Egalité femmes – hommes (et réciproquement !)

Malgré tout ce que l'on pourrait penser, la route vers une véritable égalité femmes-hommes est encore loin. Foto: Fred Bchx, Tournai, Belgique / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(Par Gervaise Thirion) – Le Conseil de l’Europe vient de publier le premier rapport annuel sur sa Stratégie pour l’égalité entre les femmes et les hommes 2014-2017. A consulter dans tous ses détails sur le site www.coe.int pour les plus concernées.

Dans le prolongement d’une recommandation, sur la protection des femmes contre la violence, cette stratégie avait été adoptée à l’unanimité par le comité des ministres en 2013.

Fort de son rôle de pionnier pour l’établissement de normes juridiques et politiques solides dans le domaine des droits de l’Homme et convaincu que le renforcement de la démocratie et de l’Etat de droit passe forcément par l’égalité de facto entre les hommes et les femmes, le Conseil de l’Europe propose un vaste chantier autour de 5 objectifs prioritaires pour en venir au de jure. Du fait à la loi, de l’intention à la réalisation, en clair.

Les cinq objectifs stratégiques – Le premier est de «lutter contre les stéréotypes de genre et le sexisme», audacieux programme tant on sait que même dans les pays où la discrimination fondée sur le genre n’est pas inscrite dans la loi, elle persiste malgré les législations sur l’égalité.

Les quatre autres ont pour but de garantir l’égalité d’accès à la justice ; poursuivre la lutte contre la violence à l’égard des femmes. Le point fort est sans doute l’entrée en vigueur de la Convention dite d’Istanbul, instrument qui constitue déjà une référence mondiale, par l’ONU et qui s’est vu décerner le prix «Vision Award 2014».

En second lieu, assurer une participation équilibrée à la prise de décision politique et publique, puis intégrer dans toutes les politiques et dispositions une démarche soucieuse d’égalité entre les femmes et les hommes.

Certes, la situation s’est améliorée au cours des dernières décennies mais… la domination masculine, solidement ancrée dans les mentalités, pourrait-elle prendre fin un jour ? Quatre années pour y parvenir… Quel challenge ! On a quand même le droit de rêver, avec des espérances légitimes.

«Mais qui va garder les enfants ?» Cette «sortie» (boutade ou vrai machisme ?) de l’un de nos politiciens, ne date pas du siècle dernier (il s‘agit de Fabius apprenant la candidature de Ségolène). On pourrait citer bien d’autres exemples, plus ou moins ridicules ou cruels, et il y a fort à parier que dans les 46 autres pays membres, on peut dresser une liste non exhaustive, mais très longue, de ce type de «grâces» à l’égard des femmes. La tâche est rude.

De plus, l’Histoire ayant montré que les périodes de «crise et d’austérité» sont souvent sources de régression en matière de Droits Humains et que les femmes se retrouvent toujours en première ligne pour en faire les frais, on ne peut qu’être sceptique quant à la réalisation du projet. Dans le monde du travail, bien sûr et là où la plupart d’entre elles ne connaissent pas Lysistrata. On pourrait leur conseiller cette pièce antique d’Aristophane. En clair : «si vous continuez à faire les héros de guerre, nous nous refuserons à vous» Cela a marché. Alors, que les femmes s’efforcent d’abandonner leur pessimisme congénital.

Les moyens de la mise en œuvre - Au-delà du texte pétri de bonnes intentions de la «stratégie», le rapport annuel établit une sorte d’état des lieux, un aperçu général des progrès, un recensement des lacunes et obstacles dans les divers états-membres.

En annexe, le tableau indicatif des activités en cours et achevées, dresse l’inventaire d’évènements, manifestations, rencontres, échanges, conférences, boites à outils, séminaires, publications de brochures et manuels, le tout mené en partenariat avec des organisations régionales et internationales (UE, OSCE, ONU femmes..), des ONG ( Amnesty International, Human Right Watch..), les parlements nationaux, des membres de la société civile choisis pour leur expérience de spécialistes…

L’accent sera mis sur la communication afin d’assurer la visibilité et la promotion des normes du Conseil de l’Europe et de sensibiliser l’opinion publique pour que les mots finissent par se transformer en actes.

L’espoir est permis. – Il n’y a pas lieu de douter de l’efficacité du travail mené par tous les acteurs concernés mais, à quel rythme, synchrone en plus ? Ici et là on relate des résultats plutôt encourageants :

En France, la promulgation au journal officiel, le 5 août 2014, de la loi sur l’égalité femmes-hommes. A quand les décrets d’application, dans les 47 pays membres ?

La Convention d’Istanbul, sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique (Prix Vision Award 2014) est considérée comme l’exemple parfait d’un cadre juridique complet par ONU.

La Serbie a mis en place un organe de coordination pour l’égalité entre femmes et hommes
La «Boîte à outils» du centre d’expertise sur la réforme de l’administration locale est utilisée en Arménie, en Serbie, en Ukraine, bientôt en Pologne et à Malte.

A l’initiative du gouvernement islandais, une «Conférence Barbershop» a été organisée les 14 et 15 janvier 2015 au siège de l’ONU en vue d’un changement de discours chez les hommes

On avance, on avance…

Mes dames et compagnons de voyage :

«Hâtez vous lentement, et sans perdre courage,
vingt fois sur le métier, remettez votre ouvrage» (N. Boileau)

Telle pourrait être la devise de ce long combat… qui finira bien par être gagné… par les générations futures et peut-être avant, si vous le vouliez.

3 Kommentare zu Egalité femmes – hommes (et réciproquement !)

  1. Ich hoffe den Worten folgen Taten!

    http://www.bmfsfj.de/BMFSFJ/gleichstellung,did=213786.html

    Leider ist von den vor ca. 15 Jahren begonnenen Initiativen zum Thema „Gender“ heute nicht mehr viel zu hören… Wer sich (u.a. über geschichtliche Entwicklungen) informieren will, kann dies auf dieser Homepage tun:

    https://www.uni-due.de/genderportal/gender.shtml

  2. Merci, Gervaise, pour cet article. A l’heure où les Américaines se rebiffent, où la terreur biffe l’humanité à grands coups de machisme, souvenons-nous aussi, tout simplement, de la Phénicienne Europe. Cette figure féminine sort de l’Orient et de la nuit des temps pour apporter la joie de la liberté, par-dessus le marché avec les deux moyens qui permettent d’y accéder toujours mieux, toujours plus nombreux : l’écriture la plus commode et la plus efficace des navigations ! Bon vent donc à ces avancées aussi urgentes qu’exigeantes.

  3. Es ist so? Solte es so bleiben?
    Dans certaines catégories de la fonction publique , l’égalité existe.. Comme y appelle, MmeThirion, “réciproquement” . Mais parfois les femmes l’emportent, seulement parfois …

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