Elections européennes : ne pas se tromper de cible !

«Battez-vous pour l'Europe, c'est le moment : envoyez au Parlement ceux qui seront capables d'apporter des solutions !»

Avant de se lamenter sur le taux d'abstention, mieux vaut aller voter. Foto: © Kai Littmann

(Par Alain Howiller) – La campagne électorale bat, enfin, son plein et la mobilisation est totale dans tous les camps pour essayer d’intéresser les citoyens aux élections européennes désormais proches. Reprenant une phrase développée le 8 Mai, le jour de la commémoration de la victoire sur le nazisme, François Hollande a déclaré à Stralsund «Battez-vous pour l’Europe dont nous avons besoin plus que jamais». Propos auquel Angela Merkel a adhéré avec un vigoureux : «En fin de compte, nous nous retrouverons pour trouver des solutions à nos problèmes, ne voulons-nous pas construire une Europe commune ?» Malgré la pluie qui tombait alors, à verse, ces échanges annonçaient-ils l’éclat d’un futur soleil européen ? Peut-être.

Mais si cette évolution positive tant attendue reste à confirmer, on peut aussi voir dans ces retrouvailles franco-allemandes, sur les bords de la Baltique, le signe d’un nouveau départ. Ne dit-on pas «mariage pluvieux, mariage heureux ?» D’autant que, comme le relevait François Hollande, se souvenant que son premier vol vers Berlin, après son arrivée à l’Elysée, avait failli tourner court à cause d’un violent orage : «J’ai l’habitude de la pluie !…»

Contre les fausses hypothèses : battez-vous ! Comment les élections au Parlement Européen de Strasbourg, se sortiront-elles du scrutin des 22/25 Mai, malgré l’orage qui semble secouer les opinions des pays participant ? Avec cette forme de masochisme dont les médias sont coutumiers, on nous annonce un record d’abstention pour ces élections, l’émergence d’un «bloc» anti-européen et eurosceptique (voir eurojournalist.eu du 7 Mai) qui menacerait de bloquer le Parlement Européen, la montée des populismes que la manière dont on en parle constamment risque fort de soutenir ! Et si la manière dont brusquement la campagne électorale s’intensifie, si les risques autour de la question ukrainienne, l’amélioration -plus ou moins sensible- de la conjoncture, la peur d’un vide hypothétique du lendemain des élections européennes provoquaient une prise de conscience salutaire ?

«Battez-vous pour l’Europe, c’est le moment : envoyez au Parlement ceux qui seront capables d’apporter des solutions. La crise actuelle, aux marges de l’Est, redonne de l’actualité à ce propos d’un ancien Président de la République française devant le Bundestag : «Le nationalisme, c’est la Guerre, l’Europe, c’est la Paix !»

Un «détournement d’objet électoral !» D’après les sondages, l’émergence d’un «bloc» anti-Union Européenne et eurosceptique qui pourrait, toutes tendances confondues, réunir un peu plus d’une centaine de députés sur 751 élus, ne saurait bloquer le parlement même dans l’hypothèse d’une coalition. Et les observateurs de s’interroger sur l’utilité de ce vote, face aux élus du «Parti Populaire» (qui, d’après les sondages, aurait malgré des pertes, 216 élus) du groupe social-démocrate (205 élus attendus), du groupe des Libéraux, du parti des Verts ou_ de celui de la «gauche radicale».

L’abstentionv sera certes importante, comme cela a été le cas dans la plupart des consultations électorales ces derniers mois, mais sera-t-elle aussi importante que redoutée ? En donnant à ces élections européennes un enjeu national, la participation sera-t-elle boostée ? En faisant de ces élections un vote-sanction contre la majorité en place en France et un vote d’encouragement à la CDU/CSU au risque de peser sur la Grande Coalition en Allemagne, les partis politiques ont participé à un véritable «détournement d’objet électoral». L’ancien Premier Ministre UMP François Fillon veut donner une «raclée» au duo Hollande/Valls !

Menaces sur la «GroKo» ? Les chrétiens-démocrates allemands veulent confirmer le leader-ship d’Angela Merkel, véritable animatrice de la campagne électorale, face au SPD, au risque d’affaiblir la Grande Coalition. On attaque Outre-Rhin, Martin Schulz, candidat pour le poste de Président de la Commission de Bruxelles, mais en réalité, c’est le SPD, partenaire de la «GroKo» qu’on vise. Sigmar Gabriel, le Vice-Chancelier SPD, ne s’y est pas trompé : il a mis en garde ses partenaires contre les conséquences de leur attitude.

A quelques jours des élections européennes, il est important de ne pas oublier le véritable enjeu de cette consultation et de ne pas se tromper de cible. Il s’agit ce notre avenir, de celui de l’Europe que nous voulons.

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