Elections : Le «Grand Chelem» de Roland Ries

En l’espace de six mois, le maire de Strasbourg a réussi un pari difficile - il a placé l’ensemble de ses fidèles aux postes qu’il avait prévu pour eux. Une performance.

Roland Ries aura réussi tout ce qu'il avait projeté en début 2013. Une performance. Foto: © Claude Truong-Ngoc

(KL) – A la mi-mars de cette année, les choses se présentaient de manière compliquée pour le maire de Strasbourg Roland Ries. Les sondages le voyaient au coude à coude avec Fabienne Keller lors des élections municipales, le maire avait à se défendre d’une concurrence interne et le tout sur fond d’un désamour naissant entre les Français et le PS. C’est dans ce contexte que Roland Ries avait annoncé ses plans – il voulait un nouveau président à la CUS, un nouveau premier maire adjoint, un nouveau sénateur et garder la mairie de Strasbourg. Avec l’élection de Jacques Bigot au Sénat, Roland Ries a gagné le Grand Chelem.

Le plus difficile, c’était de surmonter le handicap que constitue actuellement le gouvernement français. Dans une ambiance qui devient carrément hostile au PS, il avait à gagner les élections municipales (ce qu’il a fait), il fallait convaincre les Conseil Communautaire de la CUS d’accepter son rival de toujours Robert Herrmann comme nouveau président (ce qu’il a réussi, aussi grâce à une sorte d’accord entre Herrmann et les conservateurs autour d’Yves Bur, il fallait que le choix de son nouveau premier adjoint Alain Fontanel soit accepté par son parti et par le Conseil Municipal et finalement, il fallait que Jacques Bigot soit élu sénateur à sa place – ce qui a été fait dimanche. Résultat : le Grand Chelem – six mois après les élections municipales, Ries a réussi à placer tout le monde là où il voulait.

Ce que le maire désigne lui-même comme le «Ries Style», est en réalité le résultat d’une longue expérience politique. Ries a su bouger quand il le fallait, il a su fédérer son parti après que la candidature de Robert Herrmann avait failli partager le PS strasbourgeois en deux camps, il a réussi à calmer la situation en faisant passer Herrmann président de la CUS, il a réussi à placer son homme de confiance Alain Fontanel en Premier Adjoint, ce qui lui assure aussi une ligne de communication plus directe avec le siège du PS dans la Rue Solferino à Paris et last, but not least, il a trouvé un poste magnifique à Jacques Bigot au Sénat. Et tout le monde est content.

On peut être d’accord ou ne pas être d’accord avec ce que certains considèrent comme un «marchandage de postes», force est de constater que le fin tacticien Roland Ries aura finalement obtenu tout ce qu’il voulait. Désormais, il s’agit, par contre, de faire valoir ses objectifs également à Paris et ce, dans trois dossiers majeurs.

Premier dossier : la fusion des régions. Depuis début 2013, Roland Ries se trouve un peu coincé entre l’Alsace et Paris. En ce qui concerne la fusion des régions, il lui faut trouver un compromis entre le souhait marqué des Alsaciens de garder leur région dans sa forme actuelle et l’option proposée par le gouvernement, à savoir Alsace-Lorraine-Champagne-Ardennes. La solution de la «Realpolitik», donc l’option Alsace-Lorraine, le compromis que finalement tous risquent d’accepter, doit être défendue à Paris.

Deuxième dossier : celui de «l’Eurométropole». Depuis deux ans, cette «Eurométropole» sert comme «carotte électorale», une promesse de promotion pour le statut de Strasbourg et de l’Alsace, mais pour l’instant, on ignore ce que sera une «Eurométropole». Il est urgent de clarifier ce statut promis à Strasbourg, de définir les compétences de cette nouvelle structure et l’intégrer dans le troisième dossier, celui de la défense du siège du Parlement Européen à Strasbourg.

Troisième dossier : La défense du siège du Parlement Européen à Strasbourg. Pourquoi est-ce que cette question constitue un dossier ?, pourrait-on se demander. Mais il ne faut pas se tromper – ce n’est pas parce que le Parlement Européen a fait une longue pause après les élections européennes que le siège à Strasbourg ne serait pas menacé, au contraire. Les «single seat», surtout d’origine britannique, repartiront rapidement à l’attaque – et Ries doit fédérer autant l’état français que les collectivités alsaciennes et allemandes dans cette lutte qui déterminera une grande partie de l’avenir européen de Strasbourg.

En vue du «Grand Chelem» électoral que Ries a réussi ces derniers mois, tous les espoirs sont permis. Les différents conseils municipaux et communautaires se trouvent maintenant derrière Ries et il a toutes les chances de réussir aussi ses trois missions principales. Ce qui serait vital pour la ville de Strasbourg.

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste