Emploi – l‘Allemagne n‘attire pas tant que ça

L‘Allemagne voudrait accueillir de la main d‘œuvre qualifiée du monde entier pour gérer les changements démographiques. Mais les personnes hautement qualifiées ne viennent pas.

L'Allemagne voulait attirer les talents du monde entier. Mais ces talents n'ont pas envie de venir. Ils vont ailleurs. Foto: Dieter Schütz / www.pixelio.de

(WB) – Contrairement à d‘autres pays, le taux de chômage reste correct en Allemagne et frôle même le plein emploi dans certains Länder comme le Bade-Wurtenberg ou la Bavière. Mais si les voisins d’outre-Rhin se plaisent à l‘idée que cette situation soit le résultat d‘une politique intelligente et disciplinée, il convient de constater qu‘une bonne partie de ce «succès» est due à un taux de natalité des plus faibles en Europe. Par conséquent, l‘Allemagne essaye d‘attirer de la main d‘œuvre qualifiée depuis d‘autres pays. Avec des résultats décevants.

Depuis le mois de juillet 2013, l‘Allemagne accueille des personnes qualifiées venant de pays hors UE, mais en plus d‘un an, seulement 170 personnes ont adhéré à ce programme. Pourtant, tout est mis en œuvre pour que ces personnes qualifiées aient envie de venir. Mais les obstacles semblent être trop nombreux.

Premier obstacle : le problème de la langue. Il est vrai que pour la plupart des gens venant d‘autres cultures, la langue allemande est difficile à apprendre. Deuxième obstacle : le manque de culture d‘accueil en Allemagne. La xénophobie caractérisée dans les Länder de l‘est de l‘Allemagne (et aussi à l‘ouest !), les difficultés d‘intégration dans un pays où une grande partie de la population nourrit une sorte de soupçon général vis-à-vis des étrangers – cela ne donne pas vraiment envie de venir. Troisième obstacle : les personnes réellement qualifiées optent plutôt pour des destinations comme les Etats-Unis où elles considèrent trouver des possibilités plus intéressantes. Quatrième obstacle : les qualifications obtenues dans d‘autres systèmes de formation que la «formation duale» sont difficiles à transposer en Allemagne.

170 personnes qualifiées en un an, c‘est un échec total. Le manque de main d‘œuvre qualifiée ne se mesure pas par centaines en Allemagne, mais par dizaine de milliers. Dans certains secteurs, comme les métiers des soins à la personne, dans la plomberie ou la mécatronique, il devient carrément impossible de trouver des collaborateurs en Allemagne. Donc, la pénurie est réelle et dans ce contexte, il est difficile de comprendre pourquoi l‘Allemagne dépense de millions d‘euros pour attirer des gens de pays lointains qui ont d‘énormes difficultés d‘intégration, tandis que la solution se trouve devant la porte.

Il serait beaucoup plus censé d‘investir l‘argent dépensé inutilement dans ces programmes dans le monde entier, dans la coopération transfrontalière. La France, qui affiche un chômage record, pourrait délester son marché de l‘emploi dans un vaste programme de formation et de qualification commun – sachant que dans les régions frontalières, la maitrise de la langue du voisin est plus importante que dans le reste du pays.

Pour la Fédération du patronat BDA (l‘équivalent du MEDEF), la situation est alarmante. «En ce qui concerne les qualification particulièrement recherchées, [les programmes] n‘ont pas apporté de soulagement», a expliqué un porte-parole de la fédération.

Pourquoi chercher des talents à l‘autre bout du monde, lorsque les talents recherchés se trouvent à un jet de pierre ? Malgré les efforts déjà fournis par les professionnels du marché de l‘emploi dans la région du Rhin Supérieur, il faudra faire beaucoup plus. Et ce, non pas à de milliers de kilomètres, mais en étroite coopération entre la France et l’Allemagne – car les problèmes auxquels la France et l‘Allemagne doivent faire face, pourraient se résoudre idéalement ensemble. En utilisant l‘argent gaspillé dans des programmes qui ne fonctionnent pas.

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