Du Sud-Ouest de l’Europe au Proche-Orient

Des célébrations de la Nuit et du Jour des Rois en Espagne, contrariées par la pandémie de covid-19, à l’origine et aux fondamentaux de l’histoire...

Les mages en visite à Massalfassar, dans la Communauté Autonome Valencienne. Foto: Pacopac / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Jean-Marc Claus) – Le Jour des Rois, qui dans de nombreux pays hispanophones suit la Nuit des Rois, ne sera pas en Espagne aujourd’hui célébré comme les années précédentes. La pandémie de covid-19 n’ayant pas fini de bouleverser la vie de tout un chacun, les enfants auront bien sûr droit à leurs cadeaux, mais la joie ne pourra être totale. Pourtant, afin de préserver l’équilibre de tous, il importe de ne pas renoncer à ces moments privilégiés.

Vivant au rythme du calendrier liturgique, comme dans de nombreux pays de tradition catholique, beaucoup d’Espagnol(e)s ont besoin de ces repères intégrés dès l’enfance. Or il n’y a pas eu hier de défilé (Cabalgada de Reyes) comme le 5 janvier 2020, et en revisionner maintenant les images, a quelque chose de presque irréel. Pourtant, tout comme dans d’autres pays aussi cruellement touchés par la pandémie, l’être humain a su s’adapter. Il faut juste espérer qu’en 2022, la séquence 2020-2021 ne sera qu’un mauvais souvenir.

Mais comme l’a dit un certain président aux ambitions messianiques, plus rien ne sera comme avant. Il n’est cependant pas possible d’imaginer à cette heure, ce que seront l’an prochain, la nuit et le jour consacrés aux Reyes Magos (Rois Mages). A plus forte raison quand, à l’horizon 2022, il deviendra très certainement nécessaire d’en repenser les festivités, couverture vaccinale assurée ou pas.

Il y a deux mille et une vingtaine d’années, les mages du récit biblique n’avaient rien à voir avec les personnages fantasques incarnés par le trio Bourdon-Campan-Légitimus en 2001. Pas plus qu’ils n’étaient rois, d’ailleurs et encore moins d’ici. Cette tradition évoquant des personnages importants venus de loin, pour offrir de précieux présents au fils adoptif d’un charpentier palestinien, ne devrait laisser personne indifférent.

Car les mages, que l’on veuille croire l’histoire ou non, étaient en ce temps-là des savants. Savants qui avaient fait le déplacement jusqu’en Palestine. Or, qui aujourd’hui, se soucie encore de la Palestine ? Quel éminent Prix Nobel ou génial inventeur, a l‘idée de se rendre en Palestine ? Et lui serait-il permis de franchir la frontière ? Il y a tout lieu d’en douter…

En septembre 2018, l’Espagne voulait pousser l’Europe à reconnaître l’État Palestinien. Josep Borrell Fontelles (PSOE), alors Ministre des Affaires Étrangères, avançait que si l’Union Européenne ne pouvait parvenir à une décision unanime, il n’excluait pas de recourir au chacun pour soi. Le dossier reste pourtant en souffrance, alors que le Vatican a sauté le pas depuis 2015.

Par contre, début décembre 2020 Arancha González Laya, l’actuelle Ministre des Affaires Étrangères alors en visite en Israël et dans les Territoires Palestiniens, a annoncé que l’Espagne pourrait fournir aux Palestiniens des vaccins anti-covid-19 dédiés à des « contextes humanitaires ». Ce à quoi s’est associé Sven Kühn von Burgsdorff, le représentant de l’Union Européenne dans les Territoires Palestiniens, assurant qu’il fera en coordination avec l’ONU, tout ce qui est possible pour en faciliter l’accès aux personnes vulnérables.

Ainsi en cette Journée des Rois si particulière, l’Espagne peut-elle avancer tête haute, sur l’échiquier de la politique internationale. Ce dont n’auront pas conscience les enfants découvrant leurs cadeaux, mais ils pourront être fiers leurs parents, si tant est qu’ils s’intéressent au présent de ce petit bout de territoire, où ce sont rendus il y a bien longtemps les figures emblématiques et tutélaires qu’ils honorent aujourd’hui.

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