Elections à Berlin : 5ème défaite du parti d’Angela Merkel depuis le début de l’année !

Angela Merkel se trouve actuellement sous pression à tous les niveaux... Foto: WDKrause / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Par Alain Howiller) – Et de cinq ! Depuis le début de l’année, la CDU qui a enregistré dimanche dernier aux élections régionales de Berlin son score électoral le plus bas jamais réalisé (près de 18% des voix), a du faire face à sa cinquième défaite des élections pour le renouvellement de parlements régionaux en 2016. La conséquence directe de ce nouvel échec sera que le parti ne participera plus à la direction de la Ville-Etat de Berlin. Et le parti « Les Pirates », auquel on avait, un temps, prédit un destin national, quitte l’assemblée berlinoise dans… l’indifférence !

Pour réunir une majorité, le SPD (un peu moins de 22% des voix) devra, de son côté pour gérer la Ville-Etat, trouver deux nouveaux partenaires : il s’agira sans doute de « Die Linke » (troisième force du secteur (15,6% des voix contre 11,7% en 2011) et les « Verts » (15,2% des voix contre 17,6% en 2011). Une fois de plus, le SPD (-6,7% de voix par rapport à 2011) comme la CDU (-5,7%) ou les « Verts » (-2,4%) ont perdu des voix, alors que la participation électorale a progressé de 6%.

La mauvaise gestion de Berlin ! – Die Linke (+3,9 %), le parti libéral FDP (+4,9%) mais surtout le parti d’extrême-droite AfD (+14,2 %, absent en 2011) ont profité d’une participation accrue et surtout -pour ce qui est de l’AfD essentiellement- du mécontentement face à la politique d’Angela Merkel vis à vis des « migrants » : 54% des Allemands n’étaient-ils pas mécontents de la politique menée par la chancelière. Cela étant, la défaite berlinoise ne lui incombe pas uniquement : les électeurs ont, aussi, voulu sanctionner la mauvaise gestion de la coalition sortante SPD/CDU. L’interminable chantier de l’aéroport fantôme n’a pas été très attractif à cet égard !

Les signaux envoyés lors des dernières consultations électorales (participation en hausse, progrès de l’AfD, érosion des grands partis notamment de la CDU et du SPD) les chiffres dégagés par les sondages qui soulignent la difficulté en cas d’élections générales de constituer une majorité de gouvernement, conduiront-ils à une révision des stratégies récurrentes ?

Merkel sous pression ! – Angela Merkel, sous la pression de ses propres troupes et notamment de Horst Seehofer, président de la CSU bavaroise qui veut qu’on fixe un quota annuel de « 200.000 migrants maximum », changera-t-elle de cap ? Lors du congrès de son parti en décembre à Essen ? Remontera-t-elle la pente sur laquelle elle glisse ces derniers mois ? En commentant les résultats berlinois, la chancelière a affirmé qu’elle ne changerait pas de cap dans sa politique, car estime-t-elle -au moins publiquement- les échecs qui lui sont imputables reposent essentiellement sur le fait qu’elle a mal expliqué ce qu’elle voulait faire !

Singulier aveu qui omet de rappeler qu’elle est à l’origine de l’accord avec la Turquie, du renforcement des frontières de l’espace Schengen, du blocage de la route des Balkans et, finalement, de l’augmentation des expulsions ! Autant de « correctifs » non assumés du « wir schaffen das » ! Ne manque que le congrès d’Essen : pour une touche finale !

L’essoufflement du parti socialiste ! – Malgré l’essoufflement du parti social-démocrate, la gauche (SPD-Die Linke-Les Verts) saura-t-elle suffisamment séduire d’électeurs pour proposer une alternance après les élections du mois de septembre 2017 ? Saura-t-il dépasser les réticences de « Die Linke » et trouver les arguments pour éviter que les « Verts » ne soient tentés par une… autre alliance ?

Avant l’échéance de septembre 2017, il y aura encore d’autres rendez-vous avec l’opinion : l’élection d’un nouveau Président de la République (en février) et surtout trois élections régionales (en mars et en mai). Des occasions intéressantes pour juger des évolutions possibles !