Elle est belle, la solidarité européenne

Le bateau de secours « Sea Watch 3 », affrêté par l’ONG du même nom, se voit refuser l’entrée dans les ports de l’Italie et de Malte. 629 réfugiés se trouvent sur ce bateau dont personne ne veut.

Ceux qui sauvent des vies, sont poursuivis. L'UE préfère financer des marchands d'esclaves. Foto: L Hoffmann / https://sea-watch.org

(KL) – C’est le monde à l’envers. Pendant que l’Union Européenne finance la « Libyan Coast Guard » (LYCG), une bande de criminels qui font la chasse aux embarcations de réfugiés ayant quitté les eaux libyennes pour les ramener en Libye où ils sont internés, volés, violés et souvent vendus sur les marchés d’esclaves, les équipes de secours comme celle de la « Sea Watch 3 » sont traités comme des brigands. Le ministre de l’Intérieur italien, l’ultra-nationaliste Matteo Salvini, refuse que le « Sea Watch 3 » amarre en Italie, en commentant cyniquement : « L’Italie dit non. Le pays a cessé de baisser la tête et d’obéir ». Même son de cloche en Malte, qui refuse également d’accueillir les 629 personnes qui se trouvent coincées sur le bateau.

« Sea Watch », c’est une ONG allemande ayant contribué depuis sa création en 2014, au sauvetage d’environ 35 000 personnes qui autrement, auraient pu se noyer en Méditerranée. Le but de cette ONG est de « remplir notre devoir humanitaire » et ce, sans demander le moindre sou à la main publique, le financement étant assuré exclusivement par des donations. Et effectivement, « Sea Watch », contrairement à l’Italie, ne baisse pas la tête et continue à obéir aux lois de l’humanité en sauvant des vies.

Il s’agit du deuxième bateau de secours qui se voit interdit d’accès dans les ports italiens. Ainsi, autant « l’Aquarius » que la « Sea Watch 3 » devront errer en Méditerranée pour trouver un endroit où ils peuvent laisser les réfugiés mettre pied à terre. Une lueur d’espoir : l’Espagne a proposé à « l’Aquarius » de venir amarrer dans un pot espagnol. Et on ne pose pas la question pourquoi ces bateaux ne trouvent pas un refuge dans un port français… Si actuellement, les réfugiés peuvent survivre sur le « Sea Watch 3 », la situation pourrait changer dramatiquement si, lors de son errance, le bateau devait tomber sur d’autres réfugiés en détresse en haute mer.

Les extrémistes au pouvoir en Italie montrent donc le visage le plus laid que l’Europe puisse présenter. Par manque de solidarité, on condamne des gens à la noyade en mer, pour que ces personnes ne viennent surtout pas manger à notre table. L’égoïsme nationaliste qui semble s’emparer de toute l’Europe, de l’Est à l’Ouest, transforme l’Europe en une forteresse meurtrière. Les Etats-membres de l’Union Européenne ne respectent même pas les quotas minimum que l’Union a voulu imposer en septembre 2016 – la politique d’accueil de l’Union Européenne constitue le dépôt de bilan de « l’Europe humaniste » qui, avec de tels comportements, ne mérite plus cette désignation.

Dans les faits, les équipages de ces bateaux de sauvetage sont traités comme des passeurs d’hommes, tandis que l’Union Européenne finance des marchands d’esclaves, des violeurs, des tortionnaires pour que ceux-ci tiennent les réfugiés à l’écart de l’Europe. Et cette Europe voudrait qu’on l’aime, qu’on s’engage pour elle, qu’on la maintienne en vie ? Pour qui et pourquoi ? Pour les banques et « marchés », pour les lobbys, pour des criminels en costume-cravate qui prononcent des arrêts de mort par Twitter comme l’autre fou furieux ?

Il n’y a pas de temps à perdre. Les drames se déroulent sous nos yeux et nous ne pouvons pas continuer à fermer les yeux en nous disant « qu’ils se noient en mer, au moins, ils ne viendront pas demander de l’aide sociale chez nous ». C’est le moment de mettre un maximum de pression sur les responsables politiques qui jonglent avec des chiffres de migrants comme s’il ne s’agissait pas d’êtres humains. Au lieu de trainer dans des manifestations comme ce ridicule sommet G7 qui aura coûté 400 millions d’euros, les responsables politiques feraient mieux d’investir de telles sommes dans un accueil humanitaire et solidaire.

L’Europe est en train de vendre son âme, en soutenant des criminels et en poursuivant des sauveteurs. Le néo-nationalisme fleurissant fait remonter à la surface des attitudes incroyables. Depuis la IIe Guerre Mondiale et jusqu’à ce jour, on se pose la question : comment était-il possible que les Allemands aient fermé les yeux devant la barbarie nazie ? La réponse est donnée aujourd’hui par l’Union Européenne : en laissant faire des criminels qui envoient des centaines, de milliers de personnes à la mort pendant que nous autres, nous baissons les yeux. Avant que l’Europe ne tombe entièrement entre les mains de ces néo-nationalistes meurtriers, il reste une seule échéance, celle de 2019. Nous avons besoin d’autres équipes dirigeantes pour l’Europe, d’équipes qui connaissent encore ce qu’autrefois, on appelait les « valeurs européennes ». Il est grand temps d’arrêter ce génocide que l’Europe commet en Méditerranée. Maintenant.

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