Economie : des lueurs d’espoir, mais pas encore de sortie du tunnel !

Malgré quelques signes positifs, l’économie française et alsacienne ne décolle que très doucement. Peut être trop doucement ?

C'est la saison : les feuilles tombent, tout comme les feuilles d'impôts... Foto: Hermes from Mars / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(Par Alain Howiller) – Voilà donc revenu l’automne, le temps où les arbres, une fois débarrassées de leurs feuilles jaunies tombées, montrent le squelette noir de leurs troncs révélés. C’est, en France, le moment où les feuilles d’impôts tombent dans les boîtes aux lettres, où les économistes font le bilan de l’été, auscultent l’économie pour essayer de jauger une éventuelle reprise et esquisser des prévisions sur la manière dont la situation économique abordera l’hiver ! Comme toujours, la rentrée 2015 aligne de trop rares bonnes nouvelles qui ne peuvent occulter ce que l’économie peut générer de réserves voire de doutes.

Si la reprise économique reste timide, tant sur un plan national que sur le plan régional alsacien et si les experts (y compris ceux du gouvernement) se battent pour savoir si la croissance française dépassera plus ou moins 1% avant 1,5% en… 2016, ils n’insistent guère sur le fait que ces prévisions -même en léger progrès- ne permettront pas, en l’état, d’inverser sensiblement la courbe du chômage, cette plaie française.

Hollande : un «accro de la baraka» ! – Il faut que François Hollande soit un «accro de la baraka» (qui jusqu’ici lui a toujours été bénéfique, il est vrai !) pour continuer à affirmer, y compris lors de sa conférence de presse du 7 Septembre, qu’il ne solliciterait un deuxième mandat présidentiel que si la courbe du chômage s’ inverse de manière significative.

Parmi les bonnes nouvelles de cette rentrée la hausse (y compris en Alsace) des emplois intérimaires qui sont souvent un bon révélateur de reprise économique, le recul des faillites d’entreprises, la progression des ventes automobiles qui accompagne une reprise dans cette branche (y compris en Alsace), une relance dans l’immobilier qui ne peut que secourir le secteur du bâtiment en grande difficultés, une progression dans l’emploi transfrontalier qui laisse augurer de bonnes perspectives en Alsace. La légère progression du nombre de visiteurs (194.319 contre 192.495 en 2014) et une augmentation des dépenses (le panier moyen passe de 246 euros à 421) à la 83ème Foire Européenne de Strasbourg, constituent également un bon baromètre de la tendance du moment. La production industrielle progresse en août, dans le sillage d’une demande qui ne faiblit pas, relève de son côté la dernière note de conjoncture publiée par la Direction (Strasbourg) de la Banque de France qui précise : «Dans les services, l’activité et la demande se stabilisent».

L’économie alsacienne «peut mieux faire !» – La note souligne notamment que «la production industrielle connaît un léger rebond en août,… les livraisons progressent dans l’automobile qui bénéficie d’une bonne progression du marché,… la fabrication d’équipements électriques, la construction automobile et le bois-imprimerie bénéficient d’un bon courant d’ordres,… le taux d’utilisation (76%) des capacités de production progresse, mais demeure toujours en deçà de la moyenne de longue période.» Mon professeur de mathématiques commenterait cette «note» d’une sobre remarque du style : «peut mieux faire !»

Le 8ème baromètre de conjoncture établi (baromètre publié régulièrement depuis 2011) par la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) d’Alsace incite à un peu plus d’optimisme d’autant que seuls 14% des chefs d’entreprise consultés dans le cadre de cette enquête considèrent que l’environnement de leur entreprise sera défavorable dans le deuxième semestre 2015 ! Pour les 6 prochains mois, relève la note de conjoncture : «Le moral des chefs d’entreprise alsaciens est à nouveau au beau fixe puisqu’ils entrevoient une amélioration globale de leur situation : tous les indices d’évolution devraient progresser et passer au vert !» [Lien vers le rapport de la CCI. Les chefs d’entreprise ont pu vivre une amélioration de leurs investissements et de leur trésorerie, au cours du premier semestre de cette année. Le premier semestre 2015 a vu se stabiliser les effectifs alors qu’on s’attend à leur augmentation d’ici à la fin de cette année (+5 points dans l’indice des effectifs).

Un léger optimisme. – Ce léger optimisme qui s’est peut-être esquissé dès le mois de Juillet en Alsace (voir eurojournalist.eu du 10 Septembre) avec cette très légère diminution (-0,2%) du chômage résistera-t-il à un certain nombre de doutes, au premier rang desquels il faut placer la récente décision du gouvernement de reporter du 1er Janvier au 1er Avril 2016 la prochaine tranche d’allègements des charges pesant sur les entreprises. Ce n’est pas la traduction en argent de la décision qui a été mal accueillie par les chefs d’entreprise, mais plutôt le fait que -selon une technique souvent utilisée- le gouvernement revient sur un engagement pris : la confiance dans la parole donnée en prend un fois de plus un coup, alors.

On sait bien que c’est la stabilité de l’environnement de l’entreprise et la confiance qui sont des moteurs essentiels de la croissance. Ce sont aussi, les éléments essentiels de l’attractivité du pays vis à vis des investisseurs étrangers !

Quand la politique s’en mêle ! – L’impact de cette décision est d’autant plus fort que les observateurs y voient, au delà d’une mesure d’économies (relatives !), la volonté du gouvernement d’envoyer un signe positif à l’aile «gauchiste» (les «frondeurs») du parti socialiste au pouvoir qui pourtant se veut «social-démocrate». Moodys ne s’y est pas trompée lorsque l’agence de notation américaine a légèrement dégradée la note de la dette souveraine de la France en raison d’une reprise économique lente et des contraintes politiques et institutionnelles qui continuent de peser sur la situation économique et sur les réformes.

Il n’aura échappé à personne que c’est, à très peu de choses près, ce que laisse entendre Didier Michaud, Président (socialiste) de la Cour des Comptes lorsqu’il souligne l’insuffisance de la baisse des dépenses publiques et lorsqu’il regrette, tout en saluant les efforts entrepris, le décalage entre les mesures engagés et… leur effet ! Il reste, décidément, encore beaucoup de chemin à parcourir pour retrouver un indispensable équilibre. La «sortie du tunnel» tarde à se concrétiser !

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste