Ecosse : Romantisme, finances et pétrole

Les Huit Manifs et les Douze Travaux de Nicola

Le château de Friars, où le grand poète Robert Burns se rendait souvent Foto: Rosser1954/Wikimédia Commons/CC-BY-SA/PD

(Marc Chaudeur) – Samedi dernier, à Glasgow, a eu lieu la première des manifestations organisées par le SNP et prévues dans huit villes du pays pour demander la tenue d’un nouveau référendum sur l’indépendance de l’Ecosse. Des dizaines de milliers de manifestants pour une nette augmentation de l’audience et du nombre de militants du Parti National Ecossais, une dirigeante d’un calibre exceptionnel, une économie florissante mais qui pose quelques problèmes : l’année 2020 risque d’être réellement décisive au pays de Braveheart, de Robert Burns et de Sean Connery.

Au fil des années, le nombre de partisans du Brexit est devenu de plus en plus minoritaire et le SNP, ardent défenseur du Remain, gouverne le pays en la personne de Nicola Sturgeon et d’une forte majorité parlementaire : 48 sièges sur 59, soit 80 % des députés… La manifestation de samedi avait pour objet la tenue d’un second référendum, puisque le premier, qui s’est tenu en 2014 (il y a déjà 6 ans, donc, à l’époque de David Cameron) avait eu pour résultat que 55 % des votants s’étaient prononcés pour le maintien dans le sein venimeux du Royaume-Uni), mais que la situation s’était considérablement modifiée après le vote sur le Brexit, au printemps 2016 : lorsqu’ une très courte majorité des Britanniques avait voté pour le Brexit, les thèses du SNP ont beaucoup gagné en crédibilité, puisque les Ecossais ont confirmé leur attachement à l’Union européenne – à 62%.

Et le mouvement vers le Remain… et l’indépendance écossaise ont encore gagné en importance – le SNP sachant exploiter et renforcer le lien aujourd’hui intime entre les deux positions, celle quant à l’appartenance européenne et celle concernant l’indépendance.

Les manifestations suivantes, qui s’égrèneront dans le grandes villes écossaises au cours de l’année, doivent appuyer la demande de référendum. Celui-ci, comme en 2014 et en 2017, aura pour base le Scotland Act de 1998, un joli progrès de la juridiction britannique. Boris Johnson respectera-t-il la demande de la majorité des Ecossais ? On ne sait… Mais peu de monde semble relever que les prochaines législatives risquent de retarder ledit référendum jusqu’à 2021 !

Et cette Indépendance, qui rompra des liens complexes, à la fois de sujétion et d’union réalpoliticiennes, qui datent de quatre siècles ?

L’attitude anti-Brexit de plus des 3/5èmes des Ecossais s’explique largement par l’affirmation, largement propagée par le SNP, que le Brexit coûterait au pays des dizaines de milliers d’emplois. Ce qui semble partiellement vrai. Par ailleurs, certaines aides britanniques cesseront évidemment d’affluer. L’économie est en bonne santé, au Nord du Mur d’Hadrien : elle se situe au niveau de la Finlande ou de l’Irlande. Elle présente cependant des aspects incertains, ou peu engageants, qui peuvent trancher avec le romantisme post-post-moderne de la revendication indépendantiste. Importants : l’exportation du whisky (40 bouteilles produites par seconde) ; la finance (on connaît le goût des Ecossais pour l’épargne : le pays est effectivement au premier rang mondial pour la gestion de l’épargne…). Et le pétrole de la Mer du Nord, pétrole qui a bien mauvais presse aujourd’hui et qui comme on sait, est soumis à d’importantes fluctuations qui influent beaucoup sur le montant du PIB. Et la centrale nucléaire de Torness, en fonction depuis 1988.

Des remarques mi-figue, mi-raisin qui n’entachent nullement une constatation factuelle et de principe : la majorité des Ecossais est favorable à l’Indépendance. La majorité est favorable aussi au maintien dans le giron de l’Europe – et de l’Union européenne. Les Britanniques seront tenus de respecter démocratiquement cette volonté populaire. Et les Européens de l’aider à se réaliser.

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