En amour, ce n’est pas la taille qui compte !

Eh oui, « Un homme à la hauteur » de Laurent Tirard en apporte la preuve – « size does NOT matter »…

"Un homme à la hauteur" - une très belle comédie romantique à ne pas manquer sous aucun prétexte. Foto: Gaumont Distribution

(Par Nicolas Colle) – Habitué des films français grand public mais exigeants comme « Le Petit Nicolas » ou encore « Les dernières aventures d’Astérix et Obélix », le réalisateur Laurent Tirard nous revient cette année avec une histoire d’amour haute en couleur et pleine de fraicheur. Nous avons eu le plaisir de partager un moment la compagnie de ce cinéaste ambitieux ainsi que celle de Virginie Efira, plus rayonnante que jamais. Pas de pitch. A vous de deviner. Un indice : l’affiche en dit beaucoup.

Tout d’abord, il y a quelque chose que je tiens à vous dire et que je constate à travers votre filmographie, c’est que même si vous mettez en scène des films à gros budget, avec beaucoup d’effets spéciaux, c’est toujours les aspects humains et émotionnels qui priment, notamment dans « Un homme à la hauteur » ?

Laurent Tirard : C’est drôle que vous me disiez ça car j’ai lu récemment un article qui disait que j’étais très friand des effets spéciaux alors qu’en réalité je déteste avoir recours à cette pratique, mais pour raconter une histoire comme « Astérix » ou « Un homme à la hauteur », je suis obligé de passer par là. Pour moi, faire un film, c’est avant tout se concentrer sur le jeu, les acteurs, la comédie et l’émotion. C’est d’ailleurs comme ça que j’avais abordé le dernier volet d’Astérix. Je trouvais que dans les adaptations précédentes, on avait perdu le tandem Astérix et Obélix et j’ai voulu le remettre au centre de l’intrigue en abordant leur relation comme une vraie histoire d’amitié voire comme une comédie romantique, emprunte de sincérité et d’émotion.

J’ai cru comprendre que « Un homme à la hauteur » était un remake de « Corazon de Leon », un film argentin de Marcos Carnevale. Qu’est ce qui a résonné en vous quand vous avez découvert ce film et vous a donné envie de l’adapter ?

LT : J’avais été bluffé par l’audace de l’idée et par le concept de comédie mais j’y avais surtout vu un fort potentiel émotionnel autour d’une très belle histoire d’amour, avec des sentiments adultes. J’ai eu envie de l’aborder comme un conte et de la traiter avec la distance que ça implique. C’est justement cette distance qui me permet d’aborder des thèmes qui me sont parfois très personnels. Je me rappelle d’une phrase de Voltaire qui disait : « Il faut parler de choses sérieuses avec légèreté et de choses légères avec sérieux ». C’est une notion qui me correspond parfaitement car j’ai le sentiment que si je parlais de choses graves au premier degré, je ne pourrai pas être crédible car je suis trop pudique pour ça. J’ai besoin de déguiser les choses et d’utiliser l’humour.

On reconnaît votre sensibilité, à la fois subtile, sincère et émouvante. Difficile de s’approprier cette histoire et la faire vôtre ?

LT : Quand on a vu le film original, avec Grégoire Vigneron mon co-scénariste, on a constaté qu’il était ancré dans une culture sud-américaine à la fois très kitsch et mélodramatique. On l’a donc européanisé, en gardant la structure initiale mais en ajustant aussi certaines choses. Par exemple à l’origine, pour l’anniversaire de son fils, le personnage d’Alexandre (Jean Dujardin) lui offrait une voiture… C’était vraiment très léger or je voulais raconter quelque chose sur leur relation et sur l’idée de la transmission d’où cette scène de l’aéroport où Alexandre explique à son fils qu’il est temps pour lui de devenir un homme et que c’est le cadeau qu’il va lui offrir. On a aussi accentué l’aspect burlesque comme la réaction de la mère du personnage de Diane (Virginie Efira) quand elle apprend qu’elle est en couple avec Alexandre. Dans le film argentin, elles étaient toutes les deux à bord d’une voiture puis elles s’arrêtaient sur le bord de la route pour s’engueuler. Or, comme vous l’avez vu, je suis parti dans un tout autre délire (Rires).

Virginie, je me permets de me tourner vers vous pour vous demander si cette notion de légèreté qui permet de traiter de choses graves, était également importante à vos yeux car, l’année dernière, vous étiez déjà à l’affiche de « Caprice » d’Emmanuel Mouret, un film totalement dans cette veine là ?

Virginie Efira : Je pense que la légèreté au cinéma devient le sommet de l’élégance quand elle permet justement de traiter de choses profondes et complexes en les regardant avec la distance nécessaire. En arrivant sur le projet, j’ai été très vite rassurée car je connaissais le travail de Laurent et la sensibilité de Jean. J’ai très vite compris qu’on allait tous œuvrer dans le même but. On n’a jamais cherché à faire rire seulement à travers le gag ou l’effet comique. Au contraire, on souhaitait donner du relief à ces personnages, pour qu’ils soient constitués de chair et de sang, avec leurs contradictions. C’est de là que vient l’émotion du film car les personnages sont authentiques et c’est, à mon sens, une vraie fierté de ne pas s’être perdu dans la surabondance d’effets visuels pour toujours laisser l’humain exister à travers le jeu et l’émotion.

Je n’ai pas l’impression d’utiliser de gros mots si je dis qu’il s’agit d’une comédie romantique. C’est un genre qui a accouché de plusieurs grands films très célèbres comme « Pretty Woman » ou « Quatre Mariages et un enterrement » mais qui possède également certains codes très connus du public qui n’est donc plus vraiment surpris. Comment est-ce qu’on procède pour rendre une comédie romantique étonnante, ce que vous parvenez à faire ici d’ailleurs, tout en en sachant que le public a déjà intégré tous les clichés liés à ce genre cinématographique ?

LT : Personnellement je considère davantage « Un homme à la hauteur » comme une histoire d’amour que comme une comédie romantique, où il est souvent question de trentenaires qui se cherchent et qui se tournent autour… Alors que là, il s’agit de deux adultes qui se rencontrent et qui se plaisent tout de suite. Mais vous avez raison, on savait qu’en abordant un film comme celui-ci, on allait être amené à utiliser les codes de la comédie romantique. A l’écriture, on s’est souvent demandé quels étaient les clichés attendus par le public pour ce genre de film et comment on allait pouvoir rebondir dessus. Les spectateurs savent ce qu’ils veulent, mais ils veulent aussi être surpris. Si on ne leur donne pas ce qu’ils attendent, ils seront frustrés, si on leur donne exactement comme ils l’attendent, ils seront frustrés aussi. Donc tout le jeu consiste à trouver comment donner au public ce qu’il sait qu’il va voir mais d’une manière inattendue.

Vous avez situé cette histoire à Marseille. Pourquoi ce choix géographique très cinégénique ?

LT : Parce que je ne voulais pas d’un film parisien. Au contraire, pour rester dans l’aspect du conte, je voulais une ville qui ne soit pas trop identifiable mais qui ait beaucoup de lumière afin de faire un film lumineux, presque californien, qui puisse évoquer le cinéma hollywoodien des années 50 – 60 avec des références comme « L’affaire Thomas Crown » ou « Elle et Lui ».

Et enfin, pour conclure, on ne peut pas ne pas parler de Jean Dujardin, qui n’a malheureusement pas pu être avec nous aujourd’hui mais qui est absolument étonnant dans la peau de ce personnage, à la fois viril et fragile de par son physique. Comment avez vous pensé à lui et comment avez vous procédé pour le rendre aussi crédible en personne de petite taille ?

LT : Je lui ai proposé très naturellement car il permettait d’accentuer l’aspect ouvertement artificiel de l’histoire et d’installer immédiatement la distance suffisante. C’était, pour moi, une façon de dire aux spectateurs : « Regardez, seule la magie du cinéma peut permettre cela ! ». Quant à la manière dont on a procédé, je tenais à utiliser des techniques qui soient les moins intrusives possibles pour préserver le jeu des acteurs, la comédie et l’émotion. D’autant plus que, comme Michel Gondry, je suis très nostalgique des effets spéciaux artisanaux. J’essaie de les réaliser le plus souvent possible, à « l’ancienne ». C’est seulement quand je ne trouve pas d’autres solutions que j’ai recours au numérique. Donc parfois, Jean se mettait simplement à genoux pendant que Virginie était debout, il y avait également une doublure sur le plateau et quelques fonds verts. Dans la scène où ils marchent tous les deux près de la mer, Virginie se trouve sur un chemin de cubes de 40 cm de hauteur qu’on a effacé numériquement en postproduction.

VE : Et parfois, il arrivait que l’on ne se regarde pas les yeux. Moi, je jouais avec son bouton de chemise et lui avec un nuage au dessus de ma tête. Et après la caméra se rapprochait et on arrivait à faire croire qu’on se regardait vraiment. Mais le plus amusant, c’est que certains passants dans les rues de Marseille nous regardaient avec l’impression qu’on était en train de réaliser des performances d’Art Contemporain (Rires).

A vous maintenant lecteurs de vous laisser surprendre par ce film, comme les passants de Marseille l’ont été. Vous ne le regretterez pas.

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Nico Gaumont Distribution Affiche

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