors de l’affaire très médiatisée de Vincent Lambert – s’impose, son cadre légal en vigueur étant insuffisant.

Permettre la légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté, c’est permettre à chacun de choisir les conditions de sa propre fin de vie. Une loi qui semblerait ainsi aller de pair avec le principe de liberté, cher à la République française.

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