«Droit d’entrée» en Allemagne – la CSU insiste lourdement

Pendant que les critiques fusent de tous les côtés, la CSU bavaroise menace la Grande Coalition si le péage pour voitures étrangères n’allait pas être introduit.

Est-ce que l'entrée en Allemagne se fera désormais par ce type d'installation ? Foto: Kryptionian / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Le chef de la CSU, petite soeur bavaroise de la CDU, Horst Seehofer, est intraitable en ce qui concerne le projet du péage pour voitures étrangères. «Je ne vois pas en quoi cette mesure pourrait affecter les régions frontalières…» Attitude étonnante pour le ministre-président d’un Land qui jouxte l’Autriche et la République Tchèque et où, dans les régions frontalières, même les plus fidèles de la CSU secouent la tête. Mais Horst Seehofer ne voit pas. Eh ben.

Cette malheureuse mesure qui va à l’en-contre de l’esprit européen et de Schengen devient de plus en plus un test pour la solidité de la Grande Coalition. Car Seehofer a estimé bon d’annoncer que son parti allait quitter la Grande Coalition si jamais le plan du péage n’allait pas être réalisé. Pourtant, dans toutes les régions frontalières, les protestations sont unanimes. Mais Horst Seehofer ne veut pas non plus entendre parler de possibles exceptions pour les régions frontalières. Seul argument – lui, il ne voit pas en quoi cela peut poser problème. Black-out intellectuel estival ? Il ne faut pas être Prix Nobel pour comprendre en quoi cette mesure peut nuire non seulement aux relations avec les pays voisins, mais également à l’économie locale dans les régions frontalières. Mais Horst Seehofer ne voit pas…

Le Président de l’Eurodistrict Regio PAMINA, Fritz Brechtel, a été pourtant clair dans un courrier adressé au ministre des transports fédéral, Alexander Dobrindt (également CSU) qui lui, avait eu cette idée complètement anti-européenne en premier. «Nous craignons que cette mesure ne tienne pas compte de la situation spécifique des régions frontalières. [...] Elle représente une menace sérieuse pour la vie quotidienne des habitants de ces régions frontalières et pour le développement de la coopération transfrontalière.» Seehofer et Dobrindt ont du avoir une trentaine de ces courriers, venant de toutes les régions frontalières allemandes qui elles, sont nombreuses. Car la mesure touche directement les relations avec : la France, le Luxembourg, la Belgique, les Pays-Bas, le Danmark, la Pologne, la République Tchèque, l’Autriche et la Suisse. Mais Horst Seehofer et Alexander Dobrindt ne voient pas.

Seule explication possible – les deux n’arrivent pas à avouer qu’ils ont présenté un projet pas vraiment bien ficellé. Donc, au lieu d’accepter une remise en question de cette malheureuse idée, ils insistent lourdement.

Cette attaque sur les relations transfrontalières à toutes ces neuf frontières a du naître lors d’une soirée bien arrosée. Car l’Allemagne, la Bavière y compris, souffre déjà aujourd’hui d’une pénurie de main d’oeuvre qualifiée et en vue des changements démographiques, cette situation durera. Comprendre : l’économie allemande a vitalement besoin de frontaliers qui viennent tous les jours travailler en Allemagne. Au lieu de faciliter ces échanges vitaux pour les partenaires des deux côtés de chaque frontière, Seehofer et Dobrindt mettent en péril les acquis des dernières décennies dans la coopération transfrontalière. Difficile de croire qu’ils aient eu cette idée sans quelques «Maß» de bière bavaroise réputée comme étant particulièrement forte.

Et Angela Merkel ? Elle est visiblement gênée par sa belle phrase prononcée pendant la campagne électorale : «Il n’y aura pas de droit de péage sur les routes allemandes sous une chancèlière Angela Merkel !» Tiens donc. Aujourd’hui, elle tente le grand écart : «Ce que je voulais dire», a-t-elle précisé, «c’est que les automobilistes allemands ne devraient pas payer plus qu’aujourd’hui.» Hm. Probablement, nous sommes trop bêtes, mais pour nous, ces deux phrases ne veulent absolument pas dire la même chose.

Peut être la CSU, qui souffre généralement d’un manque de visibilité au niveau national (elle n’existe qu’en Bavière), a voulu profiter de l’été pour se rappeler au bon souvenir de ses électeurs bavarois. Histoire d’avoir un peu de profile politique au sein de la Grande Coalition menée par la CDU et où le SPD fait le plus gros du travail. Alors, on propose du n’importe quoi, on lance un projet qui polarise et à la rentrée, on fait tranquillement demi-tour et on oublie le tout. Ce qui serait encore la meilleure des options.

1 Kommentar zu «Droit d’entrée» en Allemagne – la CSU insiste lourdement

  1. Yveline MOEGLEN // 31. Juli 2014 um 0:53 // Antworten

    Les oppositions exprimées à cette vignette sont purement électoralistes et choquantes… !
    Personne n’évoque les péages des autoroutes françaises … qui elles sont scandaleusement chères … ni la vignette suisse pour ses autoroutes à 40 € par an ….ni l’entrée en voiture dans la ville de Londres … !
    La gratuité en 2014 n’est plus à l’ordre du jour …. !!

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