El Madroño, village libre de Covid-19

Un petit village du sud de l'Espagne échappe encore et toujours à la pandémie de Covid-19.

El Oso y el Madroño, les symboles héraldiques de la capitale espagnole. Foto: David Adam Kess / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Jean-Marc Claus) – L’actualité d’El Madroño, petite commune située au Nord de Séville, pourrait faire penser à l’histoire de Macondo, village sorti de l’imagination de Gabriel García Márquez et mis en scène dans « Cien años de soledad » (Cent ans de solitude) publié il y a juste un peu plus d’un demi-siècle. Fondé sur la fraternité, Macondo se corrompt lorsque sa population initiale entre en contact avec le reste du monde.

Pour El Madroño, c’est en restant à distance du monde, et en appliquant certaines règles élémentaires de prophylaxie, que ses habitants se sont protégés jusqu’ici de la pandémie de Covid-19 qui continue à faire de nombreuses victimes en Espagne, et dans le reste du monde. Distance, prophylaxie, mais aussi et surtout… fraternité, le fondement du Macondo de Gabriel García Márquez qu’El Madroño a su mobiliser, comme le montrait un récent reportage de la RTVE (RadioTeleVisión Española).

El Madroño, c’est d’abord l’arbousier, arbuste du pourtour méditerranéen aux fruits rouges habituellement transformés en confitures ou boissons alcoolisées. Plante dont l’écorce est réputée diurétique et sa racine anti-hypertensive, on lui attribue aussi des propriétés anti-inflammatoires. Coïncidence d’autant plus surprenante qu’après les premiers mois d’incertitude, le corps médical s’entendrait actuellement pour dire que la Covid-19 s’apparente fortement à un syndrome inflammatoire multisystémique (MIS-C).

El Madroño, c’est un village isolé comptant 330 habitants, dont beaucoup de personnes âgées qui se déplacent peu et restent beaucoup chez eux. La municipalité a opté pour une désinfection régulière et manuelle des lieux publics. Tout le monde respecte les règles prophylactiques : port des masques, utilisation du gel hydroalcoolique et distanciation physique. Distanciation physique, mais non sociale, car le seul bar du village est resté ouvert, tout en espaçant ses tables. Le confinement initial et l’actuel reconfinement ont pour effet d’éviter l’arrivée de porteurs du virus.

Il est toujours possible d’avancer que le particularisme d’une micro-expérience n’est pas généralisable à l’ensemble d’un pays. Soit, mais le symbole héraldique de Madrid étant « El Oso y el Madroño » (L’ours et l’Arbousier) que le sculpteur Antonio Navarro Santafé a immortalisé au cœur de la capitale. L’exemple d’El Madroño doit parler tant à tous les Espagnols qu’au reste de l’Europe. A l’heure où les complotistes de tous crins s’associent aux anti-masques et anti-vax pour, se faisant défenseurs de la liberté, emboîter volontairement ou non, le pas de l’extrême-droite, El Madroño du Sud de l’Espagne, tout comme le Macondo de Gabriel García Márquez, devraient faire office de vaccin contre la crétinerie galopante qui nous assaille avec encore plus de virulence que le virus de la Covid-19.

Si cette pandémie reste une aubaine pour le capitalisme et ceux qui en sont les zélés serviteurs, elle n’en demeure pas moins une réelle maladie contre la laquelle le respect de règles prophylactiques élémentaires ont démontré leur efficacité. Ce à quoi les responsables de la Communauté Autonome de Madrid se sont longtemps refusé , les quelques habitants d’un petit village l’ont mis efficacement en action…

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