Economie : la relance, restera-t-elle en… plan ?

Alain Howiller commente l’actuelle « Note Conjoncture » de la Banque de France. La relance, souhaitée par tout le monde, dépend en grande partie du succès des vaccinations.

La Banque de France affiche un certain optimisme concernant la relance économique. Foto: © Ralph Hammann / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Alain Howiller) – Ce pourrait être une déclaration franco-allemande commune à l’heure où, jusqu’à ces derniers jours marqués par une démarche commune auprès de Moscou à propos de l’Ukraine, il n’y en avait plus beaucoup ! « La troisième vague n’est pas derrière nous », a déclaré Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement français à l’issue du dernier conseil des Ministres, une déclaration à laquelle son homologue de Berlin aurait pu souscrire, s’il n’était pas -comme Angela Merkel- engoncé dans le débat sur la manière dont l’état fédéral pourrait s’imposer aux « Länder » dans la lutte contre la Covid !

A Berlin comme à Paris, on constate l’effet des dernières mesures adoptées pour essayer de freiner grâce à la vaccination, la progression de la pandémie. En constatant que la croissance de l’économie allemande serait de +3,7% en 2021 (+3,9% en 2022 et 4,9% en 2020 !), le « Deutsches Institut für Wirtschaftsforschung – DIW » de Berlin souligne : « Les nouvelles mesures prises pour lutter contre la pandémie reportent la reprise » qui elle, devrait cependant se concrétiser à partir de mi-Mai, se renforcer avec le début de l’été et s’affirmer au début de 2022. A Paris, on est sur la même longueur d’ondes, le Président de la République tablant sur une progressive « sortie de crise » à partir de… mi-Mai !

Et si l’humour était un antidote ! – Depuis la mise en place sur l’ensemble du territoire de nouvelles restrictions, Bruno Le Maire, le Ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance, a cru devoir ajouter : « A l’été, l’économie française surprendra par sa capacité de rebond, de création d’emplois, d’innovation ». Pourtant, son ministère, rejoignant la Banque de France, a ramené les prévisions de croissance de +6 à +5% pour cette année. Le Gouverneur de la Banque de France a néanmoins introduit ce bémol : « Les prévisions pourraient être au-dessus de 5% si », dit-il, « les restrictions supplémentaires actuelles ne se prolongent pas au-delà du mois de Mai. »

L’avenir nous dira ce qu’il en sera de ces perspectives auxquelles le Fonds Monétaire International (FMI) vient d’ajouter un nouvel élément en avançant que la croissance pourrait atteindre +5,8% en France, cette année ! Décidément -qu’on me permette d’en appeler, dans ce contexte un peu (?) austère- à cette citation de l’humoriste français Pierre Dac qui disait : « La prévision est difficile, surtout lorsqu’elle concerne l’avenir ! »

Une activité raffermie, malgré le repli ? – Examinant la conjoncture des dernières semaines, la Banque de France a pu constater, en interrogeant les chefs d’entreprises, que : « Malgré les mesures sanitaires, avec des restrictions renforcées, l’activité s’est raffermie dans l’industrie comme dans les services et le bâtiment ». Et le commentaire de préciser : « Pour le mois d’avril, les chefs d’entreprises anticipent un léger repli de l’activité : environ 80% d’entre eux ont répondu après les annonces du 31 Mars, concernant le renforcement des mesures sanitaires… nous estimons que la perte de PIB par rapport au niveau d’avant crise serait de 7% en avril, soit du même ordre de grandeur que lors du précédent confinement de novembre (mais durant lequel les crèches et établissements scolaires étaient ouverts) et quatre à cinq fois moins importante que lors du premier confinement d’avril 2020. Ceci témoigne d’une résilience accrue de l’économie aux contraintes sanitaires. »

Traitant de la situation économique dans le « Grand Est », la Banque de France -Direction de Strasbourg- note à propos de l’industrie (qui représente un peu plus de 18% de l’emploi total) : « Nouvel accroissement de l’activité et légère contraction des effectifs. Bonne tenue des commandes. Stagnation des cadences de production prévue en avril à l’instar des moyens humains. » Les chefs d’entreprise prévoient une stabilité des cadences de production pour les semaines à venir et un maintien des effectifs. Si donc, pour ce qui est de l’industrie, le maintien des effectifs qui n’exclut pas des… aménagements, est un objectif, qu’en est-il dans les services marchands qui représentent 18,4% de l’emploi total ?

Industrie et services dans le « Grand Est ». – « Progression de l’activité et des effectifs avec des disparités sectorielles », relève la banque qui poursuit pour les services marchands : « Trésoreries confortables. Ralentissement de l’activité pour les semaines à venir. » Si les ventes du secteur ont progressé en Mars, le niveau d’activité reste de 9 points en dessous de la normale, souligne encore la banque.

Le relatif optimisme que nourrit le constat de « résilience » relevé par une Banque de France qui peut difficilement être suspectée, au contraire de la plupart des « hommes de pouvoir », de pratiquer la méthode Coué, se vérifiera-t-il dans les semaines qui viennent ? Rien n’est moins sûr ! A l’heure où tardent les aides qui devraient venir du plan de relance de l’Union Européenne (UE) : cette dernière se divise sur la répartition des vaccins, la Cour Constitutionnelle de Karlsruhe évalue la légalité du Plan de Relance, Pologne et Hongrie contestent devant la Cour de Justice Européenne les obligations de respect des valeurs qui conditionnent l’aide européenne, certains pays veulent qu’on en revienne au respect des 3% de déficit prévus par les Traités Européens… Pendant ce temps, l’économie américaine se redresse à grande vitesse et la conjoncture chinoise frise, déjà (!), la surchauffe ! Et les économies de l’UE attendent toujours ce vaccin dont on ne parle pas : la relance économique. Pourvu qu’elle ne reste plus trop longtemps en… plan !

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste