Economie : c’est… moins pire que prévu !

Alain Howiller commente les chiffres actuels de la Banque de France et de l’INSEE. La situation est compliquée, mais pas (encore) désespérée…

Le mot d'ordre du gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau - retrouver la confiance ! Foto: Jérémy Barande / Ecole polytechnique, Université Paris-Saclay / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.0

(Alain Howiller) – Oracle écouté sur la situation de l’économie française, François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, vient de constater que l’économie française est en situation moins difficile que ce qu’on pouvait redouter : « Nous sommes aujourd’hui à 5% en dessous du niveau d’activité pré-Covid. Nous espérons retrouver d’ici la mi-2022 le niveau d’activité d’avant le Covid ». Si -5%, alors qu’on s’attendait à un -8% de recul du Produit Intérieur Brut (PIB), peut être considéré comme… « moins pire »(!) que ce que les prévisions laissaient entendre, le fait que le gouverneur évoque un retour à une activité du niveau pré-Covid à la mi-2022, vient singulièrement doucher les espoirs de ceux qui espéraient un rebondissement plus rapide.

Pourtant, cet horizon est corroboré par la plupart des observateurs, y compris ceux qui suivent l’évolution de l’économie à travers le monde, qu’il s’agisse du Fonds Monétaire International (FMI) ou de la Commission Européenne. Certains, pour ce qui concerne l’Allemagne, par exemple, allant même, comme le « Handelsblatt Research Institut (HRI) », le « laboratoire de conjoncture » du quotidien économique allemand, jusqu’à évoquer un rétablissement en… 2023 !

France-Allemagne : quelle croissance ? – Une situation qui pourtant devra être appréciée, au sens premier du terme, à l’aulne d’une reprise de croissance estimée à +6% pour la France : « un taux qui », selon l’INSEE, « n’est pas inatteignable en 2021 ! » Une perspective « qui, pourtant, s’éloigne », selon le Ministre de l’Economie et des Finances. La plupart des conjoncturistes s’accordent pour prévoir un taux proche de 5%, lorsqu’en Allemagne, le Ministre de l’Economie, comme du reste la Bundesbank, évoque un taux ramené à +3%, tandis que le « Deutsches Institut für Wirtschaftsforschung – DIW » (Berlin), continue à s’appuyer sur un taux de +5,3%. En vérité, les prévisions sont difficiles (c’est un euphémisme !) dans la mesure même où l’évolution de la pandémie et la réussite des moyens mis en œuvre pour la combattre, sont imprévisibles.

C’est ce qu’a tenu à relever Julien Poujet, responsable du service conjoncture de l’INSEE, soulignant : « Nous avons été surpris deux fois cette année : par la vitesse de la reprise après le premier confinement et par la résistance de l’économie pendant le deuxième confinement ! ».

Une chute limitée du pouvoir d’achat ! – En attendant, la chute du pouvoir d’achat a pu être encadrée (-5% en 2020 selon le Conseil d’analyse économique, mais entre -5 et -10% pour les jeunes qui ont souvent perdu les emplois précaires dont ils vivaient) et la montée du chômage, ont encore pu être limitées (des deux côtés du Rhin) grâce à l’intervention des pouvoirs publics. Mais un terreau de crise sociale est né avec les incertitudes sur l’avenir, les risques de chômage dont il est impossible de prévoir l’ampleur éventuelle, la perspective d’un arrêt (pourtant écarté) des mesures gouvernementales. S’y ajoutent des échéances électorales que certains n’hésitent plus à essayer d’exploiter. Le fait que 78% des « Directeurs des Ressources Humaines (DRH) » n’envisagent pas de mettre en place des plans de licenciements, selon un sondage de l’Association Nationale des DRH, ne rassure pas.

Si la CGT a annoncé un « printemps social », c’est aussi pour essayer de ravir à la CFDT la place de premier syndicat de France, en séduisant les 5 millions d’électeurs qui doivent désigner, entre le 22 Mars et le 4 Avril, les délégués syndicaux, les membres des conseils économiques et sociaux, les juges des prudhommes(1).

La situation dans le Grand Est. – Interrogeant les chefs d’entreprises, au niveau national, la Banque de France (BDF) note qu’ils estiment que : « Pour le mois de février, ils tablent sur une stabilité de l’activité dans l’industrie et le bâtiment et une très légère baisse dans les services. » Pour le Grand Est, la note de conjoncture établie par la direction régionale (Strasbourg) la BDF relève : « production industrielle et effectifs en repli, mais reconstitution des carnets de commandes. Activité stable à court terme, accompagné d’un léger redressement des effectifs. Hausse de la demande et du nombre de prestations pour les services marchands avant une contraction des volumes en février… ».

La stabilité attendue dans l’industrie, qui pourtant avait connu plusieurs mois de hausse, se traduira par une stabilité relative des effectifs. Dans le bâtiment, perspectives de hausse, notamment dans le gros et le second œuvre, mais baisse dans le secteur des Travaux Publics. Dans les services marchands, les chefs d’entreprise escomptent un léger redressement des effectifs, malgré une activité globalement en retrait. Bref… à l’Est rien de bien nouveau(2).

Se sortir de la politique d’aide ! – Alors que les ministres de l’économie et des finances de l’Union Européenne ont, pour la première fois, lors d’une visioconférence, évoqué la manière dont ils pourraient procéder à la diminution des aides versées dans le cadre des mesures anti-pandémie, les échanges n’ont pas (encore ?) abouti et les choses en sont restées là. Le sujet, pourtant, s’imposera bien qu’il y a quelques jours, Angela Merkel elle-même, avait rappelé que : « Les aides ne peuvent pas être éternelles ». Le propos n’a pas été relevé et le sujet de la visioconférence n’a pas retenu l’attention. Cela sans doute est… heureux au moment où, selon un sondage d’IPSOS, 81% des Français (cela ne surprendra pas grand monde !) ont estimé que le gouvernement avait raison de soutenir les ménages comme les entreprises.

« On doute un peu de nous-mêmes en France, alors que la confiance, c’est le démarreur. La confiance des particuliers qu’ils puissent consommer et ainsi soutenir l’activité, la confiance des entrepreneurs qu’ils puissent investir et embaucher… » Quelle meilleure conclusion trouver, ici, si ce n’est ce propos du gouverneur de la Banque de France qui vient de publier, chez l’éditeur Odile Jacob, un ouvrage intitulé : « Retrouver confiance. »

(1) Voir eurojournalist.eu du 31.10.2020.

(2) Voir eurojournalist.eu du 23.02.20212.

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