Economie : le trou d’air qu’on redoutait

La 5e vague pandémique met la reprise en péril. Déjà, on corrige les projections de croissance vers le bas...

Un bateau nommé "Espoir" dans le port d'Anvers. Il ne faut surtout pas qu'il coule, celui-là... Foto: Alf van Beem / Wikimedia Commons / CC0 1.0

(Alain Howiller) – Quinze jours à peine après avoir salué le rebond (+5% de croissance pour prévus pour 2021) d’une économie qui, dans l’Union Européenne, reprenait vigueur plus vite que prévu, le Commissaire Européen chargé des problèmes économiques -l’Italien Paolo Gentiloni- faisait marche arrière, effaré par la brutale et nouvelle offensive de la Covid-19. « Des vents contraires croissants nous obligent à rester vigilants », a-t-il commenté prudent, alors que son compatriote Fabio Panetta, membre du directoire de la « Banque Centrale Européenne – BCE » souligne que, finalement, compte tenu des obstacles qui se cumulent ces dernières semaines, la croissance pourrait bien être nulle en ce quatrième trimestre et peser sur le résultat final de l’année !

A la veille de la réunion, le 16 Décembre à Francfort, du conseil des gouverneurs de la BCE, les spécialistes ciblent ces obstacles qui menacent : l’inflation, la hausse des prix et son inévitable corollaire, les revendications salariales, la pénurie dans les approvisionnements, les difficultés dans les transports qui freinent les livraisons et surtout, l’aggravation spectaculaire de la Covid-19, renforcée par la menace que fait peser le nouveau variant-mutant Omicron, venu d’Afrique Australe !

Un défi pour le nouveau ministre des finances allemand ! – Dès lors, la BCE n’aura sans doute pas le choix : il lui faudra continuer à soutenir les économies de l’Union Européenne tout comme les gouvernements (en France, Bercy étudie déjà cette possibilité), ne pourront pas éviter de poursuivre une politique d’aide, n’en déplaise à Christian Lindner, le nouveau ministre allemand des Finances (FDP), promoteur d’un retour aux équilibres budgétaires ! L’économie allemande est du reste, l’une des économies les plus menacées par l’aggravation de la Covid-19 et la fameuse -et inutile- déclaration de Jens Spahn (CDU), ministre sortant de la Santé, n’est pas faite pour soutenir le moral d’un pays éprouvé : n’a-t-il pas déclaré : « A la fin de l’hiver, les Allemands seront vaccinés, guéris ou morts ! » ?

En France, l’économie faisait preuve d’une belle vitalité avant le rebond du virus, la consommation s’était redressée, la création d’entreprises avait repris, les livrets d’épargne affichaient les premières ponctions dans la perspective des achats de fin d’année et le président de la République faisant le bilan du chômage, évoquait une progression vers le… plein emploi !

Economie française : la croissance menacée. – « L’économie française a retrouvé son niveau de pré-crise durant le 3ème trimestre », relevait la note de conjoncture publiée le 15 Novembre par la Banque de France – BDF, soit nettement plus tôt que prévu. « En Octobre, selon notre enquête, l’activité a été globalement stable dans l’industrie et le bâtiment et a continué à progresser dans les services marchands… Après une augmentation continue au cours des mois précédents, les difficultés de recrutement s’atténuent quelque peu… mais concernent encore près de la moitié des entreprises. Les difficultés d’approvisionnement sont un peu moins fortes (ndlr : en octobre) que les mois précédents dans le bâtiment, mais elles se maintiennent dans l’industrie. »

Dans le Grand Est, les chefs d’entreprise ont noté -au contraire de ce qui a été relevé au niveau national- un tassement d’activité et d’approvisionnement : du coup, les entreprises privilégient le recours aux heures supplémentaires plutôt qu’à des recrutements que préfèrent, par contre, le secteur « équipements électriques, électroniques, informatiques et autres machines ». Ce secteur représente 18% des effectifs industriels, l’industrie représentant, on le sait, 18% de l’emploi total dans le Grand Est.

Grand Est : services marchands en reprise. – Dans les services marchands (18,3% de l’emploi total dans la région), l’activité avait bien repris en octobre et novembre, un certain optimisme s’installant même avec la manifestation de besoins de recrutement difficiles à satisfaire, compte tenu de l’état du marché du travail.

Face à une situation économique qui, du FMI à la BCE, de l’OCDE à la Commission de Bruxelles, marquait, l’un dans l’autre, des signes de reprise, le nouveau rebond de la Covid-19, dont le continent européen s’avère être aujourd’hui le principal foyer, rebat les cartes de l’avenir. Les 164 membres de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) devaient se réunir ces jours-ci à Genève pour étudier la situation du monde qui risque de vivre à nouveau, le retour des barrières entre pays, alors que le tourisme mondial et le commerce donnaient des signes de relance. Les délégués ont finalement préféré reporter cette rencontre en raison de la situation créée par le rebond pandémique. Le monde est déjà entrain de vivre un sacré trou d’air !

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