En Allemagne, ce n’est pas mieux…

La situation politique en Allemagne n'est pas meilleure que celle en France – le pays devient de plus en plus ingouvernable. Est-ce que le gouvernement tiendra encore un an ?

Est-ce que le Président fédéral Frank-Walter Steinmeier finira par dissoudre le Bundestag ? Foto: Bodow / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – En Septembre, trois élections régionales avaient lieu en Allemagne et les résultats ressemblent beaucoup à ceux des élections anticipées en France en Juin/Juillet. Entre des extrêmes renforcés à droite et à gauche, les partis traditionnels se rétrécissent de plus en plus. Si les partis discutent depuis des semaines en vue de la formation de nouveaux gouvernements en Saxe, en Thuringe et dans le Brandebourg, ils n’arrivent pas à trouver des dénominateurs communs. Dans ce chaos, les conservateurs de la CDU demandent au Président fédéral Frank-Walter Steinmeier de dissoudre le Bundestag et d’appeler à des élections anticipées.

La situation dans les trois Länder ayant voté au mois de septembre se ressemble. Partout, l’extrême-droite AfD a le vent en poupe, dans deux des trois Länder, l’AfD est le parti le plus fort. Mais aucun autre parti ne souhaite coopérer avec l’extrême-droite et forcément, les regards se tournent vers l’extrême-gauche, vers le nouveau parti BSW (Bündnis Sahra Wagenknecht) qui pourrait théoriquement jouer le rôle du « faiseur de roi ». Mais là, il y a un problème – la cheffe du BSW a émis une condition à toute négociation de coalition : les potentiels partenaires doivent prendre position contre la guerre en Ukraine et contre le soutien militaire accordé par l’Allemagne à l’Ukraine. Pour les partenaires potentiels qui seraient la CDU et le SPD, cette condition est inacceptable. Si en Thuringe, les partis ont trouvé un compromis permettant de se lancer dans des négociations de coalition, cela ne veut pas encore dire qu’ils y arriveront. Le clivage entre CDU, SPD et BSW est énorme. Du coup, on discute de possibles gouvernements minoritaires qui seraient fragiles et peu réalistes dans la durée. Alors, il se pose la même question qu’en France : que faire ?

La demande de la CDU adressée au Président fédéral Frank-Walter Steinmeier de dissoudre le Bundestag et de conduire le pays vers des élections anticipées, n’est pas dépourvue de sens. Les trois partis au pouvoir à Berlin, le SPD, les Verts et le FDP, se situent actuellement ensemble dans les sondages à 30%, le même score que réalise la CDU toute seule. Mais cela ne résout pas encore la question de la suite dans les trois Länder en question qui restent, du moins pour l’instant, aussi ingouvernables que la France.

Il est vrai que les débats se déroulent de manière moins pathétiques qu’en France, mais cela ne change rien au fond de la situation. Autant l’Allemagne que la France sont fractionnées entre trois groupes qui se profilent de plus en plus. L’extrême-droite est partout le parti le plus fort, l’extrême-gauche a gagné une place solide sur l’échiquier politique et au centre, les partis traditionnels vivent une descente aux enfers dramatique. Comparée à d’autres pays européens, cette évolution n’a plus rien d’exceptionnel – les extrémistes de tout bord ont le vent en poupe et les partis qui se sont partagé le pouvoir pendant des décennies, sont en train d’exploser.

Les sondages donnent des réponses à cette évolution – moins de 10% de la population estiment aujourd’hui que les partis politiques soient en mesure de gérer les multiples crises auxquelles les pays et monde doivent faire face. La confiance en un monde politique incapable de proposer des solutions s’est perdue et on ne gagne plus des élections avec l’éternel « on a mené une super politique, mais peut-être nous n’avons pas assez bien communiqué ».

Si certains partis allemands, comme les Verts, ont compris les messages des électeurs, en changeant leur personnel dirigeant, d’autres s’agrippent à leurs postes et le vide de leurs déclarations politiques. Mais cela ne change rien aux dysfonctionnements de systèmes politiques vétustes et pour la plupart, mis en œuvre avant même la Révolution Technologique. Pourtant, le monde change à une vitesse grand « V » et cela nécessite aussi que les systèmes politiques et les partis s’adaptent aux réalités d’un monde nouveau. Les seuls ayant compris cela, sont les extrémistes de droite et de gauche qui utilisent les nouvelles plate-formes numériques mieux que les partis traditionnels et qui arrivent à mobiliser un électorat qui jusqu’alors, n’allait même pas voter.

Si la crise politique allemande se déroule plus calmement que celle en France, au fond, les deux pays doivent faire face au même problème : ils sont devenus ingouvernables.

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