En Autriche, fin des polémiques ?

La maison natale d’Adolf Hitler va être détruite.

La maison natale d'Adolf Hitler sera (enfin !) rasée. Foto: Friedrich Weiler, Picture Library of the Prussian Cultural Heritage Foundation / Wikimedia Commons / PD

(Par Alain Howiller) – Aussi paradoxal que cela puisse paraître : c’est sans doute la prise de position du candidat du FPÖ (Freiheitliche Partei Österreichs / Parti autrichien de la Liberté, classé à l’extrême-droite) à l’élection présidentielle autrichienne qui aura été décisif dans la décision de raser… la maison natale d’Adolf Hitler à Braunau am Inn, en Haute Autriche, sur la frontière austro-allemande, face à la Bavière. Interrogé dans le cadre de la campagne électorale pour une élection présidentielle qui aura lieu le 4 Décembre et soucieux sans doute de se dédouaner des accusations de néo-nazisme, Norbert Hofer s’était déclaré favorable à la destruction de la maison.

Pour éviter que cette déclaration ne soit utilisée dans le cadre d’une élection où les sondages placent toujours au coude à coude 50/50, le candidat de l’extrême droite et Alexander Van der Bellen, le candidat écologiste, le gouvernement de coalition autrichien, suivant les recommandations d’une commission d’experts, vient de décider de démolir la maison. Le dictateur nazi y avait, en fait, peu vécu, d’autant que ses parents n’avaient habité Braunau que durant trois années. Avec la concrétisation de cette décision de démolition, sera mis un terme à des décennies d’hésitations et d’hypocrisie.

Une maison et un bloc de granit rappelant Mauthausen ! – On s’était efforcé à Braunau de rendre aussi anonyme que possible (!), une maison devenue un lieu de pèlerinage pour de dangereux nostalgiques, mais aussi pour de simples curieux malsains. On avait démoli la station-service installée devant la maison et dont la présence permettait de rendre facilement repérable le petit immeuble jaune de deux étages. L’anonymat s’étant avéré inefficace, on avait décidé, à titre de « rédemption » et de « réparation », de placer devant la propriété, vide depuis 2011, un bloc de granit.

Un bloc sur lequel on avait gravé une dédicace à la mémoire des victimes du camp de concentration de Mauthausen, géographiquement proche, et un appel à la liberté, à la démocratie contre le fascisme et ses millions de victimes. Il est vrai que, dans le même temps, le bloc de granit désignait la maison qui figurait, en outre, sur de nombreuses cartes postales… vendues en ville !

Maison d’habitation, école, bibliothèque puis, en dernier lieu, centre pour handicapés, la maison a connu des « fortunes » diverses après avoir été fermée administrativement la propriétaire ayant refusé d’effectuer les travaux exigés pour mettre aux normes, le centre pour handicapés. La propriétaire sera finalement expropriée et la maison deviendra propriété de l’Etat, au début de l’été. Le dilemme rebondira alors : qu’en faire ?

Le « précédent » de l’Obersalzberg de Berchtesgaden ! – Pour beaucoup, il fallait en faire un musée et un centre de pédagogie informant sur les crimes du nazisme. Il s’agissait, en quelque sorte, de reproduire -en plus modeste- le schéma appliqué par le Land de Bavière sur l’Obersalzberg, au-dessus de Berchtesgaden, où Hitler avait installé son « nid d’Aigle » et sa « résidence d’été ».

Les tunnels et salles souterraines qui n’avaient pas pu être détruits sur l’Obersalzberg sont devenus salles de projection et d’exposition : on y a respecté les inscriptions et les croix de Lorraine que les soldats français de la « Deuxième Division Blindée », libérateurs des lieux, avaient gravé sur les murs !

L’Autriche élit son Président. – Les superstructures de l’ancienne résidence d’été du « Führer » ont été rasés et remplacées par un « centre de documentation », très efficace sur le nazisme, ses conséquences : pas de quoi attirer les nostalgiques !

Pour éviter le risque de ce type de visites, le gouvernement autrichien a choisi : ce sera la démolition. Sans doute pas d’ici au 4 Décembre, jour où auront lieu les nouvelles élections présidentielles autrichiennes : après « l’annulation pour irrégularités » du deuxième tour de l’élection qui avait eu lieu le 22 Mai. Le candidat « vert » était alors arrivé en tête de ce deuxième tour avec…. 50,3% des voix ! Les derniers sondages mettent en évidence que les jeux ne sont pas faits et que l’extrême-droite autrichienne garde ses chances de l’emporter dans quelques semaines !!

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