Economie : quand le Père Noël a du… retard !

Alain Howiller sur l'évolution du chômage et le rapport difficile entre François Hollande et les Français.

Dans le meilleur des mondes, le chômage n'existe pas. Mais là, c'est Utopia et non pas la réalité... Foto: Daskunstmuseum / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(Par Alain Howiller) – Que les mélomanes me pardonnent cette comparaison un peu (je l’avoue !) iconoclaste… Sacha Guitry, l’auteur-réalisateur et comédien français avait été le père de cette affirmation devenue célèbre : « Lorsqu’on vient d’entendre un morceau de Mozart, le silence qui lui succède est encore de lui !… » Faut-il étendre la formule à Noël : « Lorsqu’on reçoit un cadeau du Père Noël, le lendemain de la nativité, le cadeau est-il encore du Père Noël ?…. » C’est la question que les membres du tout nouveau gouvernement de Bernard Cazeneuve peuvent légitimement se poser : ne viennent-t-ils pas de recevoir, quasiment en parallèle de leur prise de fonctions, sous la forme d’un bouquet de statistiques, un véritable… cadeau tombé du ciel ! Les chiffres seront repris par l’ensemble des médias qui les déclineront, enthousiastes, avec plus ou moins de vigueur (rigueur ?). « Chômage : un troisième mois de baisse d’affilée » disent les uns – « Chômage : une inversion tardive de la courbe » disent les autres.

Et de fait les chiffres publiés le 26 (!) Décembre mettent en exergue le fait que les résultats de Novembre (les derniers connus) traduisent un troisième mois consécutif de baisse du nombre de demandeurs d’emplois sans activité ! Leur nombre a baissé de près de 32.000 sur un mois, de près de 110.000 en trois mois et de 132.000 sur un an !

Toujours l’inversion de la courbe du chômage ! – Il est vrai qu’on peut parler, en l’occurrence, d’une forme relative de baisse de la courbe du chômage et que celle-ci ne saurait sans doute pas correspondre à la « baisse significative » que François Hollande avait annoncée il y a trois ans. Les chiffres marquent, en fait, un retour à ceux que le président de la République avait trouvé, en 2012, lors de sa prise de fonction. Il n’empêche : un progrès est un progrès, même s’il survient tardivement et avec moins d’ampleur qu’espéré.

Du reste, il n’est pas absolument certain que si ces données avaient été connues quelques semaines plus tôt, François Hollande, au lieu de céder à de multiples pressions, aurait annoncé qu’il briguerait un nouveau mandat présidentiel en 2017 ! La trahison des uns, la pression des autres (y compris de ses proches), la confrontation avec près d’une dizaine de candidats à la primaire de la gauche dite de la « Belle Alliance Populaire » (!) l’ont fait hésiter et l’ont poussé à annoncer sa renonciation à un nouveau mandat !

Hollande regrette-t-il sa décision ?… – Il n’en demeure pas moins que d’après des confidences publiées par nos confrères du « Point », le Président sortant aurait regretté sa décision et ce… dès le lendemain de son annonce ! Pourtant, les sondages ont souligné que sa décision a été approuvée par l’immense majorité des Français ! C’est certainement cette décision -et non les résultats dont il se vantait- qui explique que François Hollande, qui avait connu 4% de taux de popularité (1), s’est retrouvé à faire un bond dans la popularité !…

Il s’est retrouvé, après son annonce, à 39% de bonnes opinions tandis que Bernard Cazeneuve, dont le Président a fait son Premier Ministre, s’est vu crédité de 56% de bonnes opinions, face aux « ténors » actuels de la politique : Arnaud Montebourg et Emmanuel Macron (51% de bonnes opinions), Jean-Luc Mélanchon (49%), François Filon (48%), Martine Aubry (47%), François Bayrou et Manuel Valls ( tous deux à 45%).(2)

Ce dernier ne tire pas partie du fait qu’il a quitté ses responsabilités de Premier Ministre pour être candidat à la primaire de la gauche qu’il ne semble devoir emporter (s’il réussit) qu’avec beaucoup de difficultés. Il peine à rassembler et surtout –au grand regret de François Hollande que certains ne désespèrent pas de voir revenir un jour en politique (!)-, il peine à défendre le bilan du Président sortant !

Pas de quoi sauter de joie !… – Pour la gauche pourtant, rassembler et défendre un bilan est essentiel car, comme une large majorité de français le souligne dans les sondages, les échéances électorales à venir seront placées sous le signe de la situation économique. Si une partie des résultats en matière de chômage ont été obtenus par une reprise des créations d’emplois par les entreprises (180.000 emplois créés depuis le début de l’année dont 51.000 créés au 3ème trimestre), les aides de l’état, le plan de formation des jeunes ont été déterminants pour sortir un nombre important de chômeurs des statistiques.

Au moment où le taux de croissance a été ramené de 1,5%, puis 1,3% et, enfin, à 1,2% du PIB, rien n’est réglé même si les observateurs pensent que la décroissance du chômage se poursuivra au moins jusqu’à la fin du premier semestre voire la fin de l’année 2017 où le taux de chômage devrait se situer à 9,3% !

Pas de quoi sauter de joie alors que d’importantes échéances apolitiques se dessinent notamment en France, en Allemagne et aux Etats Unis !… Le Père Noël 2017 sera-t-il plus généreux que son « ancien » de 2016 ?

(1) Voir eurojournalist.eu du 27 Octobre 2016.

(2) Voir eurojournalist.eu du 8 Décembre 2016.

(3) En Alsace le nombre de demandeurs d’emploi sans activité a baissé de 3,1% dans le Bas-Rhin (- 1.790 personnes) et de 3% dans le Haut-Rhin (- 1.260 personnes). Dans le « Grand Est », la diminution sur un an, a été de 3,6%. Dans sa dernière note de conjoncture, la Direction Régionale de la Banque de France relevait « La production et les livraisons se redressent nettement en novembre après un mois d’octobre stable. La demande progresse à nouveau tant sur le plan domestique qu’à l’export…. La production pourrait encore croître à court terme pour honorer les commandes déjà en carnet. L’activité et la demande connaissent un accroissement sensible dans les services. Les chefs d’entreprise espèrent conserver cette orientation au cours des prochaines semaines. »

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