En attendant la crise…

Si les chiffres de l'emploi en Pays de Bade font encore rêver, on sent clairement que la crise commence à frapper à la porte. Le réveil risque d'être dur...

Même l'excellent travail fourni par les professionnels du marché de l'emploi, ne pourra pas stopper la crise qui se prépare en Allemagne. Foto: Agentur für Arbeit Regensburg / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Comment peut-on froncer les sourcils en apprenant que le taux de chômage dans l’Ortenau voisine se situe à 2,8% ?!? Ces 2,8% correspondent techniquement au « plein emploi » et donc, on pourrait croire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais c’est un impression trompeuse.

Horst Sahrbacher, le patron de l’Agence pour l’Emploi d’Offenburg, explique : « Dans l’Ortenau, avec un taux de chômage de 2,8%, nous avons une situation stable sur le marché de l’emploi. Malgré le refroidissement dans le secteur automobile, le marché de l’emploi pourra toujours absorber des collaborateurs qualifiés. Toutefois, dans le secteur de l’automobile, on songe de plus en plus au chômage technique. Si la demande de collaborateurs a légèrement baissé au mois d’octobre, elle est toujours importante. Même si chez les constructeurs et fournisseurs de l’automobile, on n’embauche que peu, de nombreuses branches cherchent toujours des collaborateurs qualifiés. »

Là, il convient de lire entre les lignes. En Allemagne, lorsque le secteur de l’automobile tousse, toute une industrie de fournisseurs et de prestataires de services tombe malade. Et lorsque le secteur automobile songe au chômage technique, cela veut dire que les carnets de commande sont vides et que le combat pour la survie a commencé pour ce secteur.

2,8% de taux de chômage et on parle de crise ! Avant de nous prendre pour des fous, souvenez-vous que les deux problèmes principaux de l’économie allemande sont des problèmes que l’Allemagne ne pourra pas vraiment influencer, qu’elle sera donc obligée de subir. Il y a d’abord le changement démographique, donc, une société vieillissante où un nombre décroissant d’actifs doit assumer des frais sociaux qui augmentent avec un nombre de retraités en hausse. Déjà, la politique allemande réfléchit à voix haute à un âge de départ à la retraite à 69 ans et 4 mois, après avoir déjà voté le passage à 67 ans au début des années 2030. Le « paradis du plein emploi » est moins paradisiaque qu’on ne le pense…

Le deuxième problème de l’économie allemande est l’instabilité politique. Que ce soient les taxes punitives dans les « guerres commerciales », que ce soit le manque de leadership et d’orientation dans la politique européenne et nationale – tout cela crée un climat d’insécurité qui freine à la fois les investissements et la consommation : la conjoncture ne peut que marquer un arrêt dans une telle situation.

La transformation de l’économie allemande a commencé beaucoup trop tard – pendant longtemps, cette économie allemande s’est reposée dans cette agréable sensation d’être le « meilleur de la classe ». Mais là, ce statut est plus que menacé – dans quelques années, ce sera l’Allemagne qui posera un casse-tête aux partenaires européens. On verra bien si l’Allemagne sera en mesure de réagir face à ces problèmes qui arrivent inévitablement. Mais quand on regarde le chaos qui règne à Berlin, il y a fort à craindre que tout le monde verra les problèmes arriver sans y être correctement préparé.

Et c’est ainsi qu’on regarde ce taux de chômage de 2,8% avec une certaine précaution. Il ne s’agit effectivement que d’une prise de vue instantanée qui pourra changer plus vite que l’Allemagne ne le pense.

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