En 2017 sombrait le San Juan S-42

Un tragique naufrage, qui suscita l’intérêt du monde entier, durant une dizaine de jours.

Les sous-marins ARA Santa Cruz (S-41), ARA San Juan (S-42) et ARA Salta (S-31). Foto: Government of Argentina / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.5AR

(Jean-Marc Claus) – Alors que la semaine dernière, le monde presque entier était focalisé sur la saga du Titan, submersible prétendu innovant, censé explorer touristiquement avec cinq hommes à bord, l’épave du Titanic gisant à près de 4.000 mètres de fond dans l’Atlantique Nord, il est subitement revenu à l’esprit de certains que l’environnement naturel de l’Homo sapiens est la terre ferme. Si non pourquoi, il y a très longtemps, ses très lointains ancêtres, seraient-ils sortis de la mer ?

La fin tragique de cette expédition de dilettantes, fut-elle accompagnée par un scientifique de renommée internationale, ne doit pas occulter les accidents de plongée qui, au fil de l’histoire, ont endeuillé la fraternité des marins. Une fraternité plus forte que la guerre, comme par exemple en témoigna Stanislas Déry, officier qui, avec l’équipage de la corvette canadienne St Thomas, porta secours décembre 1944 à 54 naufragés du U-Boat 877, torpillé dans les eaux glacées de l’Atlantique Nord.

Autre drame se déroulant dans l’Océan Atlantique et cette fois-ci sans survivants, le San Juan S-42, en service dans la Marine Argentine depuis 1985 et basé à Mar del Plata, implosa le 15 novembre 2017 à 500 km des côtes patagoniennes, dans la zone de Puerto Madry où ses débris reposent à jamais par 907 mètres de fond. Les quarante-quatre membres de l’équipage perdirent ainsi la vie en l’espace de quelques millisecondes.

Des bâtiments d’une dizaine de pays, avaient alors mobilisé de gros moyens pour localiser le sous-marin. Mandatée par la Marine Argentine, c’est la société étasunienne « Ocean Infinity » qui avait découvert l’épave, contre une prime de 7,5 millions de dollars en cas de succès. Le « Seabed Constructor », engagé précédemment en 2014 dans les recherches des débris du vol MH370 Kuala Lumpur – Pékin, était alors équipé des moyens les plus sophistiqués.

Il est ressorti de l’enquête que tout serait parti d’une avarie de batteries, signalée par le commandant de bord du San Juan S-42, peu de temps avant la rupture définitive des communications avec la base de Mar del Plata. Selon les experts, une voie d’eau survenue sur une valve défectueuse du schnochel, aurait ensuite déclenché une explosion des batteries, provoquant par réaction en chaîne, une implosion du bâtiment.

Quatorze pays prêtèrent main-forte à l’Argentine, pour effectuer des recherches durant quinze jours. L’amiral Marcelo Srur, commandant la Marine Argentine, fut limogé, puis en 2021, condamné par une cour martiale à 45 jours de détention. Jugés également, deux capitaines d’active ainsi qu’un ancien chef de base navale, furent sanctionnés de peines de prison allant de 15 à 30 jours. La même année, des poursuites judiciaires furent engagés par les familles des victimes contre des anciens responsables des services de renseignements argentins, car leur quête de vérité avait conduit à leurs mises sur écoutes. L’ex-président Mauricio Macri, en fonction de 2015 à 2019 et également mis en cause pour écoutes illégales, n’en a pas fini avec la justice.

Quelle tournure prendra l’affaire du naufrage du Titan, dont les victimes avaient préalablement signé des décharges à l’entreprise « Ocean Gate » ? Selon certains experts, le sous-équipement du bâtiment en termes de dispositifs de sécurité, pourrait faire annuler ces documents. D’autant plus que la société s’était à plusieurs reprises montrée sourde à divers avertissements, et que la nature expérimentale du submersible utilisé à des fins commerciales, n’offrait pas toutes les garanties nécessaires.

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